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 « Le problème le plus important de toute la pensée humaine : Saisir l'être humain en tant qu'individualité libre, fondée en elle-même »
Vérité et Science, Rudolf Steiner

   

Citation
  • « Les choses ne sont donc pas ce que les spirites s'imaginent. Ils se figurent que, par l'intermédiaire d'un médium, ils peuvent obtenir des communications dans la langue que parlent les êtres humains sur terre. En regardant de près ces communications, on discerne qu'elles proviennent du subconscient des vivants, et ne sont pas de véritables communications directes des morts aux médiums. Car les défunts se dégagent progressivement du langage humain, et après plusieurs années, on ne peut plus les comprendre si l'on n'a pas appris leur langage, lequel consiste surtout en figures symboliques à utiliser pour ce qu'on veut leur dire, et obtenir ensuite une réponse, également par des formes symboliques qui naturellement apparaissent un peu comme des ombres. »

    Christiana (Oslo), 17 mai 1923 – GA226

    Rudolf Steiner
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Livre Ere des poissons pt

Tête d'un chimpanzé bébé à gauche et adulte à droite. Remarquons chez le jeune singe son front bombé (sans arcades sourcilières), le museau encore peu développé, la position des épaules relativement basse et la nuque bien visible. Cette illustration ne provient pas de l'article originel de Christoph Hueck.


Christoph Hueck

Publié dans la revue Die Drei - 5/2019 - Forum des lecteurs dans Die Drei 7-8/2019

Traduction : Daniel Kmiecik
Source : Les traductions de Daniel Kmiecik − www.triarticulation.fr/AtelierTrad



Note de la rédaction : L'article de Christophe Hueck paru dans la revue Die Drei, est ensuite suivi de forums (courriers) des lecteurs et de ses propres réponses, dans la même revue. Ces controverses sont très intéressantes en soi, car elles montrent à quel point la mobilité et la subtilité de la pensée sont nécessaires pour aborder ces questions aussi passionnantes que compliquées. Pour approfondir le sujet nous ne pouvons que recommander chaleureusement la lecture du très remarquable livre de Jos Verhulst: L'homme, premier né de l'évolution.

Note 2 : Les numéros de page des ouvrages de Rudolf Steiner mentionnés dans les notes de bas de page, concernent l'édition allemande de son oeuvre, et non pas les éditions en langue française.

 

Depuis le 29 septembre 2018, était et est exhibée en divers lieux de l’Allemagne[1] l'exposition Métamophose être humain & animal, qui rencontre partout un vif intérêt. Avec un petit nombre d’exemples, elle expose l’idée de Rudolf Steiner que la forme archétype de l’animal apparaît dans la forme humaine et que ce n’est pas l’être humain qui descend des animaux, mais au contraire — vu spirituellement — ceux-ci descendent de Lui. Au plan méthodologique il s’agit de «lire dans le livre de la nature» à l’appui d’une méthode, qui peut rendre réellement compréhensible les formes naturelles. 

L’exposition indique une troisième voie entre l’interprétation darwiniste des formes organiques («Tout a pris fortuitement naissance et bel et bien pour la survie») et le créationnisme («Tout fut créé ainsi par Dieu»). Une simple réflexion démontre que ces deux manières de voir les formes biologiques n’expliquent réellement rien. Si nous avions été autrement construits, si nous avions eu, par exemple, une troisième jambe ou un sixième doigt, alors nous eussions eu les mêmes déclarations de la vision darwinienne comme celle créationniste, que pour deux jambes et cinq doigts. Ni le «hasard» de Darwin, pas plus que «le décret insondable de Dieu», ne sont appropriés pour expliquer ces formes. Les deux théories les regardent finalement en passant et dissimulent derrière un rideau de fumée, les expériences profondes que l’on peut avoir dans la contemplation directe des formes elles-mêmes. Elles empêchent que l’observateur en arrive à une expérience intérieure des forces et principes qui façonnent ces formes. Mais celui qui fait réellement l’expérience des formes, peut de ce fait s’éveiller à l’esprit qui agit dans le monde sensoriel et relie son intériorité au monde extérieur. 

Goethe avait mis autrefois en garde sur le fait que «les yeux de l’esprit aient à agir constamment avec les yeux du corps, parce que sinon on court le danger de voir en passant sans rien voir»[2]. L’exposition a pour objectif de mener le visiteur aux expériences réelles des formes et de rendre avec cela effectivement éprouvable le «voir avec les yeux de l’esprit» de Goethe. 

La méthode qui est utilisée peut être appréhendée comme un goethéanisme compris au plan de la science spirituelle et consiste en quatre degrés : 

  1. Observer exactement la forme,
  2. instaurer des relations comparatives et suivre le façonnement de manière intérieurement active et consciente de leurs analogies, métamorphoses ou polarités,
  3. vivre l’expérience de ces formes par le sentiment, ce par quoi elles deviennent alors pour ainsi dire «parlantes», et
  4. en appréhender le concept ou Principe agissant ou l’essence qui repose à la base de la forme.

On n’approche pas de la forme avec un concept existant tout prêt, (par exemple celui de «métamorphose», de «Dreigliederung» ou «d’autonomie»), en tentant de l’éclairer avec lui et l’on n’essaye pas non plus de découvrir en elle quelque chose de connu, on la laisse s’exprimer au contraire au moyen de la méthode désignée de manière aussi naturelle que possible.[3]  

Entre Ciel et Terre

 

Humain Chimpanze

Fig.1 :  Être humain et chimpanzé 

L’exemple peut-être le plus instructif d’une telle observation de la nature c’est la stature humaine elle-même (voir la fig.1). L’observation exacte de ses formes peut s’ensuivre au moyen du dessin ou tout au long d’une occupation répétée. Dans un deuxième pas, on peut comparer les formes polaires du crâne et des membres les unes avec les autres : la tête est relativement sphérique, les membres sont rayonnants, celle-là présente un squelette extérieur, ceux-ci un squelette intérieur ; ses os à elle sont soudés, ceux-ci sont articulés et brisés ; elle forme une unité, eux forment une multiplicité ; elle se tient coi, eux sont mobiles, elle est close, ils sont ouverts, elle est orientée vers l’intérieur, eux sont orientés vers l’extérieur et ainsi de suite. Si l’on fait bien apparaître clairement cette polarité, alors on reconnaît que ces deux tendances formatrices s’interpénètrent et s’unissent dans le tronc : la cage thoracique [Korbou «corbeille», en allemand,ndt] a une structure céphalique, peu mobile, alors que la colonne vertébrale — membrée — est quelque peu plus mobile ; la totalité apparaît comme tendanciellement sphérique, dans l’unité sur la longueur composée de nombreux éléments rayonnants mais courbés et fermés ouverts – fermés – ouverts, alternés rythmiquement entre repos et mouvement, extérieur et intérieur et ainsi de suite. On «voit» à présent plus qu’au commencement de l’observation. Alors qu’on avait au début une somme d’éléments isolés devant soi, on aperçoit à présent une structure formée sensément en soi ; deux principes polaires s’interpénètrent et forment un domaine médian organisé selon un rythme. C’est déjà le «voir avec les yeux de l’esprit», dont parlait Goethe.

Dans un troisième pas, il importe de ressentir les formes de l’intérieur. Pour la stature humaine la chose est aisément possible dans la mesure où l’on sait par expérience personnelle ce que cela veut dire d’avoir, en haut, une tête, au milieu, un tronc, deux bras et deux mains, en bas, les jambes et les pieds. La tête peut être éprouvée comme le centre terrestre condensé d’un monde rayonnant de lumière et de conscience. Elle est, comme le disait Rudolf Steiner, une «reproduction du Cosmos»[4]créée à partir des forces cosmiques. Dans les jambes et les pieds, nous avons une tout autre expérience. Nous sommes ici au contact immédiat de la Terre. Ici la vertu volontaire individuelle est éprouvée qui s’enflamme en contre-coup de l’effet de la résistance de la matière. En haut, règnent lumière, conscience et lois générales ; en bas, force, matière et point de vue individuel. En haut sphère, en bas pilier ou rayon. «La manière dont l’être humain est une expression de la totalité de l’univers est parfaitement merveilleuse, […] et dans le même temps une reproduction de ces vertus qui affluent de la Terre.»[5]Par notre partie médiane finalement, par le tronc et les bras, nous nous relions de multiples manières au monde qui nous entoure.

On peut aussi affirmer — et avec cela nous en sommes arrivés au quatrième degré du «lire dans le livre de la nature» — que l’être humain réunit les deux domaines du monde du «Ciel» et de la «Terre» l’un à l’autre. Comme aucun autre être, il se dresse par sa structure corporelle dans cette polarité et la relie ainsi de sorte que dans son interpénétration, un nouveau domaine médian prend naissance. Bras et mains ne servent plus — comme chez les animaux — rien qu’à se mouvoir, mais sont plutôt parfaitement libres. Ils peuvent être élevés dans le monde lumineux de la conscience et exprimer le spirituel, ou se tourner vers la terre et la travailler. À partir de l’union des deux domaines polaires, l’être humain est dans la situation de créer un nouveau monde. C’est sa mission. 

Porteur de l’archétype

Si l’on jette un coup d’œil sur la manière de voir habituellement notre plus proche «parent»,[guillemets du traducteur] le chimpanzé (voir la fig. 1), alors on «voit» aussitôt, que celui-ci s’alourdit vers l’avant et tombe vers la terre. La gueule (la partie apparentée à la Terre) et les membres supérieurs sont plus fortement formés, le crâne (cosmique), par contre, nettement plus faible que chez l’être humain. En arrière, il est vrai que l’animal est plus allégé que nous ; de ce fait il ne se trouve pas en forte connexion à la terre et avec cela aussi n’a aucun point de vue de volonté individuelle. Tandis que nous nous opposons au monde par le redressement vertical, le singe reste, comme les animaux principalement, plus en lui-même et se voit en même temps pris dans le réseau conforme à l’instinct de son environnement. 

 

cranes humain primates

Fig.2 : Crânes de l’être humain (en haut) et de singes  

Avec la comparaison des crânes de l’être humain et du singe à divers âges de la vie (voir la Fig. 2), se révèle à vrai dire le fait surprenant que les singes partent aussi d’une forme embryonnaire fondamentale approximativement ronde qui persiste et se maintient chez l’être humain jusqu’à l’âge adulte, alors que les singes au cours de leur évolution dévient nettement de celle-ci. (La présentation montre, à gauche, les stades évolutifs embryonnaires de l’être humain (en haut), du chimpanzé (au milieu) et de l’Orang-outan (en bas). Au milieu, de haut en bas, le crâne d’un enfant de trois ans et les crânes de singe d’un an et à droite, à chaque fois les formes adultes correspondantes. 

Ces séries se prêtent d’une manière proéminente à une lecture compréhensive des formes. Après avoir étudié les transformations en entrant dans un travail d’imitation — le maintien de la forme sphérique fondamentale par la croissance des os du crâne chez l’être humain, la dérivation [spectaculaire, ndt] de celle-ci suite à l’évolution des os faciaux chez les singes — dans un troisième degré, on peut passer au vécu intime du sentir des formes et se demander: comment me sentirais-je si j’avais une telle gueule de singe ? Quelles forces y sont donc devenues là des formes ?

Ce sont les forces de la concupiscence du vouloir-avoir, de «l’happer par la gueule» et de l’engloutir-en-soi. Ce sont, pour l’exprimer de façon neutre, des forces d’âmes intentionnellement opérantes. Dans les gueules des singes, comme principalement dans les corps animaux, un élément de la vie d’âme s’est coulé dans les formes. Les animaux sont de l’astralité incorporée [ou «ayant pris corps», ndt]. Et certes à chaque fois selon une manière spécifique à l’espèce et dans une adaptation conformationnelle physique à un environnement déterminé. Quelle vertu empêche donc que chez l’être humain — qui porte en lui des mouvements de l’âme analogues, cet élément d’âme prenne pareillement corps en le formant ? C’est la vertu du redressement vertical, la vertu du vouloir interne du Je spirituel. 

Parce que cette vertu spirituelle du vouloir a pris corps dans le redressement vertical du corps — qui a résulté de l’évolution pour la première fois, il y a peut-être six à sept millions d’années[6]et ensuite de plus en plus — dans le cours ultérieur de l’humanisation, la gueule originelle du singe a régressé progressivement [du moins son prognathisme, ndt], tandis que le volume du crâne augmentait lentement. La figure montre cette évolution, à l’occasion de quoi les formes enfantines de divers êtres humains primitifs sont représentées. Les enfants anticipent à chaque fois déjà l’évolution à venir. 

cranes humains primitifs

Fig. 3 : Crânes des êtres humains primitifs  

Le Je spirituel bride donc, pour ainsi dire, l’astralité de l’âme et empêche ainsi son expression corporelle [physique, ndt]. L’être humain reste plus simple ; la forme embryonnaire archétype analogue commune à l’être humain et au singe, évolue par conséquent moins que pour les animaux. La forme humaine archétype se révèle encore à l’état adulte. Et ce qui lui fait défaut, en tant qu’empreinte corporelle [physique, ndt] de l’astral, elle en prend intérieurement possession en tant que forces [ou «vertus», possible ici, puisqu’il s’agit d’une «humanisation» ndt] de la vie de l’âme et de l’esprit. Chez l’être humain, l’archétype apparaît physiquement dans sa forme et spirituellement dans son penser : «L’archétype primordial, qui était déjà créé dans l’être le plus imparfait, que l’âme présente dans l’animal le plus imparfait, acquiert chez l’être humain la structure la plus parfaite dans le porteur de l’âme individuelle. C’est la raison pour laquelle une forme n’a pas seulement échu à l’être humain comme aux animaux, mais encore l’être humain a laissé cette forme archétype devenir vivante dans son penser créateur.»[7]

Le sacrifice de l’animal 

L’humanisation commence donc avec la station verticale — un fait reconnu dans l’intervalle par les sciences naturelles en accord avec l’anthroposophie. (En vérité, les sciences naturelles ont bien du mal à expliquer la station verticale. Elles ne peuvent pas reconnaître la cause primordiale dans la vertu spirituelle du vouloir intérieurement agissante du Je sur la base de leur préjugé matérialistes. [en vérité un préjugé qui tient, non pas aux sciences en tant que telles, mais à l’Homo scientificus«moderne», entre autre victime de l’héritage intellectuel borné de l’Homo KönigsbergusNdt]). La station verticale vint tout d’abord, ensuite seulement l’usage des mains pour la fabrication d’outils et seulement ensuite encore, l’augmentation progressive du volume du cerveau. 

Cette évolution, qui se déroula de bas en haut, peut être comprise comme une cheminement de libération de l’être humain de son union intime d’avec son environnent. [voir les magnifiques travaux des époux Rosslenbroich, Bernd & Maria : La biologie de la liberté. Au sujet de la naissance de l’autonomie dans l’évolution dans Die Drei 10/2012 & L’art rupestre franco-espagnol. Un berceau de l’autonomie de la conscience humaine dans Die Drei 11/2012, respectivement [Traductions françaises (DDBR1012.DOC & DDMBR1112.DOC) disponibles auprès du traducteur sans plus], Ndt

Le cheminement inverse est poursuivi dans chaque incarnation : de la tête, qui est la première formée, par le tronc, qui s’étend d’abord peu à peu, jusqu’aux membres inférieurs et aux pieds. Sur cette voie, l’être humain apporte du monde spirituel ses idées et intentions, ici-bas sur la Terre et configure  toujours plus cette dernière. L’un des cheminements mène à l’autonomie, l’autre à l’action pratique. Le premier est un chemin de liberté, l’autre un chemin d’amour. Ces deux grands idéaux de l’être humain peuvent être reconnus comme les véritables ressorts de l’humanisation au cours de l’évolution — et non pas la «survie des plus adaptés», comme l’affirme le darwinisme.

membres

Fig. 4 : Membres 

En comparaison aussi des membres de divers Vertébrés (voir la fig. 4), ce qui est affirmé ci-dessus devient une fois encore très évocateur. Car les ailes de la chauve-souris ou de l’aigle, la nageoire thoracique du phoque, le membre supérieur souple du gibbon, le membre inférieur de la perdrix qui lui permet de courir si vite ou bien la «main» des Ongulés périssodactyles (dont la phalange centrale sert d’outils à frapper, percer et poser) sont des outils hautement spécialisés tous ensemble dérivables de la forme humaine archétype non spécialisée. [Voir à ce propos Hermann Poppelbaum : L’Homme et l’animal – Cinq manières de les distinguer (tiré à part de TRIADES — Traduction de Pierre Feschotte. Ndt]. Ici aussi le principe vaut que les animaux ont évolué plus avant dans leurs formes que l’être humain et ce qui fait défaut à ce dernier en terme de spécialisation corporelle, se retrouve à sa disposition comme une créativité libre. Bras et main peuvent en indiquer l’image archétype pour la raison qu’au moyen de la station verticale, ils furent libérés de la fonction de locomotion.  À ces exemples et à d’autres, peu nombreux, l’exposition sur l’idée d’évolution de Rudolf Steiner met en évidence que les animaux sont à comprendre comme des excrétions de l’essence spirituelle humaine qui rendit possible l’incarnation terrestre de l’être humain — et avec cela l’hominisation à proprement parler. Les animaux sont nos frères et sœurs qui ont accompli un sacrifice pour nous. Ils ont absorbé en eux une part de forte astralité qui, si elle était restée en l’être humain, l’eût empêché de devenir une être-Je. Notre tâche est de développer à présent à leur égard un nouveau sentiment de fraternité «cosmiquement fondée»[8] au travers d’une relation apaisante avec le monde animal. — Qu’avec une phrase de Rudolf Steiner, l’idée de cette exposition soit récapitulée pour conclure : 

Tout ce qui est inférieur s’est développé en sortant du supérieur ; c’est le précepte de l’évolution. […] Dans les animaux vous voyez, au sens littéral du terme, l’étalement des degrés que nous avons laissés derrière nous. L’être humain voit dans tout animal plus ou moins un morceau abandonné à lui-même. […] En l’être humain se trouve donc le sens de ce qui a été répandu tout autour de lui.[9]

Die Drei 5/2019. 
(Traduction Daniel Kmiecik) 

Professeur Docteur Christoph Hueck, né en 1961, études de biologie et de chimie, thèse en génétique, ensuite activité de recherche en Allemagne et aux USA. S’est occupé de longues années durant de l’anthroposophie. Pédagogue Waldorf, chargé de cours pour l’anthroposophie et la pédagogie Waldorf, ainsi que co-fondateur de l’Académie AKANTHOS pour la recherche et de développement anthroposophiques à Stuttgart. Parmi ses publications, entre autres : L’évolution dans le double courant du temps — L’élargissement de la doctrine de l’évolution dans les sciences de la nature au moyen de la contemplation intuitive du connaître, Dornach 2012. Voir aussi www.anthroposophie-als-geisteswissen.de


 

Forum des lecteurs dans Die Drei 7-8/2019

Inverti dans son contraire ? Au sujet de la métamorphose êtres humain & animal de Christoph Hueck dans Die Drei 5/2019. 

De Andreas Delor, le texte suivant :  

Tout de suite dans le premier paragraphe de l’article de Christoph Hueck : la chose suivante m’est tombée dessus : 

«Depuis le 29 septembre 2018, était et est exhibée en divers lieux de l’Allemagne l’exposition Métamophose être humain & animal, qui rencontre partout un vif intérêt. Avec un petit nombre d’exemples, elle expose l’idée de Rudolf Steiner que la forme archétype de l’animal apparaît dans la forme humaine et que ce n’est pas l’être humain qui descend des animaux, mais au contraire — vu spirituellement — ceux-ci descendent de Lui.» 

Cela étant, ceci n’est absolument pas la déclaration de Steiner. Celui-ci soulignait constamment, au contraire — non seulement dans sa Science de l’occulte, mais encore dans presque toutes les conférences, dans lesquelles il parlait de l’évolution humaine — que les animaux, végétaux et minéraux descendaient, en considération physique, de l’être humain — en considération spirituelle, ils ont leurs propres âmes-groupes. 

Hueck : «Parce que cette vertu spirituelle du vouloir a pris corps dans le redressement vertical du corps (humain) — qui a résulté de l’évolution pour la première fois, il y a peut être six à sept millions d’années (note 6 de Hueck : Pour le dire exactement chez possiblement le premier ancêtre humain ayant adopté la station verticale, le Sahelanthropus tchadensis. […]) et ensuite de plus en plus — dans le cours ultérieur de l’humanisation, la gueule originelle du singe a régressé progressivement […].» 

Que l’on clarifie un peu ce que cela veut dire : l’auteur laisse le corps humain prendre naissance «de l’évolution» — à savoir, de l’évolution des Primates, et le fait donc effectivement descendre du singe en considération physique, dont la gueule dut régresser — au contraire du langage des formes de l’embryologie — selon Hueck pour l’hominisation, totalement dans l’esprit du néodarwinisme. Par Steiner une descendance physique de l’être humain est par contre exclue, non seulement des Singes, mais encore pareillement de l’ensemble des préHominidés ou Hominidés précoces : 

«Il est pour cette raison compréhensible que pour le chercheur de l’ancien Atlantide, il n’y ait rien à trouver.  Même l’espoir des érudits de découvrir encore des traces de ces temps anciens de l’évolution humaine, ne sera jamais réalisé, car l’être humain d’alors était encore un être dont les parties étaient matériellement molles. Un corps de ce genre ne peut pas se conserver, tout aussi peu pour les mollusques [sans coquille, hein ! Ndt] d’aujourd’hui, dont rien ne restera dans cent ans. Des restes animaux de telles périodes antiques sont encore à découvrir parce que les animaux avaient déjà corporellement durci, alors que l’être humain restait encore corporellement mou.»[10]

Hueck caractérise —suivant en cela Wolfgang Schad[11] — le Sahelanthropus tchadensis remontant, selon la datation radiométrique, à 7 millions d’années comme «possible premier ancêtre humain» — à l’occasion de quoi le «possible» ici signifie manifestement : «dans la mesure ou un autre Hominidé ne sera pas retrouvé qui rempli mieux les critères d’un ancêtre humain.» Cela tant, — si l’on traduit anthroposophiquement les 7 millions d’années, le Sahelanthropus, vivait — «au beau milieu de l’époque atlantéenne», alors que selon Steiner les premiers êtres humains-Je s’incarnèrent nettement déjà au milieu de l’époque lémurienne, avant et après la séparation de la Lune — en ayant déjà adopté la station droite à l’époque. Phénoménologiquement cette station verticale se laisse déjà merveilleusement voir chez ces descendants de ses ancêtres animaux qui circulaient, en tant que Dinosaures à demi-debout — et donc était déjà quelque peu retombés dans l’animalité. (Quels animaux sont censée véritablement descendre encore de lui, si chez Sahelanthropus les premiers Je-êtres humains se fussent incarnés, spirituellement voire même physiquement, là où à cette période-là autant dire toutes les espèces animales étaient déjà présentes depuis longtemps ?!). 

Lorsque Hueck expose : 

«La méthode qui est utilisée peut être appréhendée comme un goethéanisme compris au plan de la science spirituelle et consiste en quatre degrés : 

        1. Observer exactement la forme,
        2. instaurer des relations comparatives et suivre le façonnement de manière intérieurement active et consciente de leurs analogies, métamorphoses ou polarités,
        3. vivre l’expérience de ces formes par le sentiment, ce par quoi elles deviennent alors pour ainsi dire «parlantes», et
        4. en appréhender le concept ou Principe agissant ou l’essence, qui repose à la base de la forme.»,

je ne peux que constater qu’il n’accomplit aucun de ces pas lui-même dans son essai : ni les degrés de l’évolution des Primates et le Sahelanthropus tchadensis ou bien ceux qui suivent celui-ci pré-êtres humains ou êtres humains précoces : Ardipithecus ramidus, Australopithecus afarensis, Homo rudolfensis, Homo ergaster et (l’africain) Homo Heidelbergensis ne sont décrits ne serait-ce que par allusion, ni ne sont comparés entre eux, d’où pouvait résulter seulement la descendance affirmée de ces formes — toujours est-il que Hueck caractérise le Sahelanthropus tchadensis comme notre ancêtre. Très peu de biologistes matérialistes de l’évolution sont en effet très goethéanistes lors que, eu égard aux divergences extrêmes et les manques de transitions continues, leurs maux de ventre s’extériorisent à ce propos, de sorte qu’une de ces formes est censée descendre d’une des autres et ne sillonne cette lignée que pour la raison que selon l’idéologie darwinienne, elle doit justement s’étendre au travers d’elles.[12]

Je n’ai pas encore visité l’exposition de Hueck et je ne peux qu’espérer que son article n’en restitue pas l’esprit. Je ne veux pas contester, de sorte qu’à part les citations que j’ai faites, celui-ci renferme de belles et bonnes idées ; je ne peux pas me réjouir réellement de ce qu’eu égard aux faits, comme expliqué au point ci-dessus, des déclarations de Rudolf Steiner et tout autant le langage des phénomènes, ont été invertis en leur contraire. 

Andreas Delor 
Die Drei 7-8/2019. 
(Traduction Daniel Kmiecik) 

De Klaus Christ, le texte suivant : 

Pendant 30 ans, en tant que professeur du niveau supérieur d’une école Waldorf, j’ai enseigné l’art, la considération des œuvres d’art, et l’anthropologie et j’ai été chargé dans le même temps de classes comme tuteur et donné des séminaires à de futurs enseignants Waldorf. Ainsi pus-je, jeune homme, prendre connaissance de la méthode goethéenne. Nous observions, entre autres, des phénomènes de la formation du crâne chez l’être humain et les mammifères, nous élargissions ces observations à d’autres phénomènes de la nature, mettions en ordre ce qui en avait été recueilli — toujours en se retenant de conclure — et nous recherchions des phénomènes du même genre au plan de la vie de l’âme et de celle de l’esprit. Exprimable était ensuite ce qui s’était durci et fixé, qui ne s’était pas développé plus loin ni formé. Seul ce qui est plastique continue de se développer et cela sur tous les plans. Les animaux entrent avec leurs «membres du crâne» dans le cul-de-sac du durcissement, en opposition aux «os du crâne» de l’être humain. Les élèves en venaient à prendre la parole de sorte qu’en effet on ne rencontre en paléontologie que ce qui s’est fixé, ce qui a durci, jamais quelque chose de mou et de plastique. On ne se meut dans le champ de la paléontologie que sur la trace de ce qui justement n’évoluait plus et on tente, à l’appui des fossiles, d’en exposer une évolution. Mais les aspects les plus importants font alors défaut. 

Avec surprise, je lus, par hasard, l’article de Christoph Hueck, qui peut mener à de graves malentendus. Car l’article semble exprimer le contraire de ce qu’il veut présenter. Il parle de la régression physique de la gueule du singe par rapport aux os du crâne de l’être humain : 

«Parce que cette vertu spirituelle du vouloir a pris corps dans le redressement vertical du corps — qui a résulté de l’évolution pour la première fois, il y a peut-être six à sept millions d’années et ensuite de plus en plus — dans le cours ultérieur de l’humanisation, la gueule originelle du singe a régressé progressivement, tandis que le volume du crâne augmentait lentement.» 

Ainsi s’adonne-t-on à une science qui ne déclare d’existant que ce qu’on peut percevoir par les sens physiques. Adieu à une évolution supérieure vers une contemplation imaginative intuitive ! 

Dans les exposés de Christoph Hueck surgit une contradiction éclatante, où il confond le plan physique et le plan spirituel du processus cognitif. Il ne semble pas s’en tenir lui-même à la méthode exposée et ne pas exercer de retenue intellectuelle. Des conclusions précipitées semblent conduire sa propre méthode ad absurdum. Malheureusement la plupart des gens aujourd’hui ont une grande hâte et reviennent par trop tôt à l’intellect quotidien. Méthode goethéenne, cela veut aussi dire aussi en rester suffisamment longtemps aux phénomènes et non pas, apporter ce qu’on a lu intellectuellement dans le processus de la perception. En rester aux phénomènes dans une extrême activité intérieure — c’est l’art et aussi l’entrée vers la transition dans la contemplation imaginative. Avant qu’ici je sois moi-même en mesure de donner un jugement trop rapide, Christoph Hueck est peut-être capable d’en donner un éclaircissement. 

Il faut espérer que des élèves qui visitent cette précieuse exposition, passeront un temps suffisamment long à exercer leur activité de perception et en viendront, d’une manière goethéenne, à des images intérieures de l’évolution de l’être humain et de l’animal. 

Klaus Christ 
Die Drei 7-8/2019. 
(Traduction Daniel Kmiecik) 

De Jeanette Adamczik le texte suivant : 

On peut être reconnaissant à Christoph Hueck pour son impulsion engagée de vouloir faire connaître des connaissances de Rudolf Steiner en considération de l’évolution humaine d’une manière évidente au plus grand public possible par l’exposition dont il est le curateur. Je n’ai malheureusement pas encore visité cette  exposition, rien que sa contribution : Métamorphose être humain & animal — Une manière intégrale de voir la forme et une évolution de l’être humain et de l’animal, me fournit donc l’occasion de m’exprimer ici de manière critique. 

Par principe, ma compréhension des déclarations de Rudolf Steiner va tellement à l’encontre de sa présentation que je mets en doute le fait que la méthode goethéenne mise en avant par Hueck ait été comprise et pleinement réalisée par lui-même — quand bien même on puisse rencontrer dans nombre d’idées isolées une concordance avec Steiner.  

L’affirmation que le corps physique humain a pris naissance de l’évolution des Primates, et que «dans le cours ultérieur de l’humanisation, la gueule originelle du singe a régressé progressivement, tandis que le volume du crâne augmentait lentement.», contredit non seulement les déclarations de Steiner dans leur ensemble, mais plus encore le résultat qui est à découvrir pour tout un chacun en développant proprement une méthode de recherche goethéenne par l’exercice d’une contemplation  intuitive au niveau imaginatif. L’être humain spirituel, par contre, doit avoir commencé, il y a 7 millions d’années, avec l’apparition des premiers Hominidés, à expulser les animaux de lui-même, à l’instar de sécrétions — à un moment auquel des formes animales toutes entières, depuis les Unicellulaires jusqu’aux mammifères supérieurs, existaient déjà. En considération de l’avertissement de Goethe, cité par lui que : «les yeux de l’esprit aient à agir constamment avec les yeux du corps, parce que sinon on court le danger de voir en passant sans rien voir», je me demande, eu égard aux déclarations précédentes : quel œil voit ici quoi ? Un goethéanisme accompli en pratique ne veut-il pas dire : laisser ouverts «les yeux de l’esprit» en vue d’une contemplation intuitive imaginative de l’entièreté des phénomènes considérés eux avec les yeux physiques ? 

Si l’on suit les déclarations de Steiner que les animaux sont des «sécrétions» de l’être humains spirituel, ce que Hueck affirme faire, alors cet être humain spirituel doit être tout aussi pareillement visible que vivant aussi pour «l’œil de l’esprit» — et pas seulement pour celui physique — comme l’être physique est visible pour l’œil du corps et se trouver à l’unisson avec lui. Au lieu d’une image contemplée par les «yeux de l’esprit», dans l’acception de la plante archétype de Goethe, je ne rencontre chez Hueck qu’une conclusion abstraite qu’il voit dans ce cas totalement à bon droit, en plein accord avec la science naturelle matérialiste, mais qui ne résulte en aucun cas d’une considération intuitive contemplative réalisée avec les «yeux du corps» des phénomènes présentés par lui. 

Le fait concret que d’après Steiner, il y eut un temps très long — vis-à-vis duquel le laps de temps à partir duquel se présente la trouvaille fossile a l’air d’être proportionnellement extrêmement bref — étant donné que l’être humain était encore dans un état spirituel, cela devrait donner l’occasion d’apprendre à interpréter le processus de sécrétion d’autant moins de manière matérialiste et d’autant plus en cherchant de manière goethéaniste, car on ne devrait jamais perdre de vue cette dimension spirituelle de l’évolution, si l’on veut suivre Steiner et Goethe. Sinon, «si notoirement les yeux de l’esprit «n’agissent pas» constamment avec les yeux du corps dans une union constamment vivante[…]», on court alors le danger d’en arriver à des conclusions abstraites au lieu d’une image vivante, et dans ce cas celle de l’évolution humaine. 

Autant je souhaiterais beaucoup que le plus grand nombre, en particulier les jeunes êtres humains, visitassent cette exposition, autant j’espère beaucoup qu’ils ne la quitteront pas avec un court-circuit conclusif orienté par la science naturelle matérialiste, comme Hueck l’expose dans sa présentation, mais en étant plutôt sensibilisés aux phénomènes afin de pouvoir lentement laisser ouverts les «yeux de l’esprit» pour la perception du spirituel et certes en étant orienté dans leur exercice de recherche de manière goethéenne, c’est-à-dire par la contemplation intuitive des images se développant naturellement des phénomènes et non pas à partir de leur considération spéculative. 

Jeanette Adamczik
Die Drei 7-8/2019.
(Traduction Daniel Kmiecik)  

 

Réponse de Christoph Hueck : 

Andreas Delor a soulevé trois questions intéressantes au sujet de mon article, Jeanette Adamczik a fait de manière analogue. Celle-ci et Klaus Christ exercent aussi une critique méthodologique. Je suis reconnaissant de ces remarques car elles poussent à une discussion urgente et nécessaire au sujet de la vision de la science spirituelle de l’évolution de l’être humain et de sa relation avec les animaux.

1) Delor écrit que les animaux, selon Rudolf Steiner sont censés descendre de l’être humain uniquement en considération physique. Leurs âmes groupes ne vient pas de l’être humain. Or, si l’on suit les multiples expositions de Rudolf Steiner au sujet de l’évolution de l’être humain et de l’animal, comme je l’ai fait dans mes articles dans Die Drei1011/2017[13], il s’avère alors qu’un motif essentiel c’est que les animaux se sont chargés de qualités astrales qui étaient originellement inhérentes à l’essence humaine. Par ce sacrifice[14], l’être humain fut en mesure de se purifier au plan de la vie de l’âme (Seelisch) : «Nous sommes redevables de la libération de notre corps astral à la circonstance que toutes les qualités astrales grossières sont restées dans le règne animal.»[15]Mais ces qualités astrales — et c’est là une autre idée cardinale pour la compréhension de la nature animale — l’élément structurant ou façonnant le corps des animaux. : «Ce que l’être humain a encore de spirituel aujourd’hui dans son corps astral, les formes animales l’exhibent isolément au plan physique.»[16] Néanmoins, cela ne signifie pas seulement ici les «instincts, convoitises et passions», que Steiner énumère toujours lorsqu’il caractérisait le corps astral en l’introduisant, mais encore les idées humaines : «Totalement sous la même conformation physique que ce qu’exhibe l’animal extérieurement, cela vit en l’être humain tel un élément suprasensible mobile dans son penser.»[17] Cet astral est beaucoup plus étroitement lié à la corporéité chez l’animal que chez l’être humain : «Considérons l’animal, […] combien l’élément de vie d’âme y pénètre directement la vie du corps et fait l’effet de se rattacher aux fonctions corporelles.»[18] En conséquence, les formes physiques des animaux descendent de l’être humain d’une manière psycho-(Seelisch [soit, relevant de la vie de l’âme en général, ndt])-spirituelle. Chez les animaux quelque chose de psychospirituel — que nous portions autrefois en nous — est devenu physique. — la manière dont les âmes groupes animales se tiennent par rapport à l’être humain et son évolution, requiert selon moi une recherche propre. 

2) Le Sahelanthropus tchadensisn’est peut-être pas «l’éventuel premier ancêtre de l’être humain», mais plutôt le premier à avoir été incarné déjà à l’époque des Dinosauriens, (ou avant). Ici, il va de soi que je suis d’accord avec Delor. Avec le renvoi au Sahelanthropus, je voulais signifier le premier Hominidé connu[19]qui courait déjà debout. Admaczik écrit que j’eusse affirmé que l’être humain spirituel à l’époque du Sahelanthropus «a commencé à expulser les animaux comme des sécrétions de lui-même». Cela je ne l’affirme pas de mon côté et je dois dire qu’elle se méprend ici de manière carrément grotesque, non seulement sur le sens, mais aussi littéralement. 

Frères bifurqués 

La question de savoir si et dans quelle ampleur : «… une descendance physique de l’être humain fut par contre (complètement) exclue par Steiner, non seulement des Singes, mais encore pareillement de l’ensemble des pré-Hominidés ou Hominidés précoces» (Delor) me semble être, par contre, un problème intéressant. L’idée de base de Rudolf Steiner, c’est que ce n’est pas l’être humain qui descend des singes, mais les singes — comme aussi les autres animaux — qui descendent de l’être humain. Mais le Je humain s’est incarné tout d’abord comme la vertu de volonté intérieure de la station droite, nonobstant dans un corps ayant pris naissance de la série animale et l’a ensuite affiné, pour ainsi dire de l’intérieur, dans le sillage de nombreuses réincarnations (Reinkarnationen). D’un autre côté, toute la série animale a pris originellement naissance de l’essence humaine spirituelle. L’être humain en vint pour finir à sa qualité «du soi», dont il provenait dès le commencement de Lui-même [en fait originellement du Logos, ou de la vie dans sa totalité, voir le prologue de l’Évangile de Jean ndt ]. Donc en tout cas je comprends Rudolf Steiner qui disait, par exemple : 

«La forme humaine était encore de nature simiesque au début de l’Atlantide et dans la Lémurie, l’âme prit possession d’un corps encore imparfait de beaucoup. Ce corps s’est ensuite développé en s’élevant. Les formes simiesques sont cependant tombées en décadence et sont devenues les Singes actuels.»[20]

Pour la totalité de la série animale, cela signifie : 

«Dans l’époques atlantéenne la plus reculée, l’être humain physique (était) digne de la forme d’un mammifère ; sauf que les mammifères en sont restés à ce stade, alors que l’être humain a continué de se développer. Dans des époques encore plus primitives, l’être humain [physique, ndt] se trouva digne du stade d’un reptile. Le corps était tout autrement que celui d’un reptile actuel, mais le reptile s’est constitué du fait que son évolution corporelle est tombée en décadence [certains de ces congénères devinrent des oiseaux, or, parmi ceux-ci le «reptile» est toujours présent dans la crête des Galinacées, par exemple, un élément visible à l’œil nu celui-là. Ndt]. Mais plus antérieurement encore l’être humain se trouvait au stade qui s’est conservé dans l’ordre actuel des Poissons. Sur la Terre rien n’existait de plus évolué alors que des formes compliquées de poissons. [le cœlacanthe en est le «fossile» vivant actuel, Ndt]. Dans des temps immémoriaux l’être humain se trouvait au degré d’un invertébré. Et dans les temps les plus anciens au stade de la bifurcation dont est parvenu à notre époque l’être Unicellulaire que Haeckel appelle Monère et qui représente un frère «bifurqué» de l’être humain remontant à l’époque la plus primitive.»[21]

On peut donc considérer l’ensemble de la série animale comme des Signes qui ont subsisté (quand bien même tombés en décadence) sur le chemin de l’hominisation [ou ici «devenir humain» dans toute la dimension physico-psycho-spirituelle, voir les articles des époux Rosslenbroich, Maria & Bernd cités plus haut dans l’article principal. ndt].[22]

Après que le Je, tout imprégné de pure volonté [celle du Logos de vie, ndt], eut provoqué la station droite, il se mit à façonner aussi peu à peu le crâne au cours de l’évolution, un processus que l’on doit naturellement se représenter comme se déroulant sur de nombreuses incarnations. La citation suivante de Rudolf Steiner décrit cela très précisément : 

«Dans le principe du «Je Suis» repose […]tout le Mystère de l’existence actuelle de l’être humain. Notoirement à l’intérieur d’un tel principe, ne peut penser, sentir et vouloir qu’un être qui a une telle structure formelle extérieure (Gestalt) que l’actuel être humain terrestre. Nécessairement, chez un tel être, cette structure s’est formée de manière telle que toutes les forces œuvrant en son corps ont visé [et vise toujours, ndt] à former vers l’avant et à sculpter un front bombé. […] Il y eut dans les temps primitifs de l’évolution de la structure humaine un stade auquel cette forme n’aboutissait pas encore à une telle voûte frontale. […] Or ce «Je Suis» existait déjà auparavant. Il ne pouvait pas encore s’exprimer dans une forme correspondante. [...] C’est justement cette force du «Je Suis» — qui s’est unie à une époque d’un passé immémorial avec ce corps humain (Pour le faire se redresser, remarque de CH), qui ne possédait pas encore ce front antérieur bombé [à savoir que le front était alors fuyant comme celui du singe actuel¸ndt] — pour activer sur la forme préexistante le façonnement du front actuel [d’ailleurs ceci s’est accompli avec le recul du prognathisme des maxillaires, naturel aux Singes, ndt ]. C’est la raison pour laquelle il advient que l’être humain, au moyen d’une certaine immersion dans le «Je Suis» peut subtilement ressentir la vertu qui l’a formé lui-même dans sa forme actuelle. Cette vertu c’est […] la force créatrice de la vie de l’âme [«étincelle» de vie du Logos, inhérente à tout être humain ndt] qui façonne activement le corporel à partir de la vie de l’âme.»[23]

On peut [physiquement, ndt] reconnaître dans cette description la métamorphose du crâne depuis le Sahelanthropus, en passant par les formes des Hominidés précoces jusqu’à l’être humain actuel. 

Qualité d’arriération et organe du penser 

En relation avec la question émise par Delor de «l’arriération»( Zurückbildung), il est intéressant de prendre en compte la présentation différenciée de Steiner, à partir de 1918, au sujet de la différence entre l’être humain et l’animal : 

«Du fait que certaines forces entraînent des formations régressives, l’être humain est devenu capable d’être porteur de la vie de l’esprit et de celle de l’âme. […] Ce n’est essentiellement rien d’autre qu’une régression, une «dévolution» [ou dé-spécialissation, ndt] en lieu et place d’une «évolution» [ou «spécialisation», ndt]. Prenez-donc  ce qui donne à l’animal individuel sa forme déterminée, et à un autre animal, une autre forme déterminée : cette idée détermine alors de part en part toute l’organisation de l’animal. L’être humain, par contre, régresse dans la forme de son organisation.[…] Celle-ci régresse à un degré inférieur. De ce fait il peut instaurer en lui-même une situation d’équilibre que la nature ne lui donne pas, il se libère de la nature qui contraint le reste des êtres vivants. L’être humain tout entier a demeuré dans un état de régression dans sa structure ; de ce fait est né ce qui devint un organe du penser. […] L’être humain vit en régressant dans sa forme et peut vivre à fond ensuite la forme dans le penser de la même façon que l’animal vit à fond cette vie dans tout ce qui est sensoriellement extérieur.»[24]

Cette «régression» consiste dans une retenue de l’astral, lequel au contraire prend corps (sich verkörpert) dans la forme de l’animal [d’où la spécialisation de celui-ci, ndt]. Parce que l’être humain réfrène cet astral et se retient de plonger dans le corps (Verkörperung), le corps se voit régressé dans la forme humaine à un stade qui devient, d’une manière archétype, visible chez l’embryon. Mais d’un autre côté, la forme humaine révèle dans son apparition physique la forme spirituelle originelle archétype de l’animal. [en particulier un détail démontre cela — parce que vu à ce stade embryonnaire de l’être humain, par les yeux physiques de Goethe, ce grand voyant ! — l’os intermaxillaire apparaît avant de régresser et de disparaître chez adulte, ndt] Or l’animal a évolué et dépassé cette forme originelle archétype, alors que chez l’être humain par la régression [ou dévolution, ndt], elle est de nouveau libérée et mise spirituellement à sa disposition. Je pense qu’au moyen d’une prise en compte sérieuse de ces deux aspects ensemble, on parvient à une contemplation intuitive organique et mobile de l’évolution de l’être humain et de l’animal.[25]

3) La lignée de descendance des Hominidés[26] (comme ensuite aussi de tous les autres groupes d’animaux), selon Delor ne serait continue que par «idéologie darwiniste», car on ne trouverait aucunes transitions continues. Cela étant c’est un argument bien ancien et intenable pour diverses raisons contre un contexte général de descendance. Abstraction faite qu’on ne cesse de retrouver des séries de métamorphoses évolutives de chaînons intermédiaires cet argument est comme si l’on disait : «Les feuilles d’une plante ne proviennent pas les unes des autres, car il n’y a aucunes transitions continues entre elles». Tous les animaux, ancêtres humains et l’être humain actuel, sont reliés entre eux par une descendance commune. Comment serait-il autrement possible de rencontrer dans la substance héréditaire humaine, des restes d’ADN néandertalien ; comme le fait que des précurseurs de nos gènes existent déjà chez les unicellulaires, les bactéries actuelles et champignons inférieurs? La totalité de l’évolution de la lignée peut être considérée — à l’instar au développement de l’embryon — comme le déploiement d’un super-organisme qui en suivant, non pas le hasard, mais une conformité à des lois internes [des logoï dirait l’immense Lucio Russo ! ndt] s’est développée organiquement et a été dès le début de nature «humaine».27  

Pour finir, Delor me reproche de n’avoir pas suivi moi-même les quatre étapes d’un goethéanisme bien compris par la science de l’esprit; Adamczik va jusqu’à penser qu’au lieu d’un «tableau contemplé par les yeux de l’esprit», je délivre purement et simplement des «conclusions abstraites». J’expose ces étapes exemplairement à l’appui de la structure formelle de l’être humain (quand bien même seulement sous une ébauche succincte par manque de place) et je passe de là aux crânes du singe et de  l’être humain, que j’ai caractérisés extérieurement comme intérieurement de manière intuitive. À la série des crânes des Hominidés, je décris finalement seulement brièvement pour l’évolution des crânes de singes encore la régression de la gueule et l’augmentation de volume du crâne, dont leur anticipation dans les formes enfantines ; des phénomènes qui se trouvent manifestement en relation avec la station droite.[27][28] Adamczik et Christ pensent en définitive que j’obstruerais la voie en direction d’une contemplation imaginative. Eh bien, je vois cette contemplation imaginative de la nature dans l’acception du goethéanisme mais justement en relation avec la perception sensible et non pas séparée d’elle. Il s’agit pour moi de découvrir l’esprit dans (!) le monde sensible, de rendre lisibles les phénomènes. Je me réjouirais de rencontrer les critiqueurs un jour dans l’exposition qui sera de nouveau visible à la Maison Rudolf Steiner de Stuttgart du 2 au 14 juillet 2019 afin de les y guider et de commenter les questions soulevées à l’appui des contemplations effectives, soit des faits. 

La paléoanthropologie en vient pour le moins partiellement à des manières de voir comme l’anthroposophie. Seulement elle ne comprend pas la raison pour laquelle les phénomènes sont comme ils sont, car elle passe à côté de l’entité humaine. Elle ne «voit» pas que l’être humain représente l’image archétype, l’alpha et l’oméga de l’évolution, qui explique les formes et leurs métamorphoses. «Celui qui comprend et ajoute encore l’esprit à ce que dit le matérialiste», dit Rudolf Steiner, «celui-là étudie dans l’haeckélisme la plus belle théosophie élémentaire.»[29]

Christoph Hueck
Die Drei 7-8/2019.
(Traduction Daniel Kmiecik) 

 


 

Forum des lecteurs (suite dans Die Drei 9/2019)

Représentations ou bien vues immédiates ? Au sujet de la métamorphose êtres humain & animal de Christoph Hueck dans Die Drei 5/2019. Et au sujet du précédent Forum dans Die Drei 7-8/2019. 

 

De Jeanette Adamczik , le texte suivant :  

Dans mon précédent courrier de lecteur, j’ai affirmé de manière erronée que, d’après Christoph Hueck, l’être humain spirituel a commencé seulement à partir de l’apparition du premier Hominidé, en extirpant de lui-même les animaux. Ceci était une méprise, au sujet de laquelle je prie que l’on veuille bien m’excuser ici. — Bien entendu, je voudrais remettre en cause l’origine de cette méprise — à savoir pour la préciser, la présentation de Hueck de l’hominisation physique de l’être humain — à l’endroit décisif et en plein accord  avec la critique d’Andreas Delor et Klaus Christ, pour continuer, selon Hueck, «l’urgente discussion nécessaire sur la vision de l’être humain par la science spirituelle et la relation de celui-ci avec l’animal» et avec cela inciter un lecteur ou un autre, il faut l’espérer, à enrichir cette discussion avec d’autres contributions et d’autres manières de voir. 

Est-il possible que quelque chose ait survenu à l’instar d’un durcissement, c’est-à-dire quelque chose qui ne s’est plus développé de manière plastique, vers l’être humain actuel, dans précisément la lignée de descendance physique ? L’affirmation de Hueck — selon laquelle on pourrait reconnaître la métamorphose du crâne de Sahelanthropus au travers d’autres formes d’Hominidés primitifs jusqu’à l’être humain actuel, dans la présentation par Steiner de la formation du cerveau par la vertu du «Je suis» — n’est pas idoine, selon moi, tant au plan des contenus que de celui méthodologique, car alors que Steiner, sur la base de son «regard spirituel», parle nettement d’une corporification (Körprigkeit) qui était encore plastique, molle, Hueck se réfère, quant à lui sans équivoque, avec son «regard corporel» à des formes fossiles, durcies. Ce n’est pas une manière goethéenne de progresser et c’est également un mélange inadmissible de niveaux comme celui auquel il se livre en affirmant que l’argument d’une lignée de descendance non existante se laisserait comparée à l’argument que les feuilles dans une plante ne pourraient pas provenir les unes des autres, car il n’y a pas de transition continue entre elles. 

S’il cite en outre Steiner, pour reprendre en sous-œuvre sa théorie de la descendance physique de l’être humain de l’animal, comment faut-il donc évaluer ensuite la déclaration de Steiner, sur le fait que sur la base de la malléabilité plastique de corporification, aucuns fossiles de l’antique Atlantéen, aux formes simiesques, ne se laisseraient découvrir, comme l’a remarqué Delor dans sa lettre ? Ce genre de comparaisons et de jugements non idoines me semble caractéristique pour Hueck, aussi trouvé-je déplorable que les visiteurs de son exposition la quittent avec une réponse achevée au lieu d’interrogations— dans la conviction d’avoir appréhendé l’idée d’évolution de Steiner avec les «yeux de l’esprit» comme «avec les yeux du corps» — et à cause de cela avec d’autant moins de contention cognitive personnelle. Car, selon Hueck, la chose est toute simple : l’animal descend spirituellement de l’être humain et physiquement l’être humain descend de l’animal ![30]

Tout un chacun biologiste de l’évolution darwiniste peut vivre avec une telle représentation. Si notoirement l’animal, vu «spirituellement seulement», descend de l’être humain, l’axiome du matérialisme scientifique n’est pas remis en cause et, d’un autre côté, l’anthroposophie se voit dégradée en une sorte de simple croyance. Or l’anthroposophie, à laquelle Steiner octroie une vertu évolutive capable de métamorphoser la civilisation, est-elle capable de remplir sa mission de cette façon ? Que signifient dès lors «Exerce le souvenir de l’esprit !», «Exerce la présence de l’esprit !» et «Exerce la contemplation de l’esprit !» ? Assurément pas, ranger les paroles de Steiner, à l’instar de trouvailles fossiles, sur les fils ténus de ses propres représentations intellectuelles, pour les porter autour du cou à l’encontre des idées évolutives darwinistes en guise de bijoux précieux.[31]

Précisément la question de l’hominisation physique devrait être nonobstant une occasion, pour le moins en le devinant, de constater qu’elle pose plus de questions que de réponses, car on ne peut pas répondre à cette question déterminée sans quitter le terrain solide des habitudes du penser abstrait, dans un élargissement créateur de ses propres facultés cognitives. Rien que l’idée d’une corporification molle, si on la prend réellement au sérieux, doit nécessairement retirer le sol sous les pieds de la spéculation darwiniste ainsi qu’à la représentation d’une ligne de descendance courante, qui ne résiste pas à une considération phénoménologique véritable. 

Seulement — et de cela je suis convaincue — les signes scripturaux des phénomènes se laissent lire sur un terrain plastique, au plus vrai sens du terme, et appréhender par des idées vivantes qui ne peuvent déboucher sur aucune théorie abstraite, mais au contraire sur une vision intuitive réelle des faits spirituels concrets. Jusqu’à présent, on devrait s’abstenir, selon moi, de cimenter des réponses qui rabattent et repassent en les écrasant «tout ce qui fait des plis», à l’instar de ce qu’a formulé si joliment Klaus Christ dans sa lettre : «en s’exerçant à la retenue intellectuelle !». 

Jeanette Adamczik.
Die Drei 8/2019.
(Traductuon Daniel Kmiecik) 

Réponse de Christoph Hueck : 

La critique réitérée de Jeanette Adamczik me donne l’occasion de clarifier un autre aspect du penser évolutif contemplant intuitivement . Elle trouve que «quelque chose qui n’est plus plastique» ne pût pas évoluer jusqu’à l’être humain actuel. C’est totalement juste, moi aussi je trouve cela ! C’est aussi, en effet, ne vous en déplaise, que cela va de soi. Mais Madame Adamczik ne prend pas en compte que les crânes d’enfant des êtres Hominidés primitifs ont déjà anticipé l’avenir — au contraire des crânes adultes — non seulement encore de manière plastique (bien qu’ils ont été fossilisés malgré cela) mais encore le pas évolutif suivant apparut à chaque fois déjà dans leur forme, tous ensemble, avec la régression progressive de la formation de la gueule. 

evolution des cranes

Développement et évolution des crânes des Singes anthropomorphes, Hominidés primitifs et de l’être humain (tiré de l’ouvrage de Christoph Hueck : Métamorphoe êter humain & animal, Stuttgart 2018, p.37) 

Par ailleurs les formes crâniennes embryonnaires des êtres humains primitifs doivent être tout aussi sphériques que celles des Singes actuels. Chacune de ces configurations part donc d’une forme crânienne archétype. Or chez l’être humain actuel cette forme archétype originelle demeure le plus souvent conservée (à savoir que l’être humain demeure au plus proche de sa forme embryonnaire), chez les Hominidés primitifs, cette forme originelle se déplace vers la formation des os faciaux adultes. Dans l’hominisation opère par conséquent une vertu stagnante d’endiguement, celle du Je spirituel [ou bien à savoir de la jé-ité (Ichsamkeit), un terme heureusement forgé par la philosophe Salvatore Lavecchia, ndt]. Au cours de l’évolution, cette vertu d’endiguement de la forme refoule encore tout d’abord le crâne analogue à l’animal des Hominidés primitifs vers la forme archétype embryonnaire. Madame Adamczik n’a guère  besoin de se représenter qu’une gueule, qui s’est un jour développée vers la forme adulte, eût besoin de régresser — car elle ne le fait notoirement pas. Mais chez des enfants, petits-enfants et arrières-petits-enfants des Hominidés primitifs «porteurs de gueule» ils ont progressivement été dotés d’une gueule de moins en moins proéminente — et à cause ou pour cela en étant de plus en plus «cérébralement» dotés [le paradoxe, ici, est biochimique : la jé-ité a donc opéré sur la partie antérieure récente du cerveau humain —  celle avide et grosse consommatrice de glucose en tant qu’organe gluco-dépendant (à ce sujet voir chez Ellipses et en français ! de René Cacan, [anc. Professeur de biochimie à l’Université de Lille I] : Régulation métabolique, ISBN 978-2-7298-3893-5) où siégerait donc, avec cela, l’intellectualité soi-disant rationnelle et calculatrice. Ndt] — elle devrait pourtant le concéder. C’est justement cela qu’on voit dans les phénomènes. La même conformité aux lois, comme dans l’ontogenèse des crânes de singe et d’être humain, on la trouve aussi dans  la «lignée de descendance» des feuilles d’une plante annuelle phanérogame [plante annuelle à fleurs et à graines, ndt]. Chez les végétaux aussi la forme ultime de la feuille haute [juste avant l’apparition du bouton, ndt] est au plus proche de la forme de départ «embryonnaire» de toutes les feuilles et on constate ici aussi que les feuilles plus jeunes, encore très plastiques [succulentes et tendres, ndt] précèdent celles plus tardives «durcies» [plus coriaces et fibreuses, ndt]. Madame Adamczik y voit une comparaison non idoine, moi, j’y vois un secret manifeste. Tout cela qui s’étale soudain si merveilleusement devant les yeux et qui ne s’ouvre nonobstant qu’à une contemplation sensible-suprasensible, on peut bien entendu ne pas le voir,  lorsque, de manière dogmatiquement représentative, on se cramponne à une «corporification molle (Weichkörperigket)» (ce qui renferme bien une contradiction en soi, en effet). 

Si Madame Adamczik continuait de lire un jour Rudolf Steiner un peu plus loin, alors elle trouverait des idées sur l’évolution de l’être humain et de l’animal qui ne se laissent tout simplement pas mettre en accord avec le principe de l’être humain de corporification molle dont descendent tous les Hominidés primitifs et les animaux. Ainsi, par exemple, celle qu’exposa Rudolf Steiner — effectivement à partir de 1916 et sans cesse ensuite — que le chef humain descend de fait des animaux [des Invertébrés, parmi lesquels le crabe, par exemple : à savoir, une carapace entourant un tissu très mou, ndt], mais précisément la tête seulement et non pas le reste du corps32 Ici c’est la tâche pour une recherche et une discussion sérieuse, et non pas pour une polémique. 

Christoph Hueck
(Traduction Daniel Kmiecik) 

 

Notes

 

Note de la rédaction : Pour rappel, les numéros de page des ouvrages de Rudolf Steiner mentionnés dans les notes de bas de page, concernent l'édition allemande de son oeuvre, et non pas les éditions en langue française.

 

[1] À Stuttgart, Francfort-sur-le-Main, Hambourg et actuellement, jusqu’au 1er juin 2019, à la Maison Rudolf Steiner de Fribourg-en-Brisgau (Starkenstr. 36, D-79104 Fribourg). D’autres lieux d’exposition sont La libre école Waldorf de Tübingen (Rotdornweg 30, D-72076 Tübingen) du 15 au 30 juillet ainsi que la Johannes Schule (Monumentenstr. 13 A/B, D-10829 Berlin-Schöneberg) du 29 octobre au 8 décembre 2019. Autres informations sous l’adresse www.metamorphose-mensch-tier.de   

[2] Johann Wolfgang von Goethe/ Morphologie — quelques remarques dans du même auteur : Œuvres complètes, Édition de Munich, vol. 12, Munich 1989, p.84. 

[3] Que cette méthode n’élève pas la prétention de découvrir des vérités seulement valables, cela va de soi. Au contraire, elle délivre des manières de voir sur les phénomènes qui sont complétées et éclairées par d’autres. 

[4] Voir, par exemple, la conférence du 22 août 1919 dans Rudolf Steiner : Anthropologie générale comme fondement de la pédagogie (GA293), Dornach 1992, p.42 ; la conférence du 9 avril 1922 dans du même auteur : Afin que l’être humains devienne totalement humain (GA82), Dornach 1994, pp.89 et suiv. 

[5] Conférence du 26 novembre 1920, dans du même auteur : Le pont entre la spiritualité du monde et le physique de l’être humain (GA202), Dornach 1993, p.21. 

[6] Pour le dire exactement chez possiblement le premier ancêtre humain ayant adopté la station verticale, le Sahelanthropus tchadensis. Les indications de temps données par les sciences naturelles peuvent ici être comprises comme des indications relatives, à partir de la vision anthroposophique des choses. [Par ailleurs elles partent d’un a priori basé sur un  «écoulement» du temps régulier à l’instar de l’actuel — à ce qu’il semble — or l’évolution a toujours progressé par bonds, ce qui relativise d’emblée un «écoulement» régulier du temp. Ndt

[7] Conférence du 23 janvier 1908, dans du même auteur : La connaissance de l’âme et de l’esprit (GA 56), Dornach 1985, pp.189 et suiv. [Cette image archétype est apparue au plus purement au plan physique chez Jésus de Nazareth, lord du baptême du Jourdain, en tant que porteur du Logos créateur de toutes choses qui existent. Ndt].

[8] Conférence  du 17 mai 1910 : Les manifestations du Karma (GA120) Dornach 1992, p.53. 

[9] Conférence du 26 juin 1907 dans, du même auteur : Évolution de l’humanité et connaissance du Christ (GA100), Dornach 1981, p.138. 

[10] Rudolf Steiner : Le principe d’économie spirituelle (GA 109/111), Dornach 2000, p.242. 

[11] Voir par exemple, Wolfgang Schad : Affe und Mensch — Wer stammt von wem ab? [Singe et être humain — qui descend de qui ?] dans Erziehungskunst 6/2009. 

[12] Par manque de place, je ne peux ici qu’évoquer cela de manière fugace ; j’ai présenté un contenu plus détaillé dans l’essai : Die Tiere stammen von Menschen ab [Les animaux descendent de l’être humain] — et pas l’inverse sur mon site web www.andreas-delor.com   

[13] Une version plus longue avec des citations détaillées de Rudolf Steiner est accessible à l’adresse : https://akanthosakademie.acaedemia.edu/ChristoophHueck [Les deux articles sont traduits en français et disponibles sans plus auprès du traducteur (DDCH1017.Doc & DDCH1117.DOC). Ndt

[14] Conférence du 7 juillet 1906, dans Rudolf Steiner : Cosmogonie (GA 94), Dornach 2001, pp.165 et suiv. 

[15] Conférence du 17 mai 1910, dans, du même auteur : La manifestation du Karma (GA120), Dornach 1992, p.52. 

[16] Conférence du 21 juin 1908, dans, du même auteur : L’Apocalypse de Jean (GA104), Dornach 1985, p.94. 

[17] Conférence du 15 avril 1918 dans, du même auteur : L’élément éternel en l’âme humaine. Immortalité et liberté (GA67), Dornach 1992, p.270. 

[18] Conférence du 18 janvier 1912 dans, du même auteur : Histoire de l’être humain à la lumière de la recherche spirituelle (GA 61), Dornach 1983, p.277. 

[19] Une désignation systématique pour le groupe des Singes anthropomorphes et êtres humains. 

[20] Conférence du 7 juillet 1906, dans GA 94, pp.165 et suiv.

[21] Conférence du 22 novembre 1907 dans Évolution de l’humanité et connaissance-Christ (GA100), Dornach 1981, p.248. 

[22] Dankmar Bosse a décrit ces contextes dans son ouvrage : Die gemeinsame Evolution von Erde und Mensch 

[l’évolution commune de la Terre et de l’être humain] (Stuttgart 2002) d’une manière très compréhensible. On trouvera une fondation épistémologique de cette idée dans mon ouvrage:  Evolution im Doppelstrom der Zeit —Die Erweiterung der naturwissenschaftlichen Entwicklungslehre durch die Selbsanschauung der Erkennens (L’Évolution dans le double courant du temps — L’élargissement de la doctrine de l’évolution dans les sciences de la nature par l’auto-observation intuitive du connaître] (Dornach 2012). 

[23] Rudolf Steiner : Instructions pour une école ésotérique (GA 245), Dornach 1987, pp.41-43. [D’autres précieuses indications se trouvent aussi à propos de la vertu du «Je Suis» dans les conférences de l’Évangile de Jean (GA103), pourvu que la traduction française ait été précise. Ndt

[24] Conférence du 15 avril 1918 dans GA67, pp.272 et suiv. [L’erreur à ne pas faire ici c’est justement de croire ici que cet organe du penser fût le cerveau, lequel par sa mort prématurée est devenu le simple miroir de cet organe. Pour éviter cela, relisez tous les travaux de Lucio Russo et vous serez vaccinés alors contre une telle erreur ! Ndt

[25] Voir Jos Verhulst : Der Erstsgeborene. Mensch und höhere Tiere in der Evolutio,, Stuttgart [or, il faut le signaler : traduit en français chez aethera, pour Triades, Paris 2007: L’Homme, premier-né de l’Évolution].Enfin, on devrait aussi prendre en compte le fait que Rudolf Steiner, à partir de 1916 expliqua d’une manière résolue et avec insistance la tête humaine (et seulement celle-ci) comme étant originaire de l’animal [plus exactement même des Invertébrés, ndt], alors que la colonne vertébrale et les membres sont des formations autonomes. [résultats (aussi karmiques) régressif en fait de la tête de l’incarnation précédente. Ndt] Cette idée aussi requerrait une investigation détaillée, voir la conférence du 21 octobre 1916 dans du même auteur : Impulsions d’évolution de l’humanité. Goethe et la crise du 19ème siècle (GA171), Dornach 1984, pp.290 et suiv. 

[26] Un caractérisation récapitulative pour tout ce qui [à l’instar du miracle de l’infirme à la piscine de Bézatha «s’étant levé et s’étant mis à marcher ! Ndt] se tient debout depuis Sahelanthropus jusqu’à l’être humain actuel. 27 Voir à ce sujet pareillement mon ouvrage : Evolution im Doppelstrom der Zeit. 

[27] On ne peut pas tout faire dans chaque essai Par exemple, pour une caractérisation phénoménologique de l’Homo nadeli, voir mon essai :Découverte de  l’Homo nadeli. Réflexion au sujet du rythme de l’hominisation dans Die Drei/2015 [Traduit en français (DDCH1115.DOC) et disponible sans plus auprès du traducteur, Ndt

[28]

[29] Conférence du 5 octobre 1905, dans Rudolf Steiner : L’énigme du monde et l’anthroposophie (GA54), Dornach 1983, pp.19 et suiv. 

[30]  Voir la déclaration de Christoph Hueck dans l’interview de Christine Pflug : «Selon Steiner les animaux sont des excrétions de l’être humain spirituel, ils descendent véritablement de lui., et non pas lui d’eux. Vu physiquement, l’organisme humain a pris bien entendu naissance de l’organisme animal.» — www.hinweishamburg.de/interview/ueber-die-evolution-des-menschen-und-der-tiere/ 

[31] Découvrir une citation de Steiner pour sa propre idée, ce n’est pas une preuve convaincante pour moi d’une méthode qui veut trouver  «l’esprit dans le monde sensoriel», selon Hueck. Selon moi, des idées «anthroposophiques» se laissent découvrir pour ce que chacun veut penser, il peut trouver des citations pour les appuyer, mais c’est aussi le cas pour l’autre, à savoir que des citations de Steiner se laissent découvrir qui prouvent exactement le contraire de ce que ce qu’on a voulu précisément prouver par une citation de Steiner ! Sur la base de ce fait qui mène, selon le style académique (?) à des discussions indicibles (!? unsäglichen Diskussionen), on peut remarquer qu’on se meut sur un plan purement intellectuel sur lequel on avance ou l’on retire des arguments tels des cubes d’un jeu d’enfant. 

[32] Rudolf Steiner : Impulsions évolutives intérieures de l’humanité. Goethe et la crise du dix-neuvième siècle (GA 171), Dornach 1984, pp.277-295 ; du même auteur : Anthropologie générale comme base de la pédagogie (GA293), Dornach 1992, pp.146-159 ; du même auteur : La mission de Michaël (GA194), Dornach 1994, pp ;27-44 ; du même auteur : Correspondances entre microcosme et macrocosme (GA201), Dornach 1987, pp.193-204 ; du même auteur : La réalité des mondes supérieurs (GA79), Dornach 1988, pp.139-170 ; du même auteur : L’évolution saine de l’être humain (GA 303), 1987, pp.177-196. 

 

Vidéo - Visite guidée de l'exposition

 

  • Sur Youtube
  • Sous-titres

 

Visite guidée de l'exposition Métamorphose humaine & animale par Christoph Hueck - une vision holistique et empathique de la forme et de l'évolution de l'homme et des animaux.

La vidéo est en langue allemande. Le cas échéant, nous vous invitons à activer les sous-titres sur Youtube (la traduction automatique est toutefois mauvaise, nous l'avons testée. En règle générale, les traductions automatiques de l'allemand vers le français sont de mauvaise qualité sur Youtube).

 

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