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Site dédié à la Science de l'Esprit de Rudolf Steiner Anthroposophie

Questionnements, essais et contenus portant sur divers aspects liés à la science de l'esprit (science initiatique moderne) de Rudolf Steiner.
Beaucoup d'articles sur ce site requièrent un travail d'étude sérieux, portant sur des connaissances épistémologiques et ésotériques, pour être compréhensibles.

 

 « Le problème le plus important de toute la pensée humaine : Saisir l'être humain en tant qu'individualité libre, fondée en elle-même »
Vérité et Science, Rudolf Steiner

   

Citation
  • « Il est surtout nécessaire que les êtres humains daignent regarder, mais pas de manière irréfléchie, le fait que chaque être humain porte aussi en lui un être antisocial. On pourrait dire aussi, pour s'exprimer de manière plus prosaïque, qu'il est très important pour le salut de notre époque que les êtres humains cessent de se trouver si formidables. C'est en effet le trait caractéristique de l’être humain moderne. Il s'aime vraiment beaucoup. Et là, il vous faut à nouveau différencier : il apprécie particulièrement son penser, son ressentir, son vouloir, et une fois par exemple que ses pensées lui plaisent, il n'en démord plus. »

    Dornach, 6 décembre 1918 – GA186

    Rudolf Steiner
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(Temps de lecture: 58 - 115 minutes)

Pourquoi nous avons besoin de nouvelles structures sociales
Quelques réflexions de base

"Missions, objectifs et structures sociales contemporaines
d'une Société Anthroposophique"
.

 

(Image de couverture : Archange Michaël, Margarita Volochin) 

 

Situation au 31 octobre 2023 

Eva Lohmann-Heck


Lien : https://wtg-99.com/weleda-2021


Ci-dessous, nous publions une brochure qui est l'annexe de la "lettre circulaire" (Rundbrief) intitulée[i]
«Ce qui se passe d’autre dans notre Société !» -  Annexe à la lettre n°74 du 9 novembre 2023
En allemand, elle porte le titre "Warum wir neue Sozialstrukturen brauchen"

Éditeur responsable : Thomas Heck
Traduction privée par Benoît DUSOLLIER - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
L'annexe est téléchargeable en langue française ou allemande au format PDF via cette page: http://wtg-99.com/newsletter-archiv/
Il est bien sûr de même pour toutes les autres lettres circulaires.

 

NDLR : Sur la thématique de la Société anthroposophique et des intentions de Rudolf Steiner exprimées en 2023 lors du Congrès de Noël en vue de fonder la Société anthroposophique universelle, nous ne pouvons que vivement conseiller de prendre connaissance aussi de l’article suivant : « Société anthroposophique : de nouveaux organes ? Et si l’on expérimentait le projet de Rudolf Steiner ?» publié quelques jours après celui d’Eva Lohmans sur Soi-esprit.info. S’il converge tout d’abord sur de nombreux points avec elle, sur certaines questions essentielles, il en prend en quelque sorte aussi le contre-pied.

Dans les notes ci-dessous, la mention "S." signifie "Seite" en allemand, c'est-à-dire "page" en Français. Le numéro de page au sein de l'oeuvre de Rudolf Steiner auquel renvoit la mention "S.", concerne l'édition en langue allemande (et pas les ouvrages édités en français. Qu'on se le dise).
Le présent document peut être téléchargé sous son format PDF originel, ici.
Comprendre le contenu de ce document requiert des connaissances approfondies de la science de l'esprit d'orientation anthroposophique. Aucune personne n'ayant étudié celle-ci sérieusement, n'est en capacité d'en former un jugement éclairé.


Les forums des membres, qui ont débuté en mai 2023 et qui se tiennent à la fois au Goetheanum et en ligne, sont le point de départ d'un processus de développement auquel les membres du monde entier peuvent participer. Les thèmes des onze groupes intègrent les demandes et motions de l'assemblée générale pour lesquelles il a été renoncé à un vote, car sur proposition d'Ueli Hurter et de Justus Wittich, un travail commun sur ces questions a été envisagé sous forme de forums de dialogue animés de manière neutre. L'objectif de ces forums de membres est de soumettre à la prochaine assemblée générale (fin avril 2024), si possible, des propositions de développement et de renouvellement de certains processus ainsi que de la structure sociale de la Société.

Pour le groupe thématique "Tâches, objectifs et structures sociales modernes d'une Société Anthroposophique", il m'a semblé judicieux d'apporter une sorte de document de base afin de rendre visible l'arrière-plan à partir duquel nos impulsions et propositions peuvent être mieux comprises.

Ce qui n'est qu'en partie esquissé dans ce qui suit, est développé plus en détail dans les deux lettres d’information :
"Ce qui se passe d’autre dans notre Société".
RUNDBRIEF 58, de février et RUNDBRIEF 62, de mars 2023.
www.wtg-99.com/Rundbriefe-Archiv
N’hésitez pas à nous contacter pour toutes questions :
Eva Lohmann-Heck, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 
TRADUCTION deepl.com
Relecture par Benoît Dusollier et Philippe Strittmatter Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

Table des matières

 

Partie I

1. Qu'est-ce que le mouvement anthroposophique suprasensible ?

2. Quelle est la mission de l'anthroposophie ?

3. En quoi consiste la mission d'une Société Anthroposophique ? Pourquoi l'anthroposophie a-t-elle besoin d'une Société ?

4. Quelles sont les tâches de ses membres (qui souhaitent être actifs) ? Conditions de vie d'une Société Anthroposophique.

 

Partie II

5. Comment Rudolf Steiner a-t-il voulu organiser la Société Anthroposophique ? Quelques indications concrètes de Rudolf Steiner sur l'organisation de la Société anthroposophique

6. Quelle est la particularité d'une Société Anthroposophique dirigée par R. Steiner ? De l'essence de Rudolf Steiner

7. Quelles sont les formes qui n'avaient de raison d'être qu'avec lui ?

8. D'où Rudolf Steiner tirait-il ses impulsions sociales ?

 

Partie III

9. Erreurs et malentendus

10. Comment la Société a-t-elle évolué après la mort de R. Steiner ?

11. De l'importance de structures sociales "correctes"

12. Les voies d'une création à partir du vivant

Propositions pour de nouveaux processus et de nouvelles formes sociales

La création d'un organe de responsabilité des membres

Pistes pour la création d'un organe administratif à partir de la périphérie

Université Libre - Description des tâches pour les directions de Sections

Université Libre - Travail sur les Leçons de Classe

De l'essence de l'Université Libre et de l'École de Michaël de Rudolf Steiner

Vivre avec une Direction revendiquée, mais non légitimée jusqu'à aujourd'hui

Les fondements d’un ésotérisme contemporain et responsable vis-à-vis de la communauté

Actualités et devenir

 

Remarque préliminaire 

Avec le Congrès de Noël 1923, Rudolf Steiner avait l'intention de 

"donner à la Société Anthroposophique la forme dont le mouvement anthroposophique a besoin pour prendre soin de lui". Même si nous ne sommes pas membres de la Société du Congrès de Noël, mais de l'Association Bauverein [de Construction] rebaptisée, il existe la possibilité et la tâche de façonner la vie au sein de la Société Anthroposophique Universelle et ses formes sociales de telle sorte qu'elle puisse remplir sa mission de Société pour l'Anthroposophie. Afin de pouvoir assumer cette tâche sous une forme moderne, aujourd'hui encore et 100 ans après le Congrès de Noël, et de transformer la Société Anthroposophique Universelle en fonction de nos forces et de nos capacités et de l'accomplissement de ses missions, il semble utile de se pencher sur certaines questions fondamentales, que nous allons aborder dans ce qui suit.

 

 


 

Réflexions sur "Missions, objectifs et structures sociales contemporaines

d'une Société Anthroposophique"

 

Partie I

1. Qu'est-ce que le mouvement anthroposophique suprasensible ? 

Le mouvement anthroposophique suprasensible englobe toute la sagesse des mystères de l'humanité des temps passés. Elle a été présentée et enseignée pendant des siècles aux serviteurs de Michaël et aux âmes en quête du Christ dans des imaginations cosmiques devant les yeux de l'âme et de l'esprit. Ces événements ont culminé dans un culte cosmique, au cours duquel ont été accomplies en actes, de manière réelle et efficace, les impulsions spirituelles chrétiennes qui devaient s'infiltrer dans la civilisation humaine à partir du début de l'ère de Michaël - par ceux qui avaient participé à cette école de Michaël : 

"A la fin du XVIIIe siècle, au début du XIXe siècle, plane à vrai dire, à proximité immédiate, tout près - au sens qualitatif bien sûr - du monde physique et des sens, un événement suprasensible qui représente des actes cultuels suprasensibles, de puissants développements d'images de la vie spirituelle…" (GA 265, S. 119) 

"Qu'est-ce que l'anthroposophie dans sa réalité ? Oui, mes chers amis, si vous passez en revue toutes les merveilleuses imaginations qui existaient comme culte suprasensible dans la première moitié du XIXe siècle et que vous traduisez cela en termes humains, alors vous avez l'anthroposophie." (8 juillet 1924, GA 237, non traduit)

2. Quelle est la mission de l'anthroposophie ? 

Il est bien sûr possible de répondre à cette question de multiples façons, tant l'anthroposophie est vaste et sa déclinaison dans tous les domaines de la vie inépuisable. Voici une tentative d'esquisser ce qui est central et dont tout le reste peut découler. 

Selon Rudolf Steiner, l'ensemble du développement humain sur Terre ne suffira pas à comprendre l'événement central de l'évolution terrestre, le mystère du Golgotha. La mission de l'anthroposophie est de conduire l'humanité à la compréhension du Christ et à la vision du Christ dans l'éthérique. - Ce n'est qu'à partir de cette compréhension et de cette vision que l'humanité aura un avenir. "Comprendre correctement ce mystère du Golgotha dans le sens de notre époque, telle est la tâche de l'anthroposophie". …" le destin de l'anthroposophie veut être en même temps celui du christianisme… faisons en sorte que notre chemin vers la science de l'esprit par l'anthroposophie soit en même temps le chemin vers le Christ par l'esprit !". Oslo, dimanche de Pentecôte 17 mai 1923.  

Rudolf Steiner a formulé sa propre mission dans une lettre à Hübbe-Schleiden du 16 août 1902 : "… amener les élèves spirituels sur la voie de l'évolution, voilà ce que devra signifier mon seul acte d'inauguration". (GA 264/1984, S. 17 - Non traduit) . Et dans une lettre du 14 septembre 1904 "J'ai pour instruction de cultiver l'élément chrétien….". (GA 264, S. 83). Tous les écrits et conférences servaient en fin de compte cet objectif. En tenant compte du niveau de développement des lecteurs et des auditeurs, ainsi que de l'état de conscience de l'humanité en général, il faut trouver les points d'ancrage correspondants et créer des bases de compréhension. - Les tentatives de 1902 pour amener les membres à ce "Livre de formation pour le développement des facultés extrasensorielles "Comment acquérir…- L’Initiation“, publié en 1904, ne furent guère apprécié. Les indications qu'il donna lors des heures ésotériques de 1905 sur la grande tâche de former des fraternités et des communautés chrétiennes pour préparer l'avenir de l'humanité tombèrent apparemment aussi dans les oreilles de sourds. Et lorsqu'il commença les grandes révélations sur le Christ éthérique et le Cinquième Évangile en 1909, qu'il s'était arraché comme le bien le plus précieux et qu'il avait confié aux membres en leur demandant d'en prendre soin, il dut faire l'expérience douloureuse de la manière dont elles furent reçues dans un esprit quotidien superficiel - et il se tut.  (On pourrait citer de nombreux autres exemples illustrant la non-prise en compte de ses impulsions). Il fallut donc, par la force des choses, travailler bien en deçà du niveau requis par l'urgence du moment. - Un travail ésotérique n'était même plus possible à partir de 1914. 

L'événement spirituel le plus important du 20e siècle a été le retour du Christ dans l'éthérique. (Sur la nouvelle clairvoyance éthérique et le Christ éthérique :voir  surtout "Le christianisme ésotérique”, GA 130). Depuis le 20e siècle, le Christ éthérique devient pour un nombre croissant d’individualités le "Maître du karma" - pour ceux qui se lient à lui. Avec son aide, le karma peut être reconnu et transformé. Les anthroposophes cherchent à se relier les uns aux autres dans une Société Anthroposophique afin de résoudre et d'ordonner leur karma. (Conférences sur le Karma). "Le karma non résolu renforce les puissances terrestres destructrices” (GA 266/2, S. 265, Non traduit). 

En ce qui concerne la mission de l'anthroposophie, Rudolf Steiner a dit un jour qu'il manquait une âme à la civilisation actuelle, formidable dans le domaine technique, et que "l'anthroposophie voudrait être cette âme". 

En d'autres termes, la tâche de la science de l'esprit peut aussi être décrite comme la vivification de la culture dans tous les domaines de la science et de la recherche, des arts et de la vie sociale à partir de l'esprit, comme la spiritualisation nécessaire de la civilisation de l'humanité dans le sens de l'Esprit du Temps Michaël, sans laquelle elle ne peut avoir aucun avenir.

 

3. En quoi consiste la mission d'une Société Anthroposophique ?

 

Pourquoi l'anthroposophie a-t-elle besoin d'une Société ? 

L'anthroposophie a besoin d'un "instrument", d'un "corps", d'un lien humain, d'une forme, d'une Société, pour pouvoir être efficace dans la civilisation humaine. "Les mouvements tels que notre science de l'esprit ont toujours été cultivés de telle sorte que l'on a essayé de cultiver ce qui devait être imprimé dans la culture de l'esprit en général, tout d'abord sur le chemin d'une association sociale, d'une Société” (GA 253, 1ère conférence, premières lignes).…

"…mais l'ensemble de ce qui est un jour lié à l'anthroposophie aujourd'hui ne peut exister sans la Société Anthroposophique, a besoin de la Société Anthroposophique comme de son réceptacle" (GA 257 S. 22, Non traduit). 

Dans cette mesure, la tâche des dirigeants, des personnes responsables et des membres dans leur ensemble consistait, à partir de 1912/13, à prendre conscience de cette tâche et de cette responsabilité et à organiser en conséquence la vie commune et la collaboration au sein de la Société Anthroposophique. (Ce qui ne s'est pas produit, au contraire : un puissant contre-courant et une opposition interne à son égard sont nés parmi les membres et les dirigeants de la Société Anthroposophique !). 

Dans les premières conférences de la GA 253 "Problèmes de la vie en commun…" de l'année de crise 1915, Rudolf Steiner décrit cette tâche de telle manière que les membres devraient développer une conscience et apprendre à vivre comme membres d'un organisme vivant, comme partie d'une communauté. Cela signifie qu'il ne faut pas seulement prendre part au destin des autres, mais aussi à celui de la communauté. 

Rudolf Steiner exhorte à se sentir responsable de l'ensemble de la Société et de ce que font les autres lorsque cela nuit à l'image de la Société Anthroposophique dans le public ! - (Cela devrait être encore plus vrai quand la substance de l'anthroposophie est diluée et falsifiée ou si Rudolf Steiner est renié par des membres de la Société et des dirigeants). La tolérance vis-à-vis des faiblesses humaines doit être illimitée, selon Rudolf Steiner - mais il n'y a pas de tolérance là où la substance de l'anthroposophie est détruite” et "Méconnaître la vérité par fraternité est le plus grand mal qui existe” - (ce dernier point est tiré de la préface de GA 139). 

Le 16 juillet 1918, GA 181 "Nous devons parvenir à des concepts plus élevés (que celui d'organisme vivant) si nous voulons comprendre la structure sociale. Celle-ci ne peut jamais être conçue comme un organisme (seul) : elle doit être conçue comme un psychisme, comme un pneumatisme, car l'esprit agit dans toute cohabitation sociale des hommes”. A cette déclaration s'en ajoute une autre d'importance : "Les essences, c'est ce à quoi on doit arriver en dernier lieu dans toute explication du monde. Car les essences sont uniquement et exclusivement le réel” (GA 224, 2 mai 1923). Cela conduit à la tâche d'éveiller et de cultiver la conscience du fait que l'on "invite" toujours des entités par son travail et que c'est à nous de décider pour quelles entités nous formons un réceptacle en tant que Société, c'est-à-dire sous quelles formes nous vivons. 

En 1923, année fatidique après la catastrophe de l'incendie, il parle surtout de ce qui manque totalement à la Société et qu'elle aurait dû développer de manière autonome et par elle-même depuis 1912/13 - c'est-à- dire à l'initiative de ses membres dirigeants et responsables : une conscience commune et une conscience des tâches, une direction commune de la volonté - et un Moi de la Société. 

En résumé, on pourrait dire qu'un nombre suffisant de membres devrait être conscient de la mission de la Société Anthroposophique, se sentir responsable de son développement sain et de son efficacité dans le monde et collaborer dans ce but - dans l'état d'esprit que Rudolf Steiner a décrit lors du Congrès de Noël. Car ce n'est qu'à partir de cet état d'esprit et en "faisant de l'anthroposophie", en faisant l'expérience du sérieux et de la responsabilité de cette mission, et en se mettant au service de la cause, que le mouvement anthroposophique suprasensible et le mouvement Michaëlique peuvent vivre dans une Société Anthroposophique. C'est en cela que consisterait l'ésotérisme de la Société Anthroposophique. Seul ce qui vit réellement spirituellement dans les êtres humains et qui se produit à travers eux dans la Société Anthroposophique peut former une Société. Sinon, toutes les formes extérieures deviennent des coquilles vides qui doivent se remplir d'autres êtres que les chrétiens michaëliques. 

"L'anthroposophie est la vie, la vie qui jaillit de l'Esprit" et elle veut être "l'âme" de la civilisation actuelle. Sa forme sociale peut-elle être pensée autrement que de manière tripartite ? Si elle veut agir de manière moderne et dans le sens de l'Esprit du Temps, ses structures sociales devraient en même temps être renouvelées en permanence "à partir de la vie", à partir des réalités et des nécessités, à partir des nécessités spirituelles et terrestres, en fonction des capacités, des activités et des relations réelles de ses membres. - Ces motifs étaient à la base de l'impulsion de Rudolf Steiner pour une nouvelle organisation à Noël 1923. (Voir à partir de la partie II, chap. 5).

 

4. Quelles sont les tâches de ses membres (qui souhaitent être actifs) ?

Ou bien

Conditions de vie d'une Société Anthroposophique

et exigences envers ses membres responsables

 

Dans ce qui suit, nous distinguons trois directions de travail : Tâches vers l'intérieur - Tâches entre les membres et entre eux - Tâches vers l'extérieur. 

Quelques mots clés sur les tâches de développement et le chemin de formation qui sont importants pour les membres qui veulent agir de manière responsable à partir de l'anthroposophie et pour elle (représentants), certaines "exigences" que Rudolf Steiner cite à différents endroits. 

Le chemin de formation est bien entendu tout à fait individuel et relève d'une décision personnelle de chacun, c'est pourquoi on ne peut que mentionner quelques éléments de base cités par Rudolf Steiner, qui seraient une certaine condition pour une représentation de l'anthroposophie. 

Tâches vers l'intérieur : Le parcours de formation individuel 

  • Études de la science de l’esprit.
  • Travailler de manière autonome les contenus anthroposophiques, les assimiler et les intérioriser. 
  • Entretenir une relation avec Rudolf Steiner, la source de l'anthroposophie, le vivre comme un enseignant et un ami de l'esprit. 
  • Approfondir les contenus et la pratique, cultiver la substance, la connaissance de soi et la méditation, apprendre à dialoguer avec les dieux. 
  • Recherche (Selon Rudolf Steiner, une recherche spirituelle commence déjà là où l'on rapproche deux de ses affirmations et où l'on crée ainsi un nouveau lien et reconnaît … C'est-à-dire lorsque l'on rassemble les nombreux aspects différents d'une question ou d'une thématique, dispersés dans l'ensemble de l'œuvre, que l'on regarde ensemble et que l'on acquiert de nouvelles connaissances et que l'on crée des liens. Une autre voie de recherche part des notions et visions acquises dans les sciences humaines et, à partir de là, se concentre sur la perception des phénomènes (spatiaux) et des symptômes (temporels) afin d'atteindre l'esprit "par les sens". La force de transformation de l'âme de l'anthroposophie devient efficace. "Enthousiasme pour la vérité" ! Désintéressement et pratique continue. 
  • Expérimenter la responsabilité et se mettre au service, "la paillasse du laboratoire devient l'autel", on vit le sérieux et le caractère sacré de la chose, "l'anthroposophie comme service divin". 

(compilation de mots-clés) 

Tâches les uns avec les autres et entre eux 

Niveau spirituel : se sentir de plus en plus en communauté en vivant.

ensemble les vérités spirituelles (dans les branches et les groupes de travail, le travail de fond de tous les collèges, etc.).

Dans ce travail de fond, s'éveiller au spirituel et à l'âme de l'autre personne, à la manière dont elle pense, ressent, veut, à la manière dont l'anthroposophie vit en elle. Dans le travail commun sur le contenu, coopérer de telle sorte que la communauté puisse devenir, grâce à "l'harmonie des cœurs", une coupe pour les entités supérieures qui peuvent s'y infiltrer en inspirant et en renforçant - telle serait la tâche. (Tableau de méditation pour les enseignants de l'École Waldorf de Stuttgart, GA 269, S. 155 - Non traduit. 

En 1923, année de crise, année fatidique, Rudolf Steiner a parlé devant les délégués du fait que "la Société Anthroposophique dans son ensemble" avait en fait besoin d'exercices secondaires ! Concrètement, il cite dans ce contexte le manque d'impartialité - impartialité dont aurait besoin la Société Anthroposophique dans son ensemble. 

Niveau psychosocial : s'intéresser à l'autre et à son destin, prendre part à ses soucis, faire preuve de tolérance envers les faiblesses humaines (pas envers les actes là où la substance de l'anthroposophie est endommagée). 

Se sentir responsable de la Société Anthroposophique, et donc aussi de ce que font les autres, si cela a des conséquences néfastes pour l'anthroposophie et la réputation de la Société Anthroposophique dans le public ! (Exemple tiré de GA 253) .

Amour général pour les êtres humains, connaissance du karma, connaissance des appartenances à différents courants spirituels, ordonner et résoudre le karma. 

Niveau de la volonté : reconnaître et apprécier les capacités des autres, percevoir les résultats du travail, les traiter, soutenir les initiatives et "ce que l'un élabore doit avoir une certaine valeur pour l'autre" (7e lettre aux membres). 

Dans le sens d'un organisme vivant : un donner et un recevoir et une complémentarité, une coopération au service de l'ensemble, de la mission de la Société, "l'anthroposophie est un service de Dieu". 

Tâches vers l'extérieur : 

Pour pouvoir faire fructifier les impulsions de l'anthroposophie en vue de spiritualiser la vie et les domaines de travail et de recherche les plus divers, sont nécessaires : 

Initiative : "Deviens un homme d'initiative !" Porter l'anthroposophie dans tous les domaines de la vie et de la recherche, renouveler la culture, jusqu'à une tripartition de l'organisme social comme seule forme de Société salutaire, moderne et chrétienne, michaëlique. Les anthroposophes devraient ici montrer la voie et servir d'exemples. 

Représentation : se porter garant de l'anthroposophie et de Rudolf Steiner, les représenter sans compromis et en toute vérité à partir de leurs sources, pas d'adaptation, d'édulcoration, de reniement - sinon on se coupe soi-même de la source et de l'essence de l'anthroposophie et des êtres spirituels qui la guident. 

Jugement et courage :  Voir à travers les événements de l'époque à partir d'un jugement exercé, jusque dans l'arrière-plan spirituel. En effet, l'incarnation d’Ahriman ne peut et ne doit pas être empêchée, mais la poursuite du développement de l'humanité dépend de sa reconnaissance par un nombre suffisant de personnes. Il peut sinon perdre sa mission terrestre. 

"L'ésotérisme le plus profond et la plus grande ouverture au public", cela signifie : dans toutes ses activités “…se sentir à chaque instant responsable vis-à-vis du monde spirituel", le plus grand sérieux pour la cause sacrée - la plus grande ouverture au monde et une contemporanéité éveillée, dans laquelle on représente l’anthroposophie. 

Dangers de voir dans les tendances de développement ou les programmes modernes des choses semblables ou apparentées  — comme par exemple à l'époque, dans la danse d'expression. En ce qui concerne les similitudes apparentes, Rudolf Steiner fait remarquer que l'eurythmie est puisée à une tout autre source, qu'elle a sa propre source d'origine et qu'elle n'est "apparentée" à rien de ce qui existe déjà.

Un autre type de danger consiste à coopérer avec des courants ou des organisations qui représentent en réalité les impulsions contraires, et à le faire soi-disant pour protéger l'anthroposophie des attaques, tout en reniant et en trahissant sa véritable nature - tout en ayant l'illusion qu'il n'en est rien.  

La vraie fête de Michaël, une mission : 

Ce qui peut surprendre, c'est ce que Rudolf Steiner considérait comme une condition fondamentale pour la solution de la détresse sociale et du chaos social qui régnait à l'époque - et qui se répand à nouveau aujourd'hui à partir des mêmes forces : qu'un nombre suffisant de personnes se laissent trouver — dans sa dernière allocution aux membres du 28 septembre 1924, il parlait de 4 x 12 — qui auraient pourtant dû être reconnues par lui - dans lesquelles l'idée de Michaël vit si fortement de manière vivante "que des guides pour l'ambiance de fête de Michaël naissent d'eux" (GA 238). Il faut un "Renouvellement de toute la constitution de l'âme" (GA 229), la complète "Pénétration de la volonté par la spiritualité" (GA 223, S.47), afin de devenir un compagnon de "l'efficacité de Michaël sur Terre". "Aujourd'hui, il n'est pas permis à l'homme de faire seulement des réflexions ésotériques ; il est aujourd'hui nécessaire pour l'homme de pouvoir à son tour faire de l'ésotérisme…". (GA 223, S. 39) - Comment pouvons-nous apprendre cela ? Comment pouvons-nous devenir mûrs pour l'organisation de véritables fêtes de Michaël ?

Un précieux recueil d'indications de Rudolf Steiner "A propos de la future fête de la Saint-Michel" a été publié comme numéro spécial de "Ein Nachrichtenblatt" le 16 septembre 2018 et est disponible auprès de Roland Tüscher à l'adresse suivante Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

 

Partie II

 

5. Comment Rudolf Steiner a-t-il voulu organiser la Société anthroposophique ? 

 

À partir du Congrès de Noël, il ne cesse de répéter que tout doit désormais être conçu à partir du vivant, des réalités, des faits, et non à partir d'idéaux ou de principes. 

Un principe fondamental est celui de l'initiative, qui ne peut avoir de réalité que si elle est approuvée et reprise par la communauté, si elle trouve l’écho correspondant. 

Le Congrès de Noël et la réorganisation de la Société Anthroposophique, la prise en charge de la Direction par lui-même, furent uniquement de son initiative - d'une décision prise en solitaire, d'une intuition morale au plus haut niveau - car le monde spirituel se taisait à ce sujet. Il a pris cette décision en tant qu'hommeIl a formulé les statuts - comme un récit de ce qui vivait réellement et était voulu par lui, il a choisi ses collaborateurs et leur a confié les tâches, il a donné les indications sur la manière de travailler et sur l'état d'esprit et l'attitude intérieure à développer - pour que cela puisse réussir. Le Comité directeur qu'il a proposé et la prise en charge de la Direction par lui-même devaient être voulus et approuvés par les membres. Il en a été de même pour toutes les impulsions qui ont suivi : 

"Le Comité directeur portera à la connaissance des membres ce qu'il considère comme une tâche de la Société et, si les membres l'acceptent, il sera le Comité directeur. S'ils ne le prennent pas, il ne sera pas le Comité directeur…". Il ne s'agit donc absolument pas de ce qui est présent de manière purement formelle - en théorie et sur le papier. A partir du moment où ses intentions ne seraient pas comprises et reprises, où un nombre suffisant de membres ne collaborerait pas et ne se mettrait pas à son service, ce qui équivaut à "servir la cause" - il ne serait plus le Comité directeur. - Ce qui est physiquement formel est maya. Seules les réalités spirituelles comptent. 

(il faut noter ici que lorsque Rudolf Steiner parle de "Comité directeur" ou de "Comité d'initiative", il parle en premier lieu de lui-même, car il dirigeait également les Sections par l'intermédiaire des différents responsables de Sections. Il ne l'a formulé différemment que pour Albert Steffen et Guenther Wachsmuth, les raisons possibles de cela seraient un autre sujet). - Et nulle part il n'y a la moindre indication, pas la moindre remarque dans le sens que ce qui est discuté et décidé alors doit aussi être valable pour tous les futurs Comités directeurs !  

Au contraire : les statuts décrivent ce qui est et ce qui est souhaité - et aucune procédure d’élection du Comité n’est prévue dans les statuts de la Société du congrès de Noël. 

Toute la vie de la Société devait naître, c'est pourquoi il insiste tant sur le fait que ce Congrès de Noël ne devait pas être pris comme d'autres congrès, qu'il n'était pas encore terminé, qu'il ne recevrait son contenu que par tout ce qui serait désormais travaillé par les membres. Le Congrès de Noël pourrait aussi "disparaître" s'il ne recevait pas quotidiennement son contenu par tout ce qui serait désormais fait par les membres, en particulier par la manière dont tout serait désormais fait différemment (se sentir à chaque instant responsable envers le monde spirituel, envers l'essence de l'anthroposophie et envers Rudolf Steiner et ses impulsions….). - Dès le 18.1.1924, il prononça des paroles graves : “Si l'impulsion du Congrès de Noël n'était pas reçue, il aurait peut-être été préférable de ne pas se réunir du tout.” 

Quelques indications concrètes de Rudolf Steiner sur l'organisation de la Société Anthroposophique

Les statuts n'étaient pas des statuts au sens habituel du terme, ils ne définissaient pas des idéaux ou des principes, ils ne fixaient pas la vie qui ne faisait que commencer, ils ne devaient pas être des statuts, mais un récit de ce qui vivait déjà et de ce qui était voulu. - En conséquence, ils seraient modifiés si les conditions évoluaient, "au plus tard dans 10 ans" en tout cas(transmission orale, source encore à retrouver). 

Les Sections : non pas selon une idée ou des lois spirituelles - il doit y en avoir 7 ou 12 - mais : quelles sont les personnes qui travaillent - de toutes leurs forces et avec désintéressement au service de la cause ? - Edith Maryon était prévue par lui pour diriger la Section des Beaux-arts, elle est morte - et il n'y a donc pas eu de Section des Beaux-arts ! 

Pour l'Université et sa Direction, les statuts disaient seulement - qu'il nommerait un éventuel successeur. - Il n'en a pas nommé. 

La communication entre les membres et entre la périphérie et le centre de Dornach devait s'organiser comme une circulation sanguine et agir comme un lien, permettant la perception mutuelle et la perception de l'actualité dans une diversité - et donc une vision commune de prendre conscience de la situation. Les rapports réguliers des groupes du monde entier devraient également servir à cela - pour qu'un membre à Vienne puisse savoir ce qui vit dans la Branche en Nouvelle-Zélande. Une conscience commune devrait aussi pouvoir se développer plus fortement en travaillant sur les principes directeurs dans toutes les Branches - en plus des thèmes individuels - sur les mêmes contenus. - Pour l'organisation de la vie de la Branche, on trouve de nombreuses indications dans les Lettres aux membres. (Bien sûr, cela n'est plus facilement transposable à notre situation actuelle, car à l'époque, la vie de la Société Anthroposophique se déroulait presque exclusivement dans les Branches, alors qu'aujourd'hui nous avons un mouvement plus étendu et que tous les anthroposophes ne vont plus dans les Branches depuis longtemps. - La tâche de cultiver une conscience commune et une conscience communautaire est cependant restée, et il faut pour cela trouver de nouvelles voies). 

Il s'agissait d'envoyer à la rédaction de l’hebdomadaire des rapports hebdomadaires du monde entier sur l'actualité, la culture et la politique — principalement de la part des Représentants de Pays — ce qui n'a pas non plus été fait. Ces personnes devaient former une sorte de "Comité des forces extérieures". Ceux d'entre eux qui séjournaient à Dornach devaient pouvoir participer aux réunions du Comité à titre consultatif. C'est ainsi qu'aurait été créé un rythme sanguin et respiratoire vivant entre le centre et la périphérie

Il faut considérer ici que la position de direction de Rudolf Steiner devait avoir un tout autre caractère spirituel que celui que pouvait avoir tout autre Comité directeur avant ou après lui. En assumant la fonction du "Je" pour la Société, il devait aussi, comme un "Je", pénétrer et diriger tout l'organisme, mais dans le sens décrit plus haut d'une libération absolue des hommes, ce n'est que sur la libre volonté qu'il pouvait construire “… la Société la plus moderne du monde". Cependant, rien ne devait passer à côté de sa conscience pour la Société Anthroposophique, car il devait tout justifier devant le monde spirituel. (Pour plus d'informations, voir les lettres circulaires Rundbrief 58 et 62, wtg-99.com/archives des lettres circulaires) 

Recherche : Les questions qui se posaient chez les membres et qui nécessitaient une recherche devaient être adressées au Comité directeur. La réponse à ces questions, issue de la recherche de Rudolf Steiner, serait ensuite communiquée à tous les membres. 

La Société anthroposophique devait être construite "sur les relations humaines réelles". Cela permet de comprendre, par exemple, ce qu'il a dit à propos du vote : qu'avec 100 personnes, un véritable vote n'est déjà plus possible (ou judicieux), parce que ces 100 personnes ne peuvent pas connaître suffisamment bien celui sur lequel elles doivent décider, juger de son aptitude ... 

En novembre 1923, lorsque la Société nationale hollandaise devait être fondée, il y avait manifestement différentes tendances au sein des membres. Rudolf Steiner donne à Zeylmans von Emmichoven la recommandation suivante (en substance) : 

Vous dites ce que vous voulez faire et comment vous voulez le faire, et ceux qui le veulent aussi se joignent à vous - et ceux qui veulent autre chose peuvent former leur propre groupe. Peut-on en conclure qu'en "cas d'urgence", lorsqu'il n'est pas possible de s'entendre sur la représentation d'un groupe plus important (comme une Société nationale), il pourrait y avoir deux ou plusieurs "Représentants" ? Un exemple contemporain est le Japon, qui compte environ 300 membres et deux Représentants nationaux. 

Le processus de formation du "Cercle des Jeunes" ésotérique s’est déroulé de matière  très similaire.  A partir d'une centaine de jeunes intéressés par la formation d'un travail ésotérique, il a été possible de déterminer qui avait quelles intentions et quelles impulsions - et donc qui devait travailler ensemble. Car il va de soi que l'on ne peut collaborer qu'avec ceux qui ont le même objectif - s'il existe des orientations et des groupes différents, ils peuvent néanmoins coopérer pour des tâches d'ordre supérieur.  

"Sur le terrain des sciences de l’esprit, on s'unit en différenciant, en individualisant, et non en centralisant” ! (GA 217a, S. 191, 28 février 1923). 

Lors de cette assemblée à Stuttgart en février 1923, où les conflits étaient au centre de la thématique et où les oppositions entre les soi-disant "anciens" et les "jeunes" s'intensifiaient, le jeune Eugen Kolisko tenta encore une fois d'appeler à l'unité avec un discours enflammé. Et c'est alors que Rudolf Steiner, à la grande surprise de tous, a proposé de fonder une nouvelle Société Anthroposophique Libre. Pendant la pause qui suit, E. Kolisko s'adresse à Rudolf Steiner : “Mais Docteur, pourquoi ne m'avezvous pas dit quels étaient vos projets ? Si c'était le cas, je n'aurais même pas essayé… 

Des plans ?! Je ne fais pas de projets ! - Jusqu'à présent ce n'était pas nécessaire, maintenant c'est nécessaire…". 

Le souhait de jeunes gens pour une autre organisation de congrès : 

Pour  l'organisation d'un congrès de jeunes, on avait demandé à Rudolf Steiner de faire des conférences. Les initiateurs l'approchèrent avec le souhait particulier, exprimé avec prudence, de savoir s'il était possible, cette fois-ci, de ne pas déjà avoir réuni tous les participants. Il ne s'agissait pas de choisir un thème à l'avance, mais seulement le thème de la première soirée. Ils n'avaient pas prévu la réaction de Rudolf Steiner, qui répondit avec joie à cette demande, “oui, pour une fois pas de programme fixe, mais un thème issu de la vie et du processus.” 

 

6. Quelle est la particularité d'une Société anthroposophique dirigée par R. Steiner ? 

 

Déjà la Société de Cologne de 1912/13, ou plutôt sa direction, aurait dû reconnaître elle-même ses tâches et impulser et organiser la vie de la Société Anthroposophique en conséquence. (C'est le contraire qui s'est produit - la Société est sortie divisée de la guerre, un travail ésotérique n'était plus possible depuis 1914, une opposition interne à Rudolf Steiner a commencé à boycotter de plus en plus son activité, la Société 

Anthroposophique était en train de se désintégrer en 1923 et la Société de Cologne n'était plus en état de fonctionner).  

"Une ombre", "trouée par Ahriman". Ce qui aurait dû naître jusque-là de ses propres forces en tant que Société — une conscience commune, une conscience de la Société et une conscience des tâches, dans laquelle les individus se sentent membres d'un organisme vivant, animé et porteur d'esprit, se donnent une tâche en tant que Société, au service de l'anthroposophie, et développent ainsi un Moi de la Société - tout cela n'avait pas eu lieu. 

En prenant la Direction de la Société, Rudolf Steiner a donné aux membres la possibilité de s'acquitter de leurs tâches en reconnaissant ce qui, grâce à lui, devait affluer dans la Société en provenance du mouvement anthroposophique suprasensible et de la volonté de l'Esprit du Temps, Michaël, et en accueillant librement ses impulsions. Il avait "neutralisé" une puissante action démoniaque par son sacrifice, pour un certain temps. C'était maintenant aux membres et surtout aux dirigeants d'apporter leur contribution. 

Ce qui avait alors fondamentalement changé, c'était la nature de la Société. Il s'agissait maintenant de comprendre cela : "… car naturellement, la Société Anthroposophique doit être quelque chose de tout à fait différent lorsqu'elle est dirigée par moi que lorsqu'elle est dirigée par quelqu'un d'autre". 

Cette différence de nature repose sur l'essence même de Rudolf Steiner et sur ce qu'il a apporté à l'anthroposophie en en prenant la Direction de la Société Anthroposophique. (Nous ne pouvons ici qu'esquisser quelques aspects de ce grand thème). 

Grâce à lui, l'essence de l'anthroposophie était présente de manière vivante dans la Société à chaque instant, son individualité remplaçant le Moi manquant de la Société. Cela se cache dans l’affirmation : "En prenant la Direction de la Société 

Anthroposophique à Noël, le mouvement anthroposophique et la Société ne font plus qu'un". C'est pourquoi elle ne pouvait désormais qu'être "ésotérique", grâce à lui. Cependant, elle n'aurait pu vivre et devenir une réalité spirituelle que si, à partir de ce moment-là, l'anthroposophie avait été "faite" partout par ses membres. Elle n'aurait pu devenir une réalité et réaliser cette possibilité que si - un nombre suffisant de membres s'étaient éveillés à ce mystère révélé, à l'unicité de la Société Anthroposophique sous sa direction, et avaient pu se mettre entièrement à son service par leur libre volonté et leur amour de l'anthroposophie. Le Congrès de Noël devait être le début d'un changement de temps pour le monde. 

De l'essence de Rudolf Steiner 

Il avait pris cette décision seul, dans une lutte difficile et solitaire, car le monde spirituel et la direction de l'humanité ne se prononcent pas sur les questions qui concernent les organisations terrestres. - Il a agi dans le sens de la philosophie de la liberté, à partir d'une intuition morale au plus haut niveau. Cela signifiait en même temps qu'il ne pouvait pas savoir si cet acte serait accepté par le monde spirituel ! C'est pourquoi il parle des deux risques qui y étaient liés : L'un était justement de savoir si cet acte serait accepté par le monde spirituel - l'autre était de savoir s'il serait accepté par les hommes. 

La nouveauté et l'originalité de la Société du Congrès de Noël résidaient dans le fait qu'un initié se plaçait, en tant qu'homme et de sa propre initiative, à la tête d'une Société terrestre. 

Pour mieux se rendre compte de la nature de cette Société du Congrès de Noël, voici quelques traits de caractère de Rudolf Steiner. 

Grâce à lui, les impulsions du Mouvement anthroposophique suprasensible pouvaient s'écouler en permanence dans les âmes et les consciences des hommes et dans la vie terrestre, selon les nécessités du temps et la volonté de l'Esprit du Temps. Grâce à lui, tous les différents courants karmiques et de mystères du mouvement anthroposophique étaient présents sur Terre. Il n'y avait de sa part aucun karma non résolu avec les membres qui aurait pu influencer son comportement. Libre de toute sympathie ou antipathie, il était capable de reconnaître chaque être humain dans son essence la plus profonde, de voir ses décisions prénatales, ses capacités et son karma. En conséquence, il pouvait, de manière spirituellement justifiée, donner à l'homme des indications décisives pour sa vie et lui confier des tâches. Il avait une vue d'ensemble du passé et de l'avenir de l'évolution de l'humanité, ainsi que des conditions temporelles actuelles, jusque dans l'arrière-plan occulte. Il vivait dans une présence d'esprit permanente et une continuité de conscience. Pendant qu'il était en conversation avec une personne, il pouvait lire le karma dans son aura. Cela signifie - du point de vue de la dimension de la conscience - qu'il était capable de diriger sa conscience simultanément sur plusieurs objets, terrestres et supra-sensoriels. En tant qu'initié, il devait en même temps avoir en permanence les adversaires dans sa conscience et les voir devant lui, car au moment où il ne les voit plus devant lui, ils sont en lui… "et cela peut être fatal pour un initié"… On peut aussi se faire une idée de l'autorité spirituelle dont il jouissait si l'on se rappelle ce qu'il a dit sur sa création du Représentant de l'Humanité. Pour pouvoir représenter correctement les deux adversaires, ils devaient poser pour lui. - Lucifer le fit volontiers… Ahriman refusa - il ne veut jamais être vu et reconnu - mais Rudolf Steiner l'obligea à poser pour lui aussi longtemps qu'il le jugea nécessaire… (ce dont Ahriman se vengea en faisant notamment sauter l'un des vitraux polis). 

(Et l'on pourrait ainsi citer encore bien des choses qui laissent entrevoir le rang spirituel et moral de Rudolf Steiner). 

Seule une compréhension de l'essence de Rudolf Steiner et de sa mission aurait pu permettre de saisir la toute autre nature de la Société Anthroposophique du Congrès de Noël, et éveiller et renforcer la volonté désintéressée de se mettre entièrement à son service. "L'anthroposophie est un service divin.” Cette anthroposophie s'exprimait dans les paroles et les intentions de Rudolf Steiner, il en était le créateur.

 

7. Quelles sont les formes  qui n'avaient de raison d'être qu'avec lui ? 

 

Même si nous parvenons à des intuitions morales et que nous puisons dans la connaissance supra-sensible, cela restera toujours "partiel" en raison de nos faiblesses humaines et de notre partialité humaine - et devra être complété par d’autresSeul Rudolf Steiner a su puiser dans la conscience de l'Esprit du Temps, dans les sources des mystères et dans l'ensemble du monde des idées ce qui était nécessaire à notre époque. 

C'est par lui que l'essence de l'anthroposophie était "venue au monde". C'est par lui et par lui seul que les paroles de Michaël et la volonté de l'Esprit du Temps pouvaient parler directement aux hommes. Son Moi avait remplacé le Moi manquant de la Société, la Société était comme son corps… Il devait désormais répondre devant le monde spirituel de toutes les actions, omissions et défaillances des membres, comme s'il les avait faites lui-même - ce qui a conduit "aux revers les plus effrayants" et finalement à sa soi-disant maladie. Il n'avait pas désigné de successeur à la tête de l’Université Libre. Il n'avait pas non plus donné d'instructions ou d'indications à Ita Wegman sur la manière dont les choses devaient se dérouler après sa mort. Dans cette mesure, la direction centrale de l'Université Libre et de la Société et sa direction spirituelle "d'en haut" n'avaient de justification qu'avec et par Rudolf Steiner. En retournant dans le monde spirituel, la Société Anthroposophique du Congrès de Noël n'existait plus, elle devenait quelque chose de complètement différent, “car bien sûr, la Société Anthroposophique, lorsqu'elle est dirigée par moi, doit être quelque chose de complètement différent que lorsqu'elle est dirigée par quelqu'un d’autre." 

Ainsi, "l'École de Michaël existant à juste titre sur Terre" ne pouvait plus exister sous sa forme initiale. Rudolf Steiner n'a pas nommé de successeur. Ce n'est que par son Moi et son essence que Michaël pouvait parler directement aux hommes. (Il a suggéré une fois ce que l'on ressent et ce qui se passe lorsqu'on veut lire dans la conscience d'un Archaï…) Le patrimoine spirituel laissé pouvait encore être cultivé, mais il ne pouvait pas être développé sur Terre en tant que courant vivant et créateur. 

Il aurait fallu reconnaître que la Société et l'Université anthroposophiques n'étaient une réalité spirituelle sous cette forme qu'avec Rudolf Steiner. Elle n'existait plus lorsqu'il est retourné dans le monde spirituel… Tout devait être façonné à partir de la vie et des réalités, ce qui excluait de conserver après sa mort la forme qui ne pouvait être que remplie de vie par sa direction. 

Ce qu'il y avait encore, c'était des gens avec des cartes roses et bleues, qui se sentaient membres de la Société du Congrès de Noël, qui vivaient plus ou moins fidèlement avec la devise de la Pierre de Fondation… et avec le bien spirituel anthroposophique. Mais n'y avait-il que cela qui comptait ? Ce ne sont pas les signes extérieurs qui font l'ésotérisme, mais le degré de conscience et de vie éveillée dans le monde spirituel, la vie avec les êtres spirituels qui dirigent ce mouvement. Qui a pu communiquer avec eux ? - S'il avait été possible de trouver les 4 x 12 dans lesquels la pensée de Michaël est pleinement vivante, Rudolf Steiner aurait pu continuer à vivre et à remplir sa mission et peut-être éviter la catastrophe de l'Europe Centrale. - Car ce n'est pas la forme qui compte, mais ce qui vit réellement sur le plan spirituel. 

La tragédie après sa mort : l'incompréhension et l'échec se sont poursuivis en essayant maintenant de conserver la forme, en plus d'une forme incomprise…(voir chapitre 9) 

Bien entendu, nous avons nous aussi le devoir et la possibilité de chercher à entrer en relation avec des êtres spirituels, de nous former et de nous entraîner, et de nous élever vers des niveaux de conscience plus élevés. Et - à chaque niveau - quelque chose est possible en nous unissant et en coopérant harmonieusement. "Quand deux ou trois sont réunis en Mon Nom…". - Dans le culte inversé, Rudolf Steiner a décrit les débuts de ce chemin. Lors du Congrès de Noël, il parle de l'harmonie des cœurs, ce qui permettra aux êtres supérieurs de s'abaisser jusqu'à nous et de travailler parmi nous et avec nous. - Il faut également mentionner le tableau de méditation qu'il a remis au Collège des enseignants de Stuttgart afin qu'ils prennent conscience de la manière dont les entités se joignent à leur cercle. (GA 269, S. 155, Non traduit) 

Lili Kolisko nous transmet la déclaration de Rudolf Steiner : "Si, après ma mort, deux personnes seulement travaillent de manière désintéressée et pure pour la cause, je pourrai agir à travers elles. ("Eugen Kolisko, un portrait de vie")

 

8. D'où Rudolf Steiner tirait-il ses impulsions sociales ? 

L'anthroposophie est un être humain…  qui se promène parmi nous de manière invisible et qui souhaite être interrogé pour tout ce que nous voulons accomplir sur Terre. 

Si l'anthroposophie est un être humain et si l'être humain est un être tripartite qui devrait également organiser la vie sociale conformément à cette réalité, comment peuton penser la nouvelle forme sociale de la Société Anthroposophique autrement que de manière tripartite, si elle devait devenir le corps de l'être Anthroposophia ? 

Dans le discours de pose de la Pierre de Fondation du 25 décembre 1923, l'être humain tripartite est évoqué dans les formulations les plus diverses et dans une structure rythmique - jusqu'au moment où, sous la direction spirituelle de Rudolf Steiner, la Pierre de Fondation tripartite a été formée et façonnée. a pu être réalisée - individuellement dans chaque âme. - La vie elle-même, qui s'écoule de l'essence de l'anthroposophie, aurait pu, grâce à Rudolf Steiner, agir de manière à façonner la Société et obtenir un corps communautaire formé de trois éléments. (L’Université Libre, la Société du Congrès de Noël en tant qu'association purement humaine, ainsi que la Société de Construction rebaptisée en tant que “toit"  ou Association de Représentation extérieure avec les 4 subdivisions suivantes : Édition, Clinique, Administration de la Société des membres et Administration de la Société de Construction). 

Nous trouvons des indications sur une autre source de la nouvelle organisation sociale chrétienne dans les paroles suivantes concernant la construction du premier Goetheanum à travers le feu

 

"…Le feu d’Éphèse, qui s’était enflammé dans l’éther cosmique, s’enflamma dans le cœur d’Aristote et d’Alexandre à Samothrace, et, de la façon la plus simple, les secrets leur ont à nouveau été dévoilés. De même qu’ils ont pu tirer davantage du feu d’Éphèse, il nous faut, et nous en serons capables, utiliser ce que, et je le dis en toute modestie – les flammes du Goetheanum ont porté dans l’éther, c’est-à-dire ce qui a été voulu par l’anthroposophie et continuera de l’être.

… que ce qui, auparavant, était plus ou moins une affaire terrestre, avait été élaboré et fondé comme une chose de la Terre, a été porté par les flammes dans les lointains du cosmos. Précisément parce que ce malheur nous a frappés, il nous est permis de dire, au vu de ses conséquences : nous comprenons maintenant que nous ne devons pas représenter seulement une chose terrestre, mais que nous devons représenter une chose impliquant le vaste monde éthérique dans lequel vit l’esprit. Car la cause du Goetheanum est une cause du vaste éther dans lequel vit la sagesse du monde saturé d’esprit. Cela a été porté dehors vers les lointains, et nous pouvons dès lors nous laisser pénétrer par les impulsions du Goetheanum qui nous viennent maintenant du cosmos.

… depuis le Congrès de Noël, l’activité anthroposophique doit être pénétrée d’un courant ésotérique. Ce courant ésotérique existe, parce que ce qui était terrestre a été imprégné de ce qui a agi dans le feu physique comme lumière astrale qui rayonne vers les lointains cosmiques - parce que cela agit en retour dans les impulsions du mouvement anthroposophique, dans la mesure où nous sommes capables d’accueillir ces impulsions." (GA 233a, ÉAR p. 206). 

 

Ces mots peuvent être compris plus profondément si nous nous rendons compte de l'Esprit de la Construction :

Tout ce qui est physique et matériel, tout ce qui est terrestre, a été élevé à un niveau supérieur par l'œuvre de Rudolf Steiner, par sa création à partir de l'essence du Christ vivant, au niveau de ce qui est vivant. Dans cette construction, l'anthroposophie se serait présentée aux yeux et aux âmes des hommes de manière imagée et sensuelle, jusqu'à la possibilité que, grâce aux formes, puisse s’éveiller une vision karmique, suivant le principe de la métamorphose. Ce premier Goetheanum était une "anthroposophie construite". 

Tout ce que des centaines de membres actifs avaient sculpté et peint avec amour, tout ce qu'ils avaient apporté en termes de travail et de soutien financier, y avait été intégré. Cette substance d'amour avait également contribué à remplir l'édifice d'une substance vivante, à en faire le corps d'un être vivant. Cet être est mort dans les flammes à la Saint-Sylvestre 1922. "Notre cher Goetheanum nous a quittés…" furent les mots de Rudolf Steiner après la perte. - 

Le Goetheanum spirituel qui a traversé le feu rayonnait en retour du cosmos dans le mouvement anthroposophique. Rudolf Steiner y a puisé des impulsions pour la 

"Société la plus moderne du monde", a reçu ce qui, à travers le feu, rayonnait vers lui comme un être transformé. 

L'édifice physique et terrestre avait été élevé au niveau de la vie par la nouvelle impulsion artistique chrétienne et par l'amour et le dévouement actifs des membres ainsi que par leur substance éthérique et psycho-spirituelle qu'ils avaient donnée à l'édifice. Il s'agissait maintenant de recevoir de l'éthérique les impulsions et les forces formatrices pour le nouvel art social et de les intégrer dans l'organisation sociale d'une communauté humaine sur Terre. Contemplées et reçues par Rudolf Steiner, elles auraient dû être comprises, vécues de tout cœur et voulues par les membres. En tant que temple social et art social, le bâtiment aurait pu renaître à partir de Noël 1923. 

L'un des principes de conception originaux du premier Goetheanum était le motif de l'équilibreIl accueillait le visiteur dès son entrée dans le bâtiment, lorsqu'il voulait monter dans la grande salle : c'était la forme plastique et artistique de l'organe sensoriel de l'équilibre, issu de l'oreille interne, qui terminait la main courante à l'entrée de l'escalier.  

Et au centre de l'édifice aurait dû se trouver le Représentant de l'Humanité, dans son geste de création d'équilibreEn lui, l'équilibre était représenté comme un processus. Entre Lucifer et Ahriman, à partir des forces créatrices cosmiques humaines du cœur, le Christ en tant que Moi de l'humanité forme sans cesse, à partir de l'amour coulant, le centre comme "espace solaire de la liberté". 

Ce sont précisément ces deux sources d'organisation sociale qui restent adaptées à notre époque et qui devraient guider la refonte urgente de la Société Anthroposophique Universelle, si l'on veut se souvenir, après cent ans, des impulsions de Rudolf Steiner et du Congrès de Noël.  

(Propositions concrètes à ce sujet au chapitre 12) 

 

Partie III 

 

9. Erreurs et malentendus 

 

Il y a, à notre avis, plusieurs erreurs et malentendus lourds de conséquences dans lesquels nous vivons depuis cent ans en tant que membres de la Société Anthroposophique Universelle. 

D'une part, Rudolf Steiner a parlé de “l'organisation unitaire" sous sa direction, qui devenait alors nécessaire, et du fait que "le Comité directeur apporte aux membres ce qu'il considère comme la tâche de la Société….". En remplissant avec son individualité la tâche du Moi de la Société, il devait imprégner de conscience la Société entière comme un corps, et il dépendait de l'accueil de ses impulsions par les membres, afin que la vie de l'esprit puisse s'infiltrer dans l'organisme de la Société. C'est ainsi que l'on peut comprendre la "direction unitaire" de Rudolf Steiner ne pouvait en aucun cas s'appliquer à un quelconque successeur. A cela s'ajoute le fait que l'on a confondu unitaire [NdT : ou univoque, uniforme selon les traductions]  et centralisé, ce qui a eu pour conséquence que seule la première moitié du principe d'initiative a été réalisée et que le processus d'équilibre n'a pas été pris en compte : la résonance. On a négligé le fait que, dans l'initiative de Rudolf Steiner, tout dépendait de l'accueil que lui réservaient les membres ! Il ne s'agissait pas vraiment d'une direction aristocratique - comme l'ont pourtant compris tous ses successeurs et leurs membres. "Le Comité directeur transmet aux membres ce qu'il considère comme la tâche de la Société - et si elle l'accepte, il est le Comité directeur. Et si elle ne l'accepte pas, il n'est rien". Le sérieux de cette affirmation a été démontré par les conséquences - il n'a pas été accepté- et Rudolf Steiner a quitté le plan terrestre.  

Si le principe d'initiative s'appliquait à tous les membres et si la question de la résonance était valable et prise à cœur aujourd'hui, les responsables soumettraient également leurs initiatives à la confirmation des membres - et si la conséquence d'un refus était tirée aussi clairement que Rudolf Steiner l'a fait… alors il en résulterait probablement une toute autre organisation de la Société. 

Conformément à ce malentendu, depuis Noël 1925 (après l'élection d'Albert Steffen comme premier Président), tous les dirigeants ont été "nommés" par cooptation, une procédure pratiquée notamment par le Comité directeur de Stuttgart, d'où émanait la plus forte"opposition interne" à son encontre, procédé qu'il qualifiait de "consanguinité" - et qui fut inscrit dans les statuts de la Société Anthroposophique Universelle en 1935, l'année des exclusions d'Ita Wegman et d'Elisabeth Vreede du Comité directeur. Ceci pour la signature de ce principe. La composition du Comité directeur originel faisait partie de l'initiative de Rudolf Steiner, en ce sens qu'il s'est fait épauler par le Comité directeur avec lequel il pensait pouvoir mener à bien ses intentions (GA 260a, S. 183). Ce principe de formation ne peut pas non plus être transposé de manière simple à tous les Comités directeurs suivants - ce qu'il n'avait d'ailleurs pas prévu - il n'y avait pas de procédure correspondante dans les statuts du Congrès de Noël. - Après la mort de Rudolf Steiner, la Direction de la Société a été conçue et mise en œuvre de manière centralisée et unitaire, soutenue par la grande majorité des membres. Les dissidents et les personnes qui posaient des questions étaient rejetés ou ignorés. 

Lors de la direction (prétendument) centralisée par Rudolf Steiner, on a manifestement complètement ignoré à quelle hauteur et à quel niveau spirituel et moral se situe cette individualité. Une Société dirigée par des hommes "normaux" (qui ne peuvent pas être considérés comme des initiés de haut niveau) peut-elle être autre chose qu'une Société de gestion pour le soin des biens spirituels ? (Comme Marie Steiner avait encore voulu la fonder en 1948 - elle n'a jamais considéré Albert Steffen comme le Directeur légitime de l'Université Libre). Et selon la manière dont une telle Société administrative remplit cette mission, elle peut devenir un organisme vivant et animé et un réceptacle du mouvement anthroposophique, dans le sens où Rudolf Steiner l'avait déjà espéré pour la Société Anthroposophique fondée en 1912. Sinon, toute organisation centralisée et "unitaire" pourra être mise en œuvre. Les anges qui sont restés de la 3e époque de culture agissent à travers eux et influencent en conséquence l'être humain qui fait partie de cet organisme (voir Rundbrief 62). Peut-être les nombreuses luttes dans l'histoire de notre Société, les exclusions et les tendances à la polarisation en sont-elles une expression ? 

Qu'est-ce qui a changé avec la mort de Rudolf Steiner ? La Société a perdu son Moi. Mais elle n'est pas seulement redevenue ce qu'elle avait été auparavant - une Société administrative - il s'est passé bien pire : désormais, on ne pouvait plus s'opposer aux démons, ils ont commencé leur œuvre de destruction à partir des mêmes forces qui avaient fait des ravages en Allemagne et en Europe Centrale. La Société Anthroposophique a ainsi perdu son âme communautairecar les conflits, les luttes et les formations de camps l'ont fait voler en éclats. (Lors d'une leçon ésotérique, Rudolf Steiner a dit : "La haine fait éclater le corps astral !) 

Parmi les principes d'organisation vivants de la Société Anthroposophique dirigée par Rudolf Steiner, on trouve les processus d'équilibre : l'initiative et la résonance, la circulation sanguine entre le centre et la périphérie par la communication, et la tripartition de l'organisme socialIls sont toujours "contemporains" et futurs - et attendent d'être mis en pratique.  

 

10. Comment la Société a-t-elle évolué  après la mort de R. Steiner ? 


Ce qui caractérise l'évolution tragique ultérieure, ce ne sont pas seulement les conflits, mais surtout le fait qu'ils ont conduit à l'exclusion de collaborateurs les plus proches de Rudolf Steiner, de ses élèves ésotériques et d'autres personnalités importantes. 

Ita Wegmann, co-directrice de la première classe de l'École de Michaël, inspiratrice et cofondatrice de la nouvelle médecine des mystères, a été exclue du Comité directeur en 1935. De même, Elisabeth Vreede, qui avait été expressément citée par Rudolf Steiner dans les différents cycles de conférences fondatrices (p. ex. sur la pédagogie curative, la nature humaine, l'agriculture) comme celle qui devait développer ces données en ce qui concerne leur dimension cosmologique. On ne peut que constater l'importance des aspects cosmiques qu'elle a abordés dans les différents domaines, en tant que responsable de la Section de Mathématiques et d'Astronomie !

Au cours des années suivantes, Marie Steiner a été évincée de la Direction. A partir de 1935, Albert Steffen avait par exemple l'exclusivité de signature pour l'admission des nouveaux membres et pour toutes les autres décisions. Comme ni Guenther Wachsmuth ni Albert Steffen n'étaient prévus pour les tâches ésotériques de la Direction de l'Université de Rudolf Steiner, il faut constater que c'est justement le courant ésotérique (et féminin) qui a été poussé hors de la Direction de la Société. - Le "reste du Comité directeur" s'est ensuite élargi par cooptation à partir de 1935. (Pour éviter tout malentendu : il ne s'agit pas d'évaluer l'importance d'Albert Steffen en tant que personnalité spirituelle ! Ni de méconnaître ses grandes capacités de poète, mais de constater qu'en tant qu'individualité, il ne venait pas du "courant principal" du mouvement anthroposophique, mais qu'il aurait pu en fait fonder son propre courant, et qu'il n'avait aucune relation intérieure avec la Société Anthroposophique en tant que telle - selon Rudolf Steiner dans ses lettres à Marie. En ce sens, c'est une tragédie pour les deux - pour la Société et pour lui, qui n'a pas pu remplir pleinement sa véritable mission - mais qui a en même temps été un grand obstacle au développement de la Société pendant 40 ans, mais aussi en raison de l'incompréhension des membres qui le poussaient justement dans son rôle autoritaire…). 

Après la mort de Rudolf Steiner, les courants principaux ésotériques et ceux qui lui étaient proches ont été éliminés - et des courants secondaires, voire contraires, se sont imposés, si l'on veut voir dans la "volonté de véracité" une caractéristique du mouvement anthroposophique. (Guenther Wachsmuth avait manifestement du mal avec la véracité… ou une mauvaise mémoire. En tant que membre du Comité directeur, il a à plusieurs reprises diffusé des mensonges avérés. Cela n'enlève rien, encore une fois, à ses grands mérites pour la construction du deuxième Goetheanum !). 

Dans quelles formes sociales vivons-nous ? 

Sous l'aspect de l'organisation sociale : il s'est créé un être hybride, dans la mesure où les membres se croyaient dans la Société du Congrès de Noël (avec le nom de Société Anthroposophique), mais à Noël 1925, dans le cadre des statuts de la Société Anthroposophique Universelle ou du Bauverein rebaptisé, ils ont élu un premier Président - prétendument pour la Société du Congrès de Noël, dont les statuts ne prévoyaient pas de procédure de succession au Comité Directeur. On vivait dans l'idée que la Société Anthroposophique Universelle et la Société du Congrès de Noël n'en faisaient plus qu'une depuis le 8 février. On vivait avec deux statuts, les statuts de la Société du Congrès de Noël étant désignés comme des principes et perçus comme valables à l'intérieur - et les statuts du Bauverein comme les "statuts officiels" pour le monde extérieur. Ce sont justement les statuts du Congrès de Noël qui ont été rebaptisés "principes" - pour mieux les distinguer. Et ce, bien que Rudolf Steiner parle à plusieurs reprises pendant le Congrès de Noël du fait qu'il ne peut pas s'agir de principes ou de statuts au sens habituel du terme, il voulait justement éviter le caractère contraignant des "principes" !  

 

11. De l'importance de structures sociales "correctes"

La nature des structures sociales est déterminante pour savoir quelles entités supérieures peuvent s'y joindreLa discorde dans le domaine social a toujours pour origine des "institutions sociales inadéquates". Il est évident que là où les impulsions contemporaines et intempestives se rencontrent chez les hommes, des dysharmonies doivent apparaître. (R. St. par exemple dans la conférence sur les démons, les spectres et les fantômes in GA 102, 4 juin 1908). 

Il faut donc partir du principe que les formes sociales qui n'offrent pas les espaces d'organisation correspondant à l'être humain tripartite, qui ne permettent pas une vie spirituelle libre, qui ne permettent pas d'initiatives de participation à l'organisation de la Société, mais qui sont dirigées de manière centralisée, ne peuvent pas non plus être appropriées à notre époque pour l'action des hiérarchies angéliques michaëliques et chrétiennes. C'est en premier lieu l'ange personnel qui peut agir à travers l'individu. Mais ce n'est qu'à travers les communautés que les êtres supérieurs sont attirés. Ce n'est que lorsque des communautés sont formées de manière moderne que des entités peuvent agir dans le sens d'une évolution progressive. Elles seront d'autant plus fructueuses et inspirantes que les hommes se tourneront vers elles consciemment et de leur plein gré. (Les adversaires ne tiennent pas compte de la liberté de l'homme et agissent de manière séduisante ou contraignante par le biais de l'inconscient. Leurs points d'attaque sont les faiblesses humaines, là où la connaissance de soi fait défaut). 

Il faut absolument faire la distinction entre l'homme individuel ("privé") et l'homme en tant que membre d'un organisme social.

Car il va de soi que l'anthroposophie peut vivre à tout moment dans les individus et les groupes de travail, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de la Société. Ici, seule la qualité du travail détermine si l'essence de l'anthroposophie peut s'intégrer. Pour que l'anthroposophie puisse agir comme une force de renouvellement culturel à travers un organisme social, cet organisme doit être conçu conformément à son mode de fonctionnementUne Société non conforme à son essence devra servir les contre-pouvoirs par ses structures et la question se pose de savoir si les conflits entre la Direction et les membres en sont l'expression. Personne ne contestera - s’il connaît les objectifs et les prévisions de Rudolf Steiner - que la Société Anthroposophique Universelle, depuis des décennies, n'a pas pu déployer une force de renouvellement culturel aussi profonde qu'elle l'aurait dû. - On n'ignore pas ici ce qui a été et est encore accompli par des individus ! Mais Rudolf Steiner avait devant les yeux des dimensions tout à fait différentes de celles qui étaient nécessaires et urgentes.

 

(Pour citer quelques mots-clés sur les tâches qui attendent encore :Si l'impulsion du Congrès de Noël était reprise, le nombre de membres serait multiplié par trois ou quatre en peu de temps. A l'avenir, il serait fait appel à des anthroposophes en tant que conseillers pour toutes les décisions concernant les grandes questions politiques et sociales. - Une tâche particulièrement importante consistait à spiritualiser la science naturelle, car le matérialisme corrompait l'atmosphère thermique de la Terre. Au lieu du cinéma et de la télévision, il aurait fallu développer de toutes autres techniques cinématographiques qui ne saperaient pas les forces de l'imagination. Il a également évoqué la possibilité de développer un téléphone qui aurait permis une transmission individuelle de la voix, à l'aide d'une flamme… (ces trois références sont tirées du livre de Werner Schäfer, "Rudolf Steiner über die technischen Bild-und Tonmedien” [NdT : litt.: R. St. sur les médias techniques de l'image et du son], WidarVerlag, S. 343, S. 396 et S.275). L'expérience d'Einsingen marqua le début d'une méthode produisant de l'éther de vie. Rudolf Steiner disait qu'on en aurait absolument besoin, tout comme de l'affinage de la tourbe pour protéger des radiations. La biodynamie aurait dû se répandre dans le monde entier et devenir le mode d'agriculture prédominant afin d'obtenir les plantes alimentaires qui permettent encore un développement spirituel de l'homme. Et même si cela se produisait, cela ne suffirait pas, il faudrait en outre des plantes alimentaires comme la racine de lumière pour compenser la diminution de l'éther de lumière. …(Que se passe-t’il  dans le monde entier en termes de destruction de l’éther de lumière, ne serait-ce que par le flot de mensonges ?) - J'ai récemment entendu dire que Rudolf Steiner avait également donné aux agriculteurs biodynamiques la mission de créer un espace de survie pour les insectes et les oiseaux. Cela n'a sans doute pas été conscient, et encore moins fait ? Et aujourd'hui, les insectes et les oiseaux disparaissent dans des proportions énormes. Une grande tâche incombait à l'art et aux nouvelles impulsions artistiques, où l'on observe également une perte de substance dramatique. L'impulsion des couleurs végétales ou son impulsion pour un nouvel éclairage de scène par exemple (commencé avec Ehrenfried Pfeiffer), avec un éclairage aurique et individualisé, changeant constamment pour chaque personnage de scène, n'ont guère été reprises, voire pas du tout. Et l'on pourrait ainsi citer encore bien d'autres choses qui n'ont pas été créées ou qui ne l'ont été que dans une moindre mesure).

 

Depuis la mort de Rudolf Steiner, on a essayé de poursuivre ce qu'il avait commencé lors du Congrès de Noël. D'une part, on s'est accroché à des formes qui ne pouvaient avoir de justification qu'avec lui en tant qu’initié — comme par exemple l'institution et la Direction spirituelle de l'Université Libre de Science de l’Esprit — et d'autre part, on n'a pas reconnu et mis en œuvre comme tels les éléments de conception qui resteront encore longtemps actuels en tant que michaëliques et libres, comme par exemple l'organisation tripartite de la Société et le principe de l'initiative et de la confirmation, de l'approbation et de la collaboration des membres.

 

Au lieu de cela, la forme mal comprise d'un principe d'initiative issu de la Direction a été établie comme forme autoritaire et aristocratique, alors que l'essence de l'anthroposophie en tant que "vie qui coule de l'Esprit" correspondrait à ce que les formes nécessaires se forment et s'imposent d'elles-mêmes à partir de la vie commune et de la collaboration des membres, à partir des impulsions présentes à l'esprit des hommes. Si des formes intempestives entravent pendant des décennies les forces d'initiative pour la participation à l'organisation de la vie sociale de la part des membres, il ne faut pas s'étonner que le mouvement anthroposophique extérieur se soit développé (sous forme d'institutions, de formations et d’initiatives) alors que, parallèlement, la Société se rétrécissait et n'exerçait pas ou peu de force d'attraction. 

Les formes désuètes sont maintenues par une interaction entre les responsables et les membres. D'un côté, la Direction a une prétention autoritaire, de l'autre, elle est soutenue par tous les membres qui aiment vivre dans la continuité du Congrès de Noël et un Comité directeur ésotérique. La croyance en l'autorité vit donc des deux côtés. Or, Rudolf Steiner dit que là où règne la croyance en l'autorité, Christian Rosenkreutz ne peut jamais agir. Et nous pouvons ajouter : Rudolf Steiner non plus. Car en 1915 déjà, il parlait de cela : "Que deviendra la Société si l'on dit toujours "il est le Comité directeur, il faut le suivre, …il va faire les choses" ? Il qualifiait cela d'impossible. (GA 254, S. 189 sqq.)  

Jusqu'à aujourd'hui, ceux qui ne sont pas d'accord avec les opinions et les décisions de la Direction et qui l'expriment sont considérés comme des adversaires par les croyants en l'autorité. Il s'agit là encore d'une croyance inconsciente : pour Rudolf Steiner, représentant de l'ensemble du mouvement anthroposophique suprasensible, celui qui n'acceptait pas ses impulsions ou qui les boycottait - même inconsciemment - était un véritable adversaire de l'anthroposophie ! C'est précisément en cela que consistait "l'opposition intérieure", qui coupait court à son action sur Terre. Cet état d'esprit : "Celui qui est contre le Comité directeur est un adversaire de l'anthroposophie" - perdure jusqu'à aujourd'hui, bien que les impulsions des contre-pouvoirs puissent agir aujourd'hui précisément à travers les structures erronées et inopportunes de la Direction et des membres. A cela s'ajoute l'effet dévastateur d'atténuation de la conscience qui est obtenu par la répétition constante de déclarations fausses et contraires aux faits, la quasi-totalité des membres vivant depuis près de cent ans dans l'erreur et la confusion quant à l'identité de la Société. ("Vague de confusion", AWWAWF 10/23) 

La souffrance liée à la situation existe des deux côtés depuis bientôt cent ans. Depuis l'époque du Corona, un éveil accru a commencé et la volonté de changement est perceptible. Cette année, les premiers développements porteurs d'espoir ont également commencé. 

Ce que l'on entend régulièrement comme souhait, à savoir que d'autres personnes doivent venir à la Direction, ne nous semble pas toucher le cœur du problème et ne constitue pas une solution, car depuis des décennies, on a pu observer : Avec chaque nouveau responsable de Section ou membre du Comité, l'espoir renaissait que quelque chose allait enfin changer dans les dysfonctionnements. Au lieu de cela, on a vu avec peine comment les gens changeaient dès qu'ils entraient en fonction. Se pourrait-il que des êtres plus forts soient à l'œuvre dans l'organisation et la structure de la Société ? Plus forts que l'individu qui assume sa tâche avec la bonne volonté et les meilleures intentions ? Les anciens schémas aristocratiques sont puissants et ont jusqu'à présent si profondément modifié chacun d'entre eux que les amis de longue date et les membres bien intentionnés ont dû constater au bout d'un certain temps que cette personne était devenue inaccessible. - S'il est vrai que les angesde la 3e époque de culture post-atlantéenne peuvent agir dans des structures de Direction "pharaoniques", il est compréhensible qu'un individu ne puisse pas s'affirmer si facilement contre des anges ou des archanges ahrimaniens… Et ce phénomène est également connu : Si l'on se rencontre "en privé", au niveau purement humain, on peut se comprendre et éprouver un lien cordial, une estime mutuelle, voire une volonté commune. Mais dès que l'on parle "en tant que ministre", dans le cadre de sa fonction, cela peut changer d'un moment à l'autre. On se trouve (mutuellement !) inaccessibles et comme derrière des murs. - Sommes-nous en présence d'un emprisonnement occulte ? 

Comment pouvons-nous parvenir ensemble à un changement positif ? Uniquement par une transformation progressive des structures, en faisant participer en même temps des personnes qui représentent d'autres tendances de la Société que celles qui sont actuellement représentées par la Direction. Nous ne pouvons réaliser la plénitude du mouvement anthroposophique que par la diversité. Et pour cela, nous avons besoin d'autres structures. Il ne s'agit pas d'une "déposition" ou d'une révolution, mais d'une évolution, afin de parvenir, à l'aide de méthodes modernes, à une hiérarchie de compétences et de confiance à partir de tous les membres constructifs et responsables, où la direction peut être portée par les membres sur une large base, car elle croît et se développe "par la base".

 

Conclusion : 

Comme on peut le voir dans ce qui précède, il faudrait reconnaître le caractère unique de la Société Anthroposophique du Congrès de Noël avec Rudolf Steiner et l'impossibilité de se référer à ses déclarations en ce qui concerne son organisation pour la Société Anthroposophique Universelle, afin d'obtenir la disposition à une réorganisation moderne de la Société Anthroposophique Universelle. Les structures centralisées, attribuées à tort à Rudolf Steiner et mal comprises, doivent être dissoutes et transformées de toute urgence. 

Cette impulsion est de plus en plus présente chez de nombreux membres, comme l'ont montré les rapports des groupes thématiques du forum des membres du 9 septembre 2023. Des formes de participation et d'organisation des membres sont recherchées. 

La première étape, possible à court terme, de cette transformation pourrait être la création d'un "organe de co-responsabilité des membres", qui pourrait par exemple se faire selon la méthode - à modifier éventuellement - du "déplacement de chaises", dont Harald Jäckel a une grande expérience. 

Un processus similaire pourrait être mis en place à plus long terme pour construire la Société "par la base”, à partir de l'ensemble des membres intéressés. 

"Ainsi, dans le domaine spirituel, l'initiative individuelle basée sur les capacités individuelles doit pouvoir avoir un effet social ; elle ne doit pas être déterminée par le contenu d'une volonté générale. Cette volonté générale doit avoir un effet antisocial, car elle prive la communauté des fruits des capacités humaines individuelles. 

Il n'y a pas d'autre moyen de faire fructifier ces capacités individuelles que l'autogestion. Dans le cadre de cette autogestion, seul peut se produire l'état par lequel il n'y a pas de volonté générale supprimant la fécondité des hommes individuels pour la vie sociale, mais par lequel les capacités humaines individuelles sont intégrées dans la vie générale pour son bien. 

Au sein d'une telle autogestion, les points de vue par lesquels les hommes justes seront mis à la bonne place et par lesquels la confiance directement vivante pourra être substituée à la loi et au décret se dégageront de la vie spirituelle". (GA 24, 1982, S. 207).
Les premières propositions et idées sont présentées ci-dessous et devraient idéalement être développées en commun avec les autres groupes thématiques.  

12. Les voies d’une création à partir du vivant 

 

En guise de remarque préliminaire, jetons un regard sur le positif : 

Nous avons encore une Société Anthroposophique ! Pendant des décennies, des personnes individuelles ont beaucoup travaillé et œuvré en faveur de l'anthroposophie. De nombreuses personnes ont pu se rencontrer en son sein, qui voulaient et devaient se rencontrer pour des raisons karmiques. Il est certain que beaucoup de collaborations ont réussi et que la Société Anthroposophique Universelle a pu revivre après la guerre.  

Actuellement, on observe également une nouvelle dynamique et une évolution positive, dans la mesure où, d'une part, les forums de membres et les entretiens ont permis une certaine ouverture et où une collaboration constructive est vécue dans presque tous les groupes thématiques.

D'autre part, une ouverture est déjà perceptible dans "Anthroposophie dans le monde” [NdT : AWW, AWF en français]puisque des contributions de membres 

peuvent y être publiées sur quatre pages supplémentaires.

 

Propositions pour de nouveaux processus et de nouvelles formes sociales :

Le développement de nouvelles structures sociales nécessite un processus à long terme. Mais pour le mettre en route, il convient de donner des impulsions dès maintenant. Dans ce sens, nous distinguons ci-après les approches à court terme et à long terme.

 

À court terme : la création d'un organe de responsabilité des membres 

L'évolution passée et présente de la Société a montré que de nombreux membres ne s'identifient pas à l'orientation prise par la Direction, mais ont vu des décisions de grande portée prises à leur insu et contre leurs convictions intimes, auxquelles ils ne peuvent adhérer et qui empêchent la libre expression des opinions ou des espaces de dialogue. (par le biais de l'hebdomadaire et lors des soirées des membres). Afin d'élargir la base de la Société et de permettre aux différents courants d'agir ensemble, on pourrait par exemple créer une sorte d'"organe des membres" à partir des personnes qui se sont engagées dans les forums de discussion sur place et en ligne. 

La devise pourrait être ce que Gerald Häfner et Justus Wittich avaient déjà formulé en 2003 dans le contexte du débat de l'époque sur la Constitution de la Société : 

"L'objectif de ces efforts devrait être une Constitution de la Société qui, en accord avec les intentions de son fondateur, puisse répondre aux tâches spirituelles qui lui sont confiées tout comme aux intentions de ses membres et aux multiples exigences de notre époque. - Si cette tâche doit réussir, elle doit être entreprise par le milieu de la Société en collaboration avec le Comité directeur". 

Comment procéder ? 

Il serait abstrait et illusoire de commencer par développer mentalement et par écrit une nouvelle structure au cours d'un processus qui durerait des années, et de l'harmoniser pour ensuite la mettre en œuvre. Ce serait un processus qui irait justement à l'encontre de la manière dont Rudolf Steiner procédait : faire un premier pas à partir de la réalité présente, de la vie effective, puis attendre la résonance et les effets qui permettront de faire le pas suivant. 

En outre, il semble nécessaire d'entamer au plus vite un processus de développement qui permette d'une part d'initier des changements structurels et d'autre part de créer une nouvelle base de confiance - à condition qu'une collaboration appropriée puisse s'instaurer entre les membres initiateurs et la Direction. 

Il semble également nécessaire que les membres à l'origine de cette impulsion de développement y participent activement et durablement. Cela pourrait être possible sous la forme d'un organe de co-responsabilité des membres, qui serait formé à partir des initiatives existantes et établies des membres dans un processus auquel - conformément à la forme juridique existante - les membres (dans la mesure où ils s'engagent ou s'impliquent activement ou passivement) participeraient. Il s'agit actuellement de l'Assemblée Générale  des membres en présentiel ainsi que des membres qui y participent en ligne, même si ces derniers ne peuvent y prendre part que de manière facultative. 

L'idée d'un organe de membres 

Un tel organe des membres - composé par exemple de sept à douze membres - devrait être compris dans le sens d'un Comité directeur élargi et devrait se voir déléguer les compétences correspondantes par l'Assemblée Générale des membres. Cet organe serait ainsi impliqué de manière contraignante dans les décisions essentielles. Sa tâche principale devrait consister dans un premier temps à lancer les impulsions de développement nécessaires et à les accompagner activement. Les points forts du contenu devraient se situer dans les questions actuelles, telles qu'elles sont apparues notamment à travers les Motions présentées lors de la dernière Assemblée Générale et les thèmes des forums des membres. 

La Direction actuelle continuerait d'être assurée par le Comité directeur actuel et la Direction du Goetheanum. Cela permettrait également de garantir le bon fonctionnement de la Société. 

Le fonctionnement et le règlement intérieur du Comité directeur ainsi élargi devraient être effectués par ce dernier et communiqué aux membres dans leur version actuelle. Il en serait de même en cas de révision ou de modification du Règlement Intérieur de la Direction du Goetheanum.

Le travail pourrait être effectué sur une période initiale de trois ans. Cet organe des membres devrait rendre compte régulièrement de son travail, les informations internes confidentielles et dignes d'être protégées devant bien entendu être traitées de manière confidentielle. En outre, il doit rendre des comptes aux membres et une décharge est nécessaire comme pour le Comité directeur. 

Le processus d'image 

Le processus de formation doit tenir compte d'une part du cadre juridique de la structure sociale existante et d'autre part des exigences d'une organisation sociale moderne et contemporaine. Pour une Société anthroposophique, ni les structures centralisées et unitaires de l'Etat, ni les structures abstraites de démocratie directe ne peuvent être appropriées et porteuses d'avenir. (Rudolf Steiner : une véritable élection n'est déjà plus possible 100 personnes. Ce qui est compréhensible, car cette centaine ne peut sans doute que rarement connaître l'un d'entre eux suffisamment bien pour pouvoir vraiment juger de ses capacités). Nous avons besoin d'autres méthodes, d'imagination morale et de technique morale pour former ensemble des organes de direction appropriés à partir des conditions et des besoins réels de tous les membres engagés pour la Société. 

D'une certaine manière, l'élaboration des critères, des conditions, des compétences et des principes de base du style de travail de cet organe de membres est une condition préalable à un processus de formation prometteur. Cette élaboration devrait être réalisée de manière transparente par les membres - une tâche qui pourrait et devrait idéalement être réalisée par les Forums de membres. 

Comme la nomination de personnalités individuelles devrait en principe - mais pas exclusivement - reposer sur le principe de l'initiative, ce travail préparatoire pourrait déjà déboucher sur de premières propositions de nominations. 

Si nous voulons devenir une 'Société d'initiative', le processus de formation d'un organe de membres doit aussi répondre de manière déterminante - pas nécessairement exclusivement - au principe d'initiative : 

En principe, la procédure devrait être basée sur le principe de l'initiative : les personnes qui souhaitent s'engager dans les tâches décrites et qui s'estiment aptes à le faire (que ce soit de leur propre initiative ou sur la base d’une proposition) doit être prêt à se soumettre à un processus au cours duquel il doit d'une part expliquer pourquoi il se considère comme capable et apte à le faire. D'autre part, il faut être prêt à se laisser observer et résonner par les membres de son entourage, c'est-à-dire à se soumettre au feedback de l'Assemblée. Une disposition qui jouerait également un rôle important dans la tâche à accomplir et qui aurait certainement un effet extraordinaire sur la confiance. 

Un processus de formation similaire pourrait être développé pour la composition des organes directeurs des Sections. Ainsi, tous les membres des Sections participeraient à un tel processus de formation, ils seraient informés de l'évolution de la situation et ils auraient la possibilité d'exprimer leur opinion. 

Une présentation plus détaillée à ce sujet et des compléments actuels :

www.wtg-99.com/Mitglieder-Organ  

A plus long terme : pistes pour la création  d'un organe administratif de gestion à partir de la périphérie 

 

Cela prend du temps, car il faudrait d'abord éveiller à nouveau l'intérêt et montrer des membres qui veulent et peuvent s'engager dans l'organisation. Une possibilité de stimuler cela serait 

  • Tous les membres reçoivent à titre d'essai tous les bulletins de communication, les lettres d'informationetc. 
  • Cela pourrait stimuler l'intérêt pour les processus de développement de la Société et permettre la formation de groupes sur place dans le monde entier — ou que des personnes se joignent à d'autres groupes au niveau supra-régional, si elles vivent de manière isolée (ce qui a partiellement réussi grâce aux Forums de membres, de nouveaux liens se sont également créés) — parmi ceux qui s'intéressent au développement de la Société Anthroposophique et veulent y contribuer de manière responsable. 
  • Parmi ces groupes, certains peuvent être chargés et délégués pour faire part de leurs préoccupations et de leurs idées et pour poursuivre la discussion au sein d'un deuxième Comité composé de ces personnes de confiance et de ces "émissaires", ce qui garantirait la diversité et permettrait à tous ceux qui le souhaitent de s'engager et de se sentir représentés. (L'actualité montre que ce n'est pas toujours le cas avec les Représentants nationaux). 
  • De ce deuxième Comité, on pourrait à nouveau trouver les personnes les plus appropriées, qui représenteraient par exemple les différents pays et pourraient à long terme compléter ou remplacer les Représentants nationaux actuels. - Il faudrait en choisir un nombre raisonnable, qui varierait en fonction de la taille du pays, du nombre de membres et des courants. Ainsi, tous les membres pourraient idéalement se sentir représentés, alors que ce n'est actuellement le cas que pour une partie d'entre eux. 
  • Ainsi, l'organisation se développerait vers le haut à partir des relations réelles. De cette manière, tous ceux qui le souhaitent auraient participé aux processus et un réseau de confiance entre les personnes pourrait voir le jour, une hiérarchie de confiance, de sorte qu'au final, toutes les décisions et délégations de tâches pourraient également être soutenues. Il va de soi que cela implique dès le début une communication transparente sur toutes les étapes — et des rapports oraux des délégués dans leurs groupes. — (Tout cela a déjà été testé avec succès à petite échelle dans l'autogestion anthroposophique !)  

 

Université Libre - Description de tâches pour les responsables de Section.

  • Décrite à l'exemple de la crise de Corona pour la Section Médicale, comme si elle existait déjà 
  • https://www.soi-esprit.info/02a4a6b2-e10c-46a8-831c-87abf3f8859e" alt="" width="450" height="29" />
    les membres savent qu'ils peuvent s'adresser à la Section avec leurs questions urgentes et leurs besoins d'informations, avec la recherche de bases de jugement. (c'est ainsi que Rudolf Steiner l'avait pensé, mais la différence dans la suite du processus est qu'à l'époque, il aurait répondu lui-même à toutes les questions de recherche spirituelle - en collaboration avec les responsables de Section. Aujourd'hui, nous devons chercher les réponses à partir de la diversité des différentes compétenceset en collaboration). 
  • Les questions y sont collectées et regroupées, puis envoyées à tous les membres et collègues intéressés. 
  • Les rapports, informations, expériences et conseils reçus par la section de la part de médecins, biologistes et autres membres bien informés, sont mis à la disposition de tous
  • De plus, des soirées d'information (internes à la Société) sont organisées partout dans la région, où la situation est partagée et où des aides spirituelles et pratiques sont échangées. 
  • Des réunions d'information publiques sont organisées pour les échanges et les personnes en quête de conseils. 
  • On cherche des contacts avec d'autres "contemporains éveillés", des coopérations avec des michaéliques. (Comment les reconnaître ?) 
  • La Section suggère ou coordonne (celles proposées par d'autres) des Groupes de recherche sur les questions urgentes. 
  • Les contacts sont établis en cas de demande de groupes thématiques et de membres effectuant des recherches sur des questions similaires, etc. 
    Cela aurait pu avoir un effet d'exemple - et peut l'avoir à l'avenir ! Une diversité vécue, une vie intellectuelle libre. - Si tel avait été le cas, de nombreuses personnes en quête de conseils seraient venues aux manifestations et, surtout, des contacts auraient été noués avec des courants de même nature — une efficacité contre la folie des mesures aurait peut-être été possible. Avant tout, les personnes en quête spirituelle auraient pu "nous" trouver. Le Goetheanum devrait être un espace protégé pour toutes les âmes en quête spirituelle ! Les chiffres de vente du livre de Thomas Mayer (qui a été démoli dans la revue hebdomadaire par les dirigeants de la SEP, apparemment sans même l'avoir lu en entier) montrent qu'elles sont nombreuses. Ce livre "Vaccinations Corona d'un point de vue spirituel" a été vendu à plus de 25 000 exemplaires.  

 

Université Libre - Travail sur les Leçons de Classe

De l'essence de l'Université Libre et de l'École de Michaël de Rudolf Steiner 

L'un des domaines de l'Université Libre comprenait la mise en place des Sections, dans lesquelles la recherche suprasensible, en premier lieu par Rudolf Steiner, devait être donnée pour certains champs de recherche et de travail. — La section médicale constituait une certaine exception, car les écrits de Rudolf Steiner ont été publiés. 

"Grundlegendes für eine Erweiterung der Heilkunst" (Principes fondamentaux pour un élargissement de l'art de guérir), écrit en collaboration avec Ita Wegman. C'est elle qui lui avait demandé de renouveler la médecine des mystères. Avec Marie Steiner, l'eurythmie et le nouvel Art de la Parole avaient déjà été développés dix ans auparavant.  

D'autre part, la Première Classe a été créée par Rudolf Steiner. (Trois classes devaient être créées). Il s'agissait ainsi de "rendre l'Université Libre, en tant qu'institution ésotérique, à la tâche à laquelle elle risquait d'être arrachée au cours des dernières années". (GA 270a, S. 17, Non Traduit). Cette "École de Michaël qui existe à juste titre sur la Terre" ne pouvait devenir réalité qu'avec Rudolf Steiner. Il recevait les paroles et les actes de Michaël lui-même. 

Comme il n'avait pas désigné de successeur à la Direction de l'Université, mais qu'une véritable École de mystères ne peut être créée et dirigée que par un véritable initié, les membres de l'Université ont reçu, après sa mort, la responsabilité individuelle et collective de protéger et d'entretenir le bien mantrique.  

Rudolf Steiner avait nommé Ita Wegman co-directrice de la Première Classe. Marie Steiner avait également joué un rôle important dans l'École ésotérique qui existait jusqu'à la Guerre mondiale et qui était déjà organisée en trois classes, dans le cadre de la "Section épistémologie". Dans cette mesure, ces deux proches collaboratrices de Rudolf Steiner auraient été les seules à pouvoir poursuivre le courant ésotérique avec une certaine légitimité - si une collaboration harmonieuse avait été possible dans le sens de ses mots "si, après ma mort, deux personnes seulement travaillent de manière désintéressée et pure pour la cause, je pourrai agir à travers elles". 

(Comme ouvrage de base pour une vue d'ensemble du développement du travail universitaire, nous recommandons le livre "Steiners individuelle Esoterik einst und jetzt” [NdT : Litt. : L'ésotérisme individuel de Steiner, hier et aujourd’hui] de Johannes Kiersch, paru aux éditions du Goetheanum, 2e édition 2012). 

Vivre avec une Direction de l’École, revendiquée,  mais non légitimée jusqu'à aujourd'hui 

En raison des erreurs et des malentendus décrits entre autres au chapitre 9, Albert Steffen fut élu premier Président et prit plus tard la Direction de l'Université Libre. 

Depuis lors, il existe une Direction de l'Université Libre qui n'est pas légitimée par Rudolf Steiner et qui, par conséquent, ne peut pas être "l'École de Michaël sur Terre qui existe à juste titre.” 

On pourrait qualifier ce processus d'auto-autonomisation et de prise de pouvoir — involontaire, ou "en toute connaissance de cause"… —  Car l'autorité et le pouvoir que la Direction détenait en raison de ce prétendu rang spirituel ont marqué toute l'évolution de la Société Anthroposophique Universelle depuis la mort de Rudolf Steiner, jusqu'à aujourd'hui. De par l'image qu'elle a d'elle-même en tant que Direction d'Université, la Direction de la Société a également une sorte d'arrière-plan ésotérique. Même si l'on déclare à plusieurs reprises que l'on ne se considère pas comme une direction ésotérique, les actes parlent un autre langage. Des décisions sont prises. 

Des décisions d'une grande portée pour l'ensemble de la Société sont prises et mises en œuvre par des dirigeants isolés, par-delà les membres ou contre la volonté d'une partie des membres, parce qu'ils se sentent autorisés et appelés à le faire. 

Si, en ce qui concerne l'Ecole de Michaël et la transmission des mantras, on renonçait à la prétention de se situer dans le sillage de Rudolf Steiner et de la Direction de son Université Libre, alors la tâche de transmission des Leçons de Classe pourrait se faire selon une "libre initiative" et, en cas de résonance correspondante de la part des gens, elle aurait aussi sa légitimité, tout simplement comme travail ésotérique et soin du bien mantrique. Pour cela, il serait décisif que le pas de conscience soit franchi en ce qui concerne le fondement réel de l'École et le fait que ceux qui souhaitent s'engager de manière responsable dans cette tâche soient fondamentalement mis sur un pied d'égalité en ce qui concerne le droit de s'associer à d'autres pour un travail, de désigner les responsables de leurs groupes ou d'assumer ensemble la responsabilité du travail. 

Des formes libres de ce type existent déjà. (Voir à ce sujet le livre d'Elisabeth Wutte et 

Günter Röschert "Perspektiven freier Hochschularbeit” [NdT : Litt. : Perspectives de travail universitaire libre], Novalis-Verlag 2019, ainsi que le programme de la conférence "Hochschule in Entwicklung” [NdT : litt. Université en développement], les 10 et 11 novembre 2023 à Stuttgart à la Maison Rudolf Steiner).  

Il faudrait que l'ésotérisme soit compris de telle manière qu'il ne puisse jamais s'agir d'une légitimation "d'office", mais uniquement d'une légitimation de la capacité et de la responsabilité spirituelles et morales, dans le sens de l'homme libre qui n'a de comptes à rendre qu'au monde spirituel et à Rudolf Steiner. Une communauté cultivant l'ésotérisme ne peut se fonder que sur l'esprit qui agit en elle et non sur des formalités ou des fonctions. ( Il peut arriver qu'une personne de la direction de l’École, un lecteur de Classe, soit, en tant qu'être humain, bien adaptée et capable de tenir les leçons de Classe. Il peut être un médiateur/lecteur honnête et compétent, mais tant qu'il se sent, de par sa position, sur un plan supérieur, même si c'est inconsciemment, voire même qu'il se sente dans la continuité de Rudolf Steiner et de SA Première Classe, alors, dans certaines circonstances, des entités - qui sont justement adaptées pour agir dans des structures autoritaires - peuvent agir à travers lui : des entités angéliques d'Égypte, de la 3° époque post-atlantéenne. ) 

N'est-il pas vrai que seules les capacités individuelles et la maturité intellectuelle et morale d'un individu le rendent apte à assumer des responsabilités dans un travail ésotérique ? 

Si ces personnes s'unissent, une école ésotérique peut être construite de bas en haut. La création d'une telle école dans le sens d'une communauté responsable d'individualités libres pourrait être d'une grande importance pour la formation de la substance et contrecarrer la perte progressive de substance dans la Société, les formations et les institutions, etc. 

Parmi les ésotéristes actifs, confirmés par d'autres membres et souhaités pour cette tâche, une communauté pourrait se former pour la protection et l'entretien du bien mantrique, purement par "initiative et résonance". - Mais pas “inconditionnellement" ! 

 

Les fondements d'un ésotérisme contemporain et responsable envers la communauté 

Les conditions fondamentales et existentielles à remplir pour une telle communauté de responsabilité pour l'ésotérisme anthroposophique seraient toutefois celles que Rudolf Steiner considérait comme nécessaires et indispensables pour l'adhésion à son École ésotérique de Michaël, et qui s'appliqueront à tout travail dans lequel on recherche le lien vivant avec le monde spirituel et la direction de l'humanité.  

Il faut premièrement mentionner ce qu'il a si souvent rappelé, car cela manquait cruellement : le sérieux nécessaire. Il faut une profonde capacité d'expérience pour "l'air du Seuil", pour l'atmosphère de mystère, pour le fait que l'anthroposophie est un service de Dieu. - En revanche, il a déjà été question à plusieurs reprises d'une "approche ludique des mantras". L'intellect quotidien ne devrait pas avoir sa place ici. 

Deuxièmement, la représentation : elle signifie une représentation courageuse et sans compromis de l'anthroposophie “dans le monde" et la défense de Rudolf Steiner contre les attaques et les calomnies, que ce soit dans le cadre privé ou public. (Ce qui ne doit pas être confondu avec le dogmatisme). 

Et Rudolf Steiner voyait comme une troisième condition tout à fait essentielle pour une communauté de Michaël le fait de se tenir en contact — c'est précisément pour cela qu'une telle communauté de responsabilité serait à former et apte à entretenir et à coordonner le lien avec tous les intéressés. La tendance et le danger de l'isolement et de l'éparpillement sont grands, et avec eux l'affaiblissement de l'efficacité de l'anthroposophie en tant que ferment culturel. 

Je vois une quatrième condition - qui serait en fait la première - pour pouvoir faire partie d'une communauté de Michaël : "l'amour de la vérité". Car sans un véritable enthousiasme et une volonté de vérité, il ne peut y avoir de véritable relation avec l'essence de l'anthroposophie. Celui qui est indifférent au fait de ne se mouvoir que dans des opinions et des points de vue personnels, sans une recherche commune de la vérité, sans vouloir aller au fond de questions controversées ou de recherche - dans une prétendue tolérance et positivité, mais en réalité par commodité et nonchalance - ou qui place la solidarité envers les collègues et les amis plus haut que la vérité, qui donc la renie en réalité - celui-là ne peut en fait pas avoir la légitimité pour des tâches dirigeantes dans un travail ésotérique anthroposophique. (Et en plus, cela ne remplirait pas non plus la condition du sérieux nécessaire ou de la représentation). 

D'une part, les formes de direction autrefois strictes ont déjà commencé à s'ouvrir et à s'assouplir au cours des dernières années. Il y a apparemment aussi bien des groupes qui travaillent sans le "médiateur" nommé par le Goetheanum, que d'autres qui cherchent de nouvelles formes de travail avec un "médiateur" officiel. La Direction de l'Université du Goetheanum ne semble pas non plus rejeter ces développements, mais cherche au contraire le contact avec les groupes. D'un autre côté, cette ouverture et la tentative d'intégrer les groupes libres dans le contexte global ne pourront jamais être vraiment fructueuses tant qu'une perception erronée de soi — être la Direction de l'École de Michaël de Rudolf Steiner — constituera la base du travail ésotérique pour tous les participants. L’ "Institution céleste" sur Terre ne pouvait exister qu'avec Rudolf Steinertout comme l'unité du mouvement et de la Société. — Penser l'Ecole Michaël comme une institution terrestre, dans laquelle la source de l'ésotérisme est transmise aux responsables (non nommés par Rudolf Steiner) ou dans laquelle on est habilité d'office, rappelle fortement l'Eglise Catholique. Rudolf Steiner parlait déjà à l'époque de l'esprit jésuite qui se faisait sentir comme un courant dangereux au sein de la Société Anthroposophique. Ce courant n'est pas seulement étranger à l'anthroposophie, il lui est profondément hostile. Se pourrait-il que la source de l'ésotérisme se tarisse de plus en plus si ce changement de conscience n'a pas lieu ? 

 

Actualités et avenir 

Ne serait-il pas envisageable d'atteindre collectivement, par la qualité de l'action commune, ce qui a été donné par Rudolf Steiner comme notre "Moi supérieur" et notre guide spirituel ? "Là où deux ou trois sont réunis en Mon Nom, Je suis au milieu d'eux". Ne serait-il pas possible d'être des "gardiens" affectueux les uns des autres, d'apprendre les uns des autres, de se refléter mutuellement avec amour, d'être des "aides au développement" ? Pas au niveau personnel, mais en ce qui concerne la qualité ésotérique du travail sur les mantras. Je me souviens des questions d'un membre lors d'une soirée de discussion sur des questions universitaires : à quoi tient le fait qu'une heure soit remplie et dense et que la présence de Michaël puisse être ressentie - et qu'une autre fois cela n'arrive pas ? Que dois-je faire moi-même pour y contribuer ? Comment se forme la substance ésotérique ? Quelle est la part de l'intermédiaire, quelle est ma part personnelle ? Ne pouvons-nous pas discuter du moment où l'expérience de la présence et de la substance spirituelles est née ?  — Le simple fait de poser et de répondre à de telles questions peut avoir un effet enrichissant et éveillant et déclencher un développement. Pourquoi ne pas s'entraîner à échanger des questions spirituelles dans un geste méditatif et exploratoire de l'âme, en ouvrant des portes au spirituel par une attitude interrogative commune ? 

Il me semble que beaucoup de potentiel, de richesse d'expérience, de capacités de perception et de questions restent en friche - et que nous pourrions avoir le courage de pratiquer et de développer une culture ésotérique de la discussion afin d'extraire ces trésors et de les rendre fructueux pour la Société et le Mouvement. Et si nous 

"travaillons avec désintéressement et pureté pour la cause", Rudolf Steiner lui-même pourrait agir à travers nous, en conseillant, en inspirant, en orientant. - Peut-être cela se fait-il déjà depuis longtemps dans certains endroits ? Dans ce cas, il suffirait peutêtre d'une "mise en réseau" ou, mieux encore, d'un "tissage" ? 

Nous nous trouvons à l'époque où, il y a 3 x 33 ans, Rudolf Steiner espérait peut-être encore quotidiennement que les hommes comprendraient et saisiraient l'impulsion du Congrès de Noël - car alors il n'aurait pas eu besoin d'être malade, mais aurait pu agir encore longtemps sur Terre. Avec la volonté sincère de clarifier et d'épurer les questions centrales d'organisation concernant la responsabilité commune pour la source ésotérique et les mantras, et pour un nouveau départ dans lequel la Direction centralisée et non justifiée serait abandonnée, alors nous pouvons certainement compter sur son aide. 


 

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Notes de la rédaction (de Soi-esprit.info)

[i] Cette lettre circulaire est une initiative privée et indépendante sur des questions et des intérêts actuels et historiques concernant la Société anthroposophique universelle et son environnement. Tous les articles sont rédigés sous la responsabilité de leurs auteurs respectifs. Les contributions non signalées proviennent de l'éditeur lui-même. Éditeur : Thomas Heck. Mentions légales à la fin du numéro.

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[NdT : pour la traduction en français :  TRADUCTION deepl.com relecture par Benoît Dusollier et Philippe Strittmatter
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