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 « Le problème le plus important de toute la pensée humaine : Saisir l'être humain en tant qu'individualité libre, fondée en elle-même »
Vérité et Science, Rudolf Steiner

   

Citation
  • « (...) le mort ne peut faire l'expérience de son entourage spirituel que dans la mesure où il a déjà acquis sur le monde spirituel les pensées qu'un homme peut former sur la terre. Voyez-vous, bien des gens disent de nos jours : qu'avons-nous besoin de nous soucier de la vie après la mort ? Nous pouvons bien attendre d'être morts, et nous verrons bien ce qui se passe. - C'est là une idée tout à fait fausse. On ne voit rien du tout après la mort si l'on ne s'est formé pendant la vie aucune idée du monde spirituel, si on a vécu en matérialiste. »

    Christiana (Oslo), 17 mai 1923 – GA226

    Rudolf Steiner
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Statue équestre présumée de Caligula au British Muséum

Extrait du reccueil de conférences « Les arrière-plans spirituels de la Première Guerre mondiale »
Stuttgart, le 15 mai 1917 - 11ème conférence
Rudolf Steiner – GA174b
Éditions anthroposophiques romandes (2010) -
Traduction : Jean-Marie Jenni

 

(…) les détenteurs du pouvoir à cette époque [Rome des Césars] aspiraient à autre chose qu’à ce qu’une vie humaine normale pouvait atteindre. Qui étaient ces hommes qui avaient la capacité de déployer leur pouvoir ? Le monde de l’initiation était certes assez vaste et important, l’initiation était répandue ici ou là par les Mystères et emplissait le monde culturel de cette époque. Mais que faisaient ces mystères ? Ils faisaient ce que disait Platon : ils élevaient l’homme au-dessus de la boue éphémère. Les détenteurs du pouvoir, à la quatrième période postatlantéenne, cherchaient avant tout dans l’âme un élément par lequel participer au monde spirituel. Selon le karma général de l’humanité il fallait attendre, avant de pénétrer dans les mystères, d’y être appelé. C’était généralement le cas en Grèce. Mais les Césars romains n’attendaient pas d’être appelés. Les Césars qui avaient attiré à eux le pouvoir de régner sur le monde d’alors pouvaient l’utiliser pour exiger d’être initiés aux mystères. C’est ainsi qu’on voit, à partir d’Auguste déjà, que les césars forçaient tels ou tels prêtres à leur donner l’initiation. 

Ainsi, cette quatrième période postatlantéenne présente la particularité suivante : d’une part il y a le principe des mystères, le savoir encore présent des mystères, mais un savoir voué progressivement à la disparition. Comme je l’ai dit ailleurs, ces mystères devaient disparaître pour faire place au mystère du Golgotha. D’autre part les prêtres étaient tenus sous la contrainte de dévoiler leurs secrets aux Césars romains. 

Auguste fut le premier césar romain de la quatrième période postatlantéenne à être ainsi initié, mais ses successeurs le furent également. Ils se distinguaient par leur être des autres initiés qui, eux présentaient les qualités morales requises notamment pour une telle initiation. Les césars romains, par leur toute puissance, exigeaient des prêtres qu’ils leur dévoilent les secrets de l’initiation.

Nous voyons par exemple que Caligula, un des successeurs d’Auguste, était initié. Ainsi, un homme comme Caligula connaissait les secrets du cosmos spirituel. Il savait que les impulsions du cosmos spirituel rejaillissent dans les âmes humaines, que le moi humain est un élément divin au sein de la divinité. Ce qui chez les prêtres constituait une sainte connaissance dans l’humilité constituait pour les Césars un symbole de la puissance extérieure. Car que savait Caligula ?

Tandis que les autres ne pouvaient que dévisager les figures mythologiques qui leur étaient parvenues des temps anciens et les adorer en tant que telles, un initié comme Caligula savait ce que ces dieux signifient. Il savait avant tout que l’homme appartient par son être intérieur à ce même monde. Il savait, par son expérience, qu’il appartient au même monde que les êtres spirituels qui étaient figurés par Bacchus, Hercule, Mercure, Apollon, Zeus. Caligula connaissait le secret que, lors d’un état proche du sommeil, on peut commercer avec ces êtres du monde lunaire. Ce que raconte précisément Caligula n’est pas un mythe, c’est une vérité, lorsqu’il prétend avoir commercé, dans le sommeil (mais ce n’est pas le sommeil, c’est un autre état de conscience), avec Luna, la déesse de la Lune, et en avoir retiré une nourriture pour la conscience de son pouvoir. En moi vit le monde, se disait-il, car je vis dans le monde. En regardant les dieux, il se voyait lui-même comme un dieu parmi les dieux. Et les césars romains, ainsi initiés, prenaient cela très au sérieux. Le prêtre initié savait comment on accède à la demeure des dieux, et c’est ainsi que les césars usurpaient le commerce avec les dieux. Caligula parlait toujours de «son frère Jupiter», de «son frère Zeus». Caligula demanda un jour à un tragédien, qui de lui ou de Jupiter était le plus grand et, devant l’hésitation du pauvre tragédien, il le fit fouetter. Ce ne sont pas des mythes, ce sont des faits réels. Cela explique les cortèges où Caligula se présentait au peuple déguisé en Bacchus orné de thyrses et de lierre ; il avait la conscience qu’il lui était permis de se présenter sous les figures qui représentaient les dieux. Il se présentait en Hercule en peau de lion et armé d’une massue, en Hermès avec le bâton ailé, en Apollon avec les rayons du Soleil et ses chœurs. Il se présentait ainsi à son peuple pour faire prendre conscience qu’il n’était pas homme mais dieu. Le monde romain montrait alors, en ces temps, la face mesquine de ce qui était grand chez les Grecs. Personne ne comprenait mieux cela qu’un Caligula ou, plus tard, un Commode, autre empereur initié. Caligula entendit un jour qu’un jugement avait été rendu où l’accusé fut condamné à mort. On le lui rapporta car c’était un cas particulier. Caligula dit alors qu’on aurait tout aussi bien pu condamner à mort le juge car il ne valait pas plus que l’autre. C’est ainsi qu’il voyait la moralité de son époque. 

Dans le monde romain apparaît ainsi véritablement l’antipode du monde grec. On ne se représente plus du tout quelle attitude intérieure prévalait au temps des césars romains. Or il est nécessaire que nous puissions nous en forger une représentation, car c’est une des racines dont a découlé notre cinquième époque culturelle, notre époque actuelle.

Néron était également un empereur initié. C’est ce qui lui a permis de comprendre une chose bien particulière. Les initiés savaient, à cette époque- là, que le développement de l’humanité était allé en descendant jusqu’à un certain point et qu’il devait nécessairement remonter, mais qu’il devait également se spiritualiser. C’est ce qu’on entend en réalité avec la notion de « parousie », la nouvelle ère dont parte également le Christ.

Si vous comparez ce qui vivait dans la culture de l’ancienne Grèce avec ce qui vint ultérieurement, vous trouverez qu’à ces anciennes époques l’élément spirituel se manifestait en quelque sorte à travers le corps physique. Puis cela s’est éteint. Il ne se manifeste plus, il s’agit maintenant de le retrouver d’une autre manière. L’homme ne peut plus trouver l’élément spirituel à travers ce qu’il voit de ses yeux ou entend de ses oreilles. Les règnes des cieux se manifestaient autrefois à travers les corps, et maintenant il faut aller les chercher au fond de l’esprit. Les règnes des cieux doivent s’approcher de l’homme. C’est la prophétie de Jean Baptiste. C’est ce que le Christ entendait également par la notion de « parousie ». Or les théologiens sont actuellement encore d’avis que ce que le Christ a prophétisé par le terme de « parousie » doit être une transformation physique de la terre. Helena Petrovna Blavatsky en fait autant et critique chez le Christ la notion de « parousie », c’est-à-dire l’approche du règne des cieux, en disant : l’approche des cieux sur terre a été prophétisée, or le blé sur terre n’est pas devenu meilleur, les vignes ne portent pas davantage de fruits ; il n’est donc pas descendu de cieux sur terre. 

Tous ceux qui tiennent ce genre de discours n’ont tout simplement pas compris les paroles du Christ ni celles de Jean Baptiste, car la parousie s’était déjà produite : les cieux étaient descendus sur terre par le fait que le Christ était descendu dans le corps de Jésus de Nazareth. Il faut comprendre qu’il s’agit d’un processus spirituel.

Mais un initié comme Néron connaissait cela par les mystères qui lui furent dévoilés ; mais il le refusait. Il conçut l’idée folle que, si le monde est voué à la descente,... eh bien qu’il disparaisse pour de bon ! C’est là le fond psychologique qui entraîna Néron à mettre le feu à Rome. Ce qu’il a réellement fait, car il voulait, tout du moins, jouir du spectacle du feu détruisant le monde. Néron méprisait totalement le monde. Il ne voulait pas admettre le renouveau issu du mystère du Golgotha. Mais quoique fou, Néron était tout de même un génie. L’initiation obtenue par la force, par sa toute-puissance, lui avait procuré de grandes idées, plus grandes que chez les autres, chez ceux qui n’avaient pas profité des mêmes conditions. C’est pourquoi Néron est en quelque sorte le premier psychanalyste de tous les temps, mais un psychanalyste grandiose, pas comme un Freud ou les mêmes que lui qui s’appellent autrement. Car Néron déifiait le corps physique, en ce sens que, comme un psychanalyste, il faisait monter l’élément de l’âme des tréfonds de l’inconscient. Le psychanalyste de nos jours se demande ce qu’il y a, là au fond de l’âme ? Il y a des déceptions, toutes sortes d’expériences éteintes, etc., et il ajoute : il n’y a, là au fond, que de la vase animale, rien de bien beau ! Lorsqu’on écoute aujourd’hui un psychanalyste, on a l’impression qu’il décrit un champ qui vient à peine de recevoir sa fumure et dans lequel on va semer les graines pour la saison prochaine, mais où on ne voit pour l’instant que le fumier nauséabond. C’est ainsi que le psychanalyste ne voit dans l’âme que son fumier, en comparaison imagée bien sûr. Il ne décèle pas la partie éternelle en l’âme, celle qui passe d’une vie à la suivante. C’est pourquoi la psychanalyse est si dangereuse, car elle accède bel et bien au subconscient mais, au lieu d’y voir la partie éternelle, elle n’y voit que la boue animale, tout comme on ne voit que le fumier et pas les graines qui y germent.

Néron était un grand psychanalyste : il disait qu’il n’y a dans l’être humain rien qu’une boue animale, tout le reste n’est qu’apparence ; autrefois, lorsque les êtres humains étaient encore dans la proximité des dieux, c’était différent, mais maintenant il n’y a plus en lui que la boue fondamentale animale, il n’y a plus chez lui la moindre parcelle de chasteté, tout est corrompu. C’est ce que disait Néron. 

On voit bien que, chez les initiés ayant extorqué l’initiation par la force, le monde devient matérialiste. On en était arrivé, dans ces cercles, à traduire tout l’ancien principe d’initiation spirituel en un principe matériel. Tant et si bien que Commode, qui ne se disait pas seulement initié mais également maître en initiation, devant frapper un de ses élèves d’un coup de sabre symbolique, le frappa réellement à mort. Au lieu de lui octroyer l’éveil spirituel par une mort spirituelle, il le frappa à mort ! Ceci pour Commode, c’était un initié ! C’est un fait historique.

[Caractères gras S.L.]

Rudolf Steiner

 

Note de la rédaction
Un extrait isolé issu d'une conférence, d'un article ou d'un livre de Rudolf Steiner ne peut que donner un aperçu très incomplet des apports de la science de l'esprit d'orientation anthroposophique sur une question donnée.

De nombreux liens et points de vue requièrent encore des éclairages, soit par l'étude de toute la conférence, voire par celle de tout un cycle de conférence (ou livre) et souvent même par l'étude de plusieurs ouvrages pour se faire une image suffisamment complète !
En outre, il est important pour des débutants de commencer par le début, notamment par les ouvrages de base, pour éviter les risques de confusion dans les représentations.

Le présent extrait n'est dès lors communiqué qu'à titre indicatif et constitue une invitation à approfondir le sujet.
Le titre de cet extrait a été ajouté par la rédaction du site  www.soi-esprit.info   

 À NOTER: bien des conférences de Rudolf Steiner qui ont été retranscrites par des auditeurs (certes bienveillants), comportent des erreurs de transcription et des approximations, surtout au début de la première décennie du XXème siècle. Dans quasi tous les cas, les conférences n'ont pas été relues par Rudolf Steiner. Il s'agit dès lors de redoubler de prudence et d'efforts pour saisir avec sagacité les concepts mentionnés dans celles-ci. Les écrits de Rudolf Steiner sont dès lors des documents plus fiables que les retranscriptions de ses conférences. Toutefois, dans les écrits, des problèmes de traduction peuvent aussi se poser allant dans quelques cas, jusqu'à des inversions de sens !
Merci de prendre connaissance
d'une IMPORTANTE mise au point ici.

 

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