La biodynamie a un grand avenir en France. Elle nécessite en effet une certaine instruction, et les autorités locales ont toujours été exigeantes quant aux capacités intellectuelles des agriculteurs.
On pourrait penser que le but en était la soumission aux méthodes matérialistes fondées sur la quantité, alors que la biodynamie se centre sur la qualité, et en sonde les mystères. Mais peu importe: toute faculté de compréhension, même de la logique matérialiste, est bienvenue, en ce qu'elle développe l'intelligence. La biodynamie ne renvoie pas à des pensées préétablies à apprendre par cœur et à appliquer servilement, mais invite à méditer à réfléchir, à éclairer de raison l'intuition.
Le matérialisme nie, certes, qu'il y ait aucun phénomène cosmique dans la croissance et la reproduction végétales, comme le postule la biodynamie. Mais est-il sincère? Car il sait être incapable de prouver que tout est mécanique dans les processus du règne végétal puisqu'il ne peut pas reproduire les phénomènes en cause – il ne peut créer des graines de synthèse, par exemple, ou faire fleurir du bois mort! La vérité est plutôt qu'il est agnostique: il admet qu'il existe des forces inconnues à l'œuvre, mais nie qu'on puisse jamais les saisir: à ses yeux, il s'agit de rester passif face à l'apparition des tiges, des fleurs, des fruits – face au phénomène de métamorphose des plantes. On a le droit, pensent les adeptes de ce refus, de s'appuyer sur la tradition paysanne et de se soumettre à ces forces inconnues comme le faisaient en toute ignorance, mais en s'appuyant sur leur instinct profond, les agriculteurs anciens; mais c'est un crime, que d'essayer de comprendre les métamorphoses, qui certes n'ont rien de mécanique, mais impliquent des choses trop subtiles pour l'esprit humain, ou trop dangereuses!
Car s'il y a bien une chose que ne saisit pas le matérialisme, c'est la métamorphose. Comment on passe de la feuille à la fleur; comment on passe de la fleur au fruit. L'esprit ordinaire ne se pose pas la question: cela relève de l'évidence. On est si habitué à contempler ces phénomènes qu'on ne cherche plus à les saisir par la pensée. Mais quand Rudolf Steiner dit que la fleur surgit sous l'influence conjuguée du soleil et de certaines planètes; quand il dit que les forces terrestres suffisent à la croissance des plantes mais que la Lune seule produit en elles des graines, il frappe l'esprit: il étonne. Et là, deux possibilités existent.
Soit l'âme a été bien formée, et l'étonnement ne crée pas de peur, et la pensée essaie de saisir la validité de telles affirmations et finit, selon moi, par en convenir; soit il crée de la peur, et le sentiment rejette toute idée de ce genre, sans attendre de la vérifier.
Pourquoi crée-t-il de la peur? Parce que ces forces existent aussi dans le corps humain, et dans l'âme humaine, à un niveau inconscient. Le maîtrise n'est plus là, parce qu'il s'agit de forces en elles-mêmes conscientes, agissant hors de la conscience humaine. Il s'agit de mystères, et cela fait chavirer l'esprit. On se trouve face à un abîme dont surgissent par éclairs les pensées étincelantes, et cela fait peur. On a peur de tomber. Et des conséquences.
Car ces métamorphoses ont évidemment une portée morale, chez l'être humain. La poésie l'a souvent montré. Les fruits de la passion, les fruits de l'action sainte, nous les connaissons. Les fleurs de la pensée aussi. Ils impliquent beaucoup. Ils impliquent une possibilité, dans l'univers, de jugement. Car il y a les plantes qui fructifient, et les autres; et celles qui fructifient se lient au ciel. Cela fait peur, on voudrait que cela n'existe pas. Mais la biodynamie tend à montrer que cela existe.
Pour le saisir, il faut de l'instruction, minimalement; pas d'endoctrinement, mais de l'instruction – l'exercice de la pensée, la faculté à discerner. Et cela complique l'exercice du gouvernement – l'existence de la pensée libre! Beaucoup aimeraient pouvoir s'en passer, chez les autres. Elle les gêne.
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