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 « Le problème le plus important de toute la pensée humaine : Saisir l'être humain en tant qu'individualité libre, fondée en elle-même »
Vérité et Science, Rudolf Steiner

   

Citation
  • « (...) le mort ne peut faire l'expérience de son entourage spirituel que dans la mesure où il a déjà acquis sur le monde spirituel les pensées qu'un homme peut former sur la terre. Voyez-vous, bien des gens disent de nos jours : qu'avons-nous besoin de nous soucier de la vie après la mort ? Nous pouvons bien attendre d'être morts, et nous verrons bien ce qui se passe. - C'est là une idée tout à fait fausse. On ne voit rien du tout après la mort si l'on ne s'est formé pendant la vie aucune idée du monde spirituel, si on a vécu en matérialiste. »

    Christiana (Oslo), 17 mai 1923 – GA226

    Rudolf Steiner
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William Adolphe Bouguereau 1825-1905 - The Day of the Dead 1859 

Extrait de la neuvième conférence du cycle « Macrocosme et microcosme »
Vienne, 29 mars 1910
Rudolf Steiner – GA119
2e édition - Éditions Anthroposohiques Romandes
Traduction : Christian Lazaridès
 

Note de la rédaction : Nous ne pouvons que recommander chaleureusement la lecture du cyle de conférences "La pensée humaine et la pensée cosmique" de Rudolf Steiner (GA151) dans lequel il développe considérablement la thématique mentionnée dans le présent extrait de conférence, notamment en abordant les multiples façons de penser les conceptions du monde, qui chacune ont leur fondement et leur place.

  

(…) il est nécessaire, en s’élevant dans les mondes supérieurs, de ne pas se satisfaire d’un seul point de vue. À nouveau il faut s’entraîner à cela ; là encore, on peut être à même d’éviter la confusion si, déjà dans le monde physique, on s’est quelque peu habitué à penser que l’unique salut dans la vie humaine ne vient pas en fait de la considération unilatérale d’un seul point de vue. Parmi les gens de notre époque il y en a qui sont des matérialistes et d’autres sont spiritualistes, d’autres monistes, et d’autres monadologistes. Les matérialistes déclarent que tout est matière avec ses lois. Les spiritualistes affirment que tout est esprit et n’accordent de valeur qu’à l’esprit. Les monistes déclareront que l’on doit expliquer les choses en partant de l’unité. Et les monadologistes affirmeront : on doit admettre beaucoup de choses isolées et, à travers l’action commune des éléments isolés, le monde apparaît dans sa multiplicité. Les gens se combattent au cours de discussions dans le monde extérieur, les matérialistes contre les spiritualistes, les monistes contre les monadologistes. Ils se bagarrent et se chamaillent tant qu’ils peuvent dans le monde extérieur. Mais celui qui veut se préparer à une connaissance véritable dans les mondes supérieursdoit pouvoir tenir compte de ce qui suit. Il doit pouvoir se dire : le matérialisme a son bien-fondé.

Nous devons acquérir cette pensée à laquelle se livre le matérialiste, la pensée sur les lois matérielles, mais nous ne devons le faire que pour le monde matériel ; nous pourrons comprendre ce dernier grâce à de telles lois. Et si nous allons vers le monde matériel sans vouloir le comprendre avec les lois matérielles, nous ne parvenons alors à rien en ce qui concerne ce monde. Celui qui ne veut pas expliquer le monde matériel à la façon qu’utilise le matérialiste pour expliquer l’ensemble de l’univers, celui-là n’ira pas loin. Si quelqu’un veut expliquer ce qu’est une montre et dit : «Oh c’est simple, il y a deux petits démons dedans qui poussent les aiguilles», nous nous moquerons de lui et nous dirons : «Tu ne nous expliques rien du tout avec tes deux démons!» Le seul qui soit utile dans ce cas, c’est celui qui nous explique le mécanisme de la montre selon les lois du monde matériel. Mais il ne nous explique cependant qu’un mécanisme, et dans le cas des astres par exemple, cela ne nous explique que le mouvement mécanique extérieur. L’erreur ne consiste pas dans le fait de faire sienne la pensée matérialiste mais dans le fait de se dire : « J’ai la possibilité d’expliquer ainsi l’univers entier ; il n’y a absolument pas d’autre manière de penser. » Haeckel, par exemple, ne commet pas cette erreur tant qu’avec les lois de la morphologie matérialiste il explique les choses dans lesquelles règne ce type de forces. Si avec les lois de la morphologie matérialiste il en était resté à un certain type de phénomènes, il aurait pu alors être au plus haut point utile à l’humanité. Quant à ceux qui se sont mis à mélanger n’importe quoi dans ce domaine, cela fait penser aux deux démons des aiguilles dans la montre, qui ne nous expliqueraient rien sur la question.

Ainsi donc nous dirons : il est utile de faire sienne la pensée matérialiste mais il est nécessaire de savoir que la pensée matérialiste ne se justifie que dans un domaine déterminéDe même il est nécessaire de faire sienne la pensée spirituelle dans les domaines qui conviennent, là où règnent les lois de la spiritualité, et de ne pas vouloir expliquer cela selon les lois mécaniques. Si quelqu’un dit : «Tu arrives avec une psychologie bien particulière qui doit avoir ses propres lois ; mais laisse-moi t’expliquer : là, à l’intérieur du cerveau se produisent des phénomènes particuliers et cela t’apparaît en tant que pensée», nous dirons alors : «Tu as seulement fait l’erreur inverse de celui qui veut expliquer le mouvement des aiguilles de montre par l’action de deux démons.» Pas plus qu’on ne peut faire cela, on ne peut expliquer la pensée par les mouvements des atomes dans le cerveau. Ou alors par exemple celui qui veut expliquer la fatigue qui s’installe le soir en disant : «Les substances toxiques s’accumulent», peut donner ainsi une explication correcte pour l’aspect extérieur ; mais pour l’aspect intérieur il n’explique rien du tout. Il s’agira alors d’éclairer la chose par l’autre côté, avec l’explication spirituelle.

Il en est de même avec ce qu’on appelle monisme et monadologie. Il est tout à fait exact que si on essaie d’expliquer l’univers sous le rapport de l’harmonie qui règne en lui, on doit arriver à une unité ; mais c’est un appauvrissement que de tout ramener à une unité abstraite. Les philosophes qui veulent seulement arriver à une unité ont toujours démontré qu’ils n’ont en fin de compte rien du tout. J’ai connu un monsieur intelligent qui n’aspirait qu’à pouvoir expliquer l’univers entier en deux phrases, à la façon moniste, logiquement moniste. Il arriva une fois vers moi avec une joie énorme et dit : «J’ai maintenant deux phrases tout à fait simples et, avec elles, je peux expliquer tout le ‘bric-à-brac’.» Il entendait tout simplement par le «bric-à-brac» l’ensemble de l’univers ! Il était prodigieusement réjoui de pouvoir résumer en deux phrases exprimant des pensées abstraites les phénomènes de l’univers entier. C’est quelque chose qui montre le caractère unilatéral d’une explication moniste. Le monisme peut être quelque chose que nous ayons en vue tel un grand but, où toutes les pensées pour expliquer l’univers se concilieraient finalement dans une grande harmonie. Le monisme doit être complété par les pensées monadologiques en partant des points de vue les plus divers pour arriver finalement à une unité.

En se glissant en quelque sorte ainsi dans les points de vue les plus différents sur le monde, en prenant l’habitude de rechercher objectivement ce qui est juste dans chacun des points de vue, on peut s’éduquer à ce dont on a si nécessairement besoin pour pénétrer dans les mondes supérieurs, c’est-à-dire une conception des choses à partir des points de vue les plus différents.

 

[Caractères gras et italiques S.L.]

Rudolf Steiner

 

Note de la rédaction
Un extrait isolé issu d'une conférence, d'un article ou d'un livre de Rudolf Steiner ne peut que donner un aperçu très incomplet des apports de la science de l'esprit d'orientation anthroposophique sur une question donnée.

De nombreux liens et points de vue requièrent encore des éclairages, soit par l'étude de toute la conférence, voire par celle de tout un cycle de conférence (ou livre) et souvent même par l'étude de plusieurs ouvrages pour se faire une image suffisamment complète !
En outre, il est important pour des débutants de commencer par le début, notamment par les ouvrages de base, pour éviter les risques de confusion dans les représentations.

Le présent extrait n'est dès lors communiqué qu'à titre indicatif et constitue une invitation à approfondir le sujet.
Le titre de cet extrait a été ajouté par la rédaction du site  www.soi-esprit.info   

 À NOTER: bien des conférences de Rudolf Steiner qui ont été retranscrites par des auditeurs (certes bienveillants), comportent des erreurs de transcription et des approximations, surtout au début de la première décennie du XXème siècle. Dans quasi tous les cas, les conférences n'ont pas été relues par Rudolf Steiner. Il s'agit dès lors de redoubler de prudence et d'efforts pour saisir avec sagacité les concepts mentionnés dans celles-ci. Les écrits de Rudolf Steiner sont dès lors des documents plus fiables que les retranscriptions de ses conférences. Toutefois, dans les écrits, des problèmes de traduction peuvent aussi se poser allant dans quelques cas, jusqu'à des inversions de sens !
Merci de prendre connaissance
d'une IMPORTANTE mise au point ici.

 

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