Soi-esprit.info

Site dédié à la Science de l'Esprit de Rudolf Steiner Anthroposophie

Questionnements, essais et contenus portant sur divers aspects liés à la science de l'esprit (science initiatique moderne) de Rudolf Steiner.
Beaucoup d'articles sur ce site requièrent un travail d'étude sérieux, portant sur des connaissances épistémologiques et ésotériques, pour être compréhensibles.

 

 « Le problème le plus important de toute la pensée humaine : Saisir l'être humain en tant qu'individualité libre, fondée en elle-même »
Vérité et Science, Rudolf Steiner

   

Citation
  • "Si l'on affirmait ne rien vouloir croire du monde spirituel avant de l'avoir vu soi-même, ne rien croire de ce que raconte la science de l'esprit, il faudrait répondre: et qu'en est-il de votre propre naissance ? Vous n'avez aucune expérience de votre propre naissance et pourtant il semble bien que vous y croyez !"
    Munich, 29 novembre 1915 - GA174a

    Rudolf Steiner
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L'étudiant en science de l'esprit d'orientation anthroposophique, ne manquera pas d'être souvent dérouté par ses lectures de tel ou tel passage de l'oeuvre de Rudolf Steiner, qui semblent a priori, présenter des incohérences, voire des contradictions.
C'est que les tableaux d'ensemble que permet de saisir la science de l'esprit sont particulièrement vastes et complexes. Leur compréhension est un processus progressif et lent. Il en est ainsi par exemple, de la question de l'origine et de la nature du penser chez l'être humain.


S'il semble comme une "évidence" que le penser chez l'être humaina a son siège dans le "je" à la lecture d'ouvrages anthroposophiques de base, pourquoi trouve-t-on aussi maints passages dans lesquels on pourra aussi lire que les pensées humaines sont constituées de mouvemens du corps éthérique ou encore que l'existence du corps physique est une condition préalable à la manifestation d'un penser autonome pour l'être humain ?
Où se tient dès lors le véritable siège du penser en l'être humain : dans son "je", son corps astral, son corps éthérique ou son corps physique ? Quels sont les rapports entre ces différents constituants et le penser ?


L'extrait de conférence ci-dessous donnée par Rudolf Steiner le 7 mars 1916 (voir la deuxième conférence du cycle "La liberté de penser et les mensonges de notre époque" - GA167 - Éditions Triades, 2000) permet de mieux cerner cette complexité d'ensemble :


"(...) Les gens sont, bien sûr, tout contents quand ils peuvent disposer, dans un quelconque domaine du savoir, d'une jolie classification. Ensuite, ils n'ont plus qu'à ranger ce qu'il s savent dans des boîtes spirituelles pour le conserver. Quel bonheur de savoir que l'homme est constitué d'un corps physique, d'un corps éthérique, d'un corps asral et d'un je. Quel savoir extraordinaire ! Et pourtant, il faut bien voir que ces quatre mots ne sont rien de plus que des mots. Et quand on failt le pas jusq'uà une véritable observation des choses, il faut toujours s'efforcer de dépasser les limites qui ne sont que trop facilement créées par ces expressions.

Bien sûr, quand on généralise on peut dire que le penser, le sentir, et le vouloir se déroulent dans le corps astral. Mais on approche alors que d’une façon tout à fait étroite et abstraite le phénomène du penser. Par la façon dont nous nous situons d’abord en tant qu’homme dans le monde physique, c’est évidemment le corps astral - et même le je - qui donne à notre penser son impulsion.

Mais le penser ne peut donner forme à des représentations et à des pensées que parce que nous disposons aussi de toute la mobilité de notre corps éthérique. Ici-bas, en tant qu’homme physique, nos pensées resteraient entièrement inconscientes si notre corps astral n’envoyait pas ses impulsions de penser dans le corps éthérique et si le corps éthérique, de son côté, n’accueillait pas dans sa mobilité ces impulsions du penser.

De plus, si nous n’avions pas de corps physique, chaque pensée disparaîtrait aussitôt sans laisser de trace. On ne peut pas dire que le corps physique soit le porteur de la mémoire ; car c’est le corps éthérique qui l’est. Mais tant que nous vivons dans un corps physique, ce qui subsiste dans notre corps éthérique lorsque nous pensons s’écoulerait en nous comme le font les rêves si cela ne pouvait pas se graver dans la matière de notre corps physique. De sorte que si nos pensées peuvent se manifester ici bas dans le monde physique, c’est précisément parce que nous avons un corps physique.

Vous voyez à quel point le penser est un processus complexe. Ses impulsions issues du corps astral, et en même temps en fait déjà du je, se poursuivent jusque dans le corps éthérique en tant que forces, y font alors naître les pensées, et ces pensées impriment ensuite leur trace dans le corps physique. Et du fait qu’elles sont imprimées, ces traces peuvent en permanence être tirées du souvenir pendant la vie physique.
"


Pour que l'être humain puisse faire l'expérience consciente du penser, cet extrait de conférence montre notamment qu'un ensemble de conditions doivent être simultanément réunies.


Remarquons que certains scientifiques contemporains aussi, n'interprètent pas l'activité du cerveau comme étant la cause du penser conscient, mais plutôt comme une condition nécessaire (et pas suffisante) à sa manifestation. Cette différenciation entre concept de cause et condition nécessaire est d'une importance incommensurable.


Ainsi, le psychophysiologiste Jean-François Lambert (qui n'a rien à avoir avec l'anthroposophie) écrit-t-il (http://ciret-transdisciplinarity.org/bulletin/b20c1.php) :

 

"Cause et condition : le cerveau conditionne la conscience

Newton a découvert que les corps s'attirent en raison directe de leur masse et en raison inverse du carré des distances. Ainsi, si l'avenir devait montrer que la gravitation n'était pas la cause du phénomène, les faits garderaient leur valeur inaltérée. Présenté de la sorte le modèle devient utilisable en physiologie où l'on retrouve des situations analogues. Claude Bernard adopte intégralement cette présentation du fait qui ne préjuge en rien de la cause qui le déclenche.

La notion de cause reste, en effet, une notion ambiguë. Il ne fait aucun doute que les décharges de certaines cellules hypothalamiques sont spécifiquement activées lorsqu’on éprouve de la rage, de l'excitation sexuelle ou de l’appétit. De plus, si ces cellules sont détruites ces états sont altérés. Il est non moins évident que la lecture de ce texte tout comme l’évocation d’un souvenir particulier suppose l’intégrité de certaines structures cérébrales (notamment l’aire de Wernicke pour la compréhension de ce texte et l’hippocampe pour l’évocation d’un souvenir). Mais ce n’est pas pour autant que ces décharges sont la cause des comportements en question, même si elles sont susceptibles d’en rendre compte (de servir de référent à ces comportements). La science appelle donc cause ce qui est en fait la condition du phénomène observé. Ainsi, la structure « fusible » conditionne la fonction « froid » du réfrigérateur sans que quiconque ait envie d’en déduire que le fusible soit la cause, l’origine ou le « siège » du froid. De même la roue d’une automobile conditionne sa vitesse sans en être aucunement « la cause » (l’origine du déplacement).

Dans l’ordre de la causalité, il existe un rapport direct et de même nature entre l’antécédent et le conséquent (l’abus d’alcool cause l’ivresse). Dans l’ordre du « conditionnement », au contraire, le résultat déborde la condition qui l’a rendu possible : l’art de Rostropovitch ne se ramène pas à la qualité de son violoncelle, tout en y étant assujetti. Comme l'affirme encore Claude Bernard « On ne ramènera jamais les manifestations de notre âme aux propriétés brutes des appareils nerveux pas plus qu’on ne comprendra de suaves mélodies par les seules propriétés du bois ou des cordes du violon nécessaires pour les exprimer ».

L’activité cérébrale (les niveaux de vigilance) conditionne les états de conscience bien que ceux-ci (les états) ne soient jamais réductibles à celle-là (l’activité cérébrale)."
 

S'il est nécessaire pour l'homme physique ordinaire de disposer d'un cerveau pour pouvoir faire l'expérience du penser conscient, l'existence et le fonctionnement du cerveau ne déterminent cependant pas le contenu concret du penser mais n'en constituent qu'une des condtions rendant possible sa manifestation sous cette forme. Le penser effectif déborde des conditions qui l'ont rendu possible, c'est-à-dire notamment le cerveau (en "bon état de fonctionnement"), mais aussi pourrions-nous ajouter l'état de l'organisme et de l'environnement physique de manière générale.

A ces conditions liées à l'environnement et au corps physique, s'ajoutent aussi des conditions liées aux constituants suprasensibles supérieurs de l'être humain, comme Rudolf Steiner le montre ci-dessus.

Enfin, rappelons que par le chemin de l'Initiation, l'être humain acquiert progressivement des facultés de connaissance supérieure, qui ne sont plus conditionnées en rien par l'existence du cerveau. Ceci constitue toutefois encore une autre question...  tout aussi fondamentale !

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