À de nombreuses reprises, Rudolf Steiner fustige le concept de « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », ou « droit à l’autodétermination des peuples », tel qu’il a été formulé notamment à la fin de la Première Guerre mondiale dans les « quatorze points » par Woodrow Wilson, président des États-Unis (1913-1921).
Pour Rudolf Steiner, il était clair que la mise en œuvre de ce concept, provoquerait d’innombrables catastrophes meurtrières dans le monde.
Rudolf Steiner proposa entre autres une toute autre façon d’articuler la vie de l’esprit (celle-ci concerne notamment les choix individuels libres relatifs à la langue, à la religion, aux conceptions philosophiques et scientifiques, etc.) avec la vie juridique-politique (celle de l’État). Cette conception s’appelle triarticulation sociale (voir par exemple ici : www.tri-articulation.info ).
Ce qui est nettement moins connu, y compris au sein de milieux dits anthroposophiques, est que le président Woodrow Wilson joua un rôle déterminant pour prôner et développer la ségrégation raciale aux USA.
Dans son remarquable article « Woodrow Wilson et la société fondée sur la race » paru dans aether.news, Detlef Hardorp, rapporte que Wilson, qui était un admirateur du Ku Klux Klan, « réintroduisit donc, dans les agences fédérales et dans l’armée, une ségrégation que l’on n’y avait plus vue depuis la guerre de Sécession. Des toilettes et des cantines séparées furent rétablies pour les employés noirs, ainsi que des cloisons dans les bureaux pour séparer les employés noirs des employés blancs ».
Detlef Hardorp montre aussi en quoi le principe wilsonien de séparation de « races » de puissances inégales, ainsi que de la séparation et de la mise en avant de nations de puissances inégales constitua une formidable régression. À ce principe s’oppose radicalement le concept de liberté de Rudolf Steiner, entièrement basé sur l’individualité spirituelle de l’être humain, et antinationaliste. Pour Steiner, il s’agit clairement de dépasser tout nationalisme pour aller, au-delà de la nation, vers un humanisme universel.
Stéphane Lejoly