Extrait du cycle de conférences « Macrocosme et Microcosme »
4ème conférence - Vienne 24 mars 1910
Rudolf Steiner – GA119
« (...) Même s'ils ne l'expriment pas ainsi, les gens d'aujourd'hui pensent bien ainsi: 'Bah, que nous importe ce courant dans le monde [ndt: la science de l'esprit, l'anthroposophie]! Nous préférons en rester à cette vie telle qu'elle s'est écoulée jusqu'ici. On serait en fin de compte amené à s'apercevoir de quelle façon lumière et ténèbres se mêlent en nous-mêmes. Jusqu'à présent les puissances spirituelles se sont chargées de ce que l'histoire ne se désorganise pas; maintenant nous risquerions d'apprendre nous-mêmes là-dessus quelque chose et d'apporter du désordre dans l'histoire. Aussi, mieux vaut ne pas s'y aventurer!' On pourrait aboutir à un tel sentiment, et il y en a beaucoup aujourd'hui qui sont dans l'attitude de se dire: 'Nous voulons manger et boire, développer la force nécessaire vers l'extérieur, mais nous ne voulons pas aller plus loin, nous laissons les dieux s'en occuper, comme ils l'ont fait jusqu'à présent.'
Au fond, ce ne serait pas une objection déraisonnable, car il est vrai que jusqu'ici, jusqu'à leur degré actuel d'évolution, les hommes ont pu puiser, au cours du sommeil, suffisamment de forces ; les forces du macrocosme étaient présentes, l'âme s'en est abreuvée. Ce que ces grandes entités spirituelles ont emmagasiné a été apporté à l'âme. Jusqu'à présent il en fut ainsi. Mais on ne doit pas en rester aux abstractions; sur ce terrain justement, il faut s'en tenir à la réalité, et cette réalité nous apparaît telle, que les bases spirituelles de notre vie dans l'univers aussi se modifient d'époque en époque.
Ces puissances universelles auxquelles nous nous adonnons chaque nuit ont, depuis le début, depuis le moment où un être humain a commencé à se développer, compté sur cet être ; elles ont compté avec le fait que puisse affluer, à partir de la vie humaine aussi, de la lumière, {pour s'ajouter à la lumière qui afflue d'en haut}. Elles n'ont pas un réservoir inépuisable de lumière et celui-ci diminue peu à peu; il laissera s'écouler {vers la vie humaine} des forces progressivement de plus en plus faibles, si une force nouvelle, si une lumière nouvelle ne vient pas confluer dans la lumière universelle et le sentiment universel général, à partir de la vie humaine même, par le travail sur la pensée humaine, sur le sentiment et la volonté de l'homme, par le travail en vue de l'accession dans les mondes supérieurs.
Et cette époque où il est nécessaire que les hommes deviennent réellement conscients qu'ils ne doivent pas seulement se contenter de ce qui afflue vers eux, mais qu'ils doivent y travailler de leur côté, cette époque est justement la nôtre. Ce n'est en aucune façon un idéal ordinaire que se propose la science de l'esprit. Elle ne travaille aucunement comme d'autres courants et conceptions du monde qui se passionnent pour un idéal ou un autre et ne peuvent que les prêcher aux autres. Ce n'est pas une telle impulsion que l'on trouve chez ceux qui aujourd'hui font connaître la science de l'esprit à partir de la mission liée à l'évolution universelle. Mais l'on trouve chez eux la connaissance du fait que certaines forces qui sont dans le macrocosme commencent à s'épuiser et que nous allons vers un avenir où, si l'homme ne travaillait pas au développement de sa propre âme, ces forces commenceraient à trop peu affluer de ces mondes supérieurs, du fait que la quantité des forces déversées commence peu à peu à s'épuiser.
Nous vivons à cette époque. C'est pourquoi la science de l'esprit doit faire son entrée dans le monde. Ce n'est pas à partir d'une impulsion arbitraire, mais à partir de la nécessité même de notre époque que la science de l'esprit doit voir le jour, afin de pouvoir amener les hommes à remplacer ce qui est épuisé en tant que forces venant d'en haut. La science de l'esprit tire ses impulsions de cette connaissance issue du temps présent et elle n'agirait pas déjà aujourd'hui s'il n'y avait pas ce fait ; elle laisserait tranquillement l'évolution de l'humanité se poursuivre d'elle-même comme jusqu'à présent. Mais elle prévoit que s'il ne se trouve pas dans les prochains siècles un nombre suffisant d'êtres humains pour travailler à s'élever dans les mondes spirituels, le genre humain attirera toujours moins de forces de ces mondes spirituels et qu'il s'ensuivra un appauvrissement des hommes en force spirituelle, une désertification générale de la vie humaine. Les êtres humains deviendraient faibles pour ce qu'ils ont à faire dans le monde. Un dessèchement aurait lieu pour le genre humain comme pour un arbre qui n'a plus de sève et qui commence à faire du bois sec. Jusqu'à maintenant la force a été apportée du dehors au genre humain et ceux qui ne considèrent que la vie extérieure, qui vivent sans réfléchir et croient que le monde extérieur est le seul à exister, ne savent rien des changements qui s'effectuent à l'arrière-plan de ce monde sensible. Parmi ces changements importants, il y a le tarissement des forces spirituelles et la nécessité que de telles forces soient générées par les hommes eux-mêmes. Si la suite de l'évolution de l'humanité était laissée à ceux qui ne s'en tiennent qu'au monde physique extérieur, alors adviendrait un dessèchement, une désertification de tout le genre humain sur la Terre.
Nous avons touché là le point le plus profond à partir duquel l'investigateur spirituel tire la conscience qu'il faut faire connaître la science de l'esprit, afin que les hommes puissent se trouver devant l'alternative libre de collaborer au travail qui de cette façon est devenu nécessaire, ou de ne pas collaborer. (...) » [Caractères gras C.L.]
Rudolf Steiner
Note de la rédaction À NOTER: bien des conférences de Rudolf Steiner qui ont été retranscrites par des auditeurs (certes bienveillants), comportent des erreurs de transcription et des approximations, surtout au début de la première décennie du XXème siècle. Dans quasi tous les cas, les conférences n'ont pas été relues par Rudolf Steiner. Il s'agit dès lors de redoubler de prudence et d'efforts pour saisir avec sagacité les concepts mentionnés dans celles-ci. Les écrits de Rudolf Steiner sont dès lors des documents plus fiables que les retranscriptions de ses conférences. Toutefois, dans les écrits, des problèmes de traduction peuvent aussi se poser allant dans quelques cas, jusqu'à des inversions de sens ! |
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