Extrait du cycle de conférences « Nature et destin de l'homme - Évolution du monde »
4ème conférence - Christiana (Oslo), 19 mai 1923
Rudolf Steiner – GA226(…) Quand nous considérons l'âme humaine, nous discernons trois activités : la pensée - les représentations-, le sentiment et le vouloir. Je vous en ai parlé souvent, mais aujourd'hui je voudrais considérer ces trois éléments de l'âme humaine dans un contexte particulier, celui de ce cycle.
À l'état de veille, nous ne vivons guère en fait que dans nos représentations ; ce que nous pensons nous est pleinement conscient. Les sentiments sont-ils, pendant la veille, aussi conscients que les pensées ? À cette question, il faut répondre: non. Ils restent, en un certain sens, imprécis et obscurs. Et si vous comparez ce que vous éprouvez dans la vie de vos sentiments avec ce que vous éprouvez devant le monde divers des images de vos rêves, vous constaterez le même degré de conscience dans l'une et dans l'autre. On rêve certes différemment dans le monde du sentiment, mais on rêve aussi. On s'abuse facilement sur le caractère de cette vie des sentiments par ce fait que l'on traduit en pensées ce que l'on ressent; on se représente ces sentiments ; on les fait ainsi affleurer à la conscience ; mais en tant que tels, ils ne sont pas plus conscients que les rêves.
Ce qui est plus inconscient encore - qui l'est même totalement -, ce sont les impulsions volontaires. Représentez-vous ce que c'est que vouloir, et combien peu vous savez au juste ce que c'est. Supposez seulement que vous étendez la main pour saisir quelque objet. Vous avez d'abord l'idée que vous allez étendre la main: c'est votre intention. Mais comment cette intention gagne l'organisme, comment elle se communique aux muscles, aux os, pour que la main puisse faire le geste de saisir, votre conscience habituelle ne le sait pas mieux qu'elle ne sait ce qu'il advient de votre Moi quand vous dormez. Ce n'est qu'après avoir saisi l'objet que vous percevez le mouvement exécuté, ce qui est à nouveau une représentation. Entre cette représentation de l'intention de saisir et celle qui se forme quand vous l'avez exécutée, vous «dormez», même pendant la veille. Le vouloir est un sommeil ; le sentiment est un rêve; seule la représentation, l'activité pensante, est éveillée.
Nous avons donc pendant la veille l'âme tripartite : l'âme éveillée, qui a des représentations - l'âme rêvante, qui ressent - et l'âme voulante, qui dort. En sorte que l'homme ne peut jamais savoir consciemment ce qui se passe dans les profondeurs, dans le domaine où s'active et vit la volonté (…).
[Caractères en gras : S.L.]
Rudolf Steiner
Ndlr : Un extrait isolé issu d'une conférence, d'un article ou d'un livre de Rudolf Steiner ne peut que donner un aperçu très incomplet des apports de la science de l'esprit d'orientation anthroposophique sur une question donnée.
De nombreux liens et points de vue requièrent encore des éclairages, soit par l'étude de toute la conférence, voire par celle de tout un cycle de conférence (ou livre) et souvent même par l'étude de plusieurs ouvrages pour se faire une image suffisamment complète !
Le présent extrait n'est dès lors communiqué qu'à titre indicatif et constitue une invitation à approfondir le sujet.
Le titre de cet extrait a été ajouté par la rédaction du site www.soi-esprit.info
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